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Loupe du 'Le Rénovateur' : Officines de rumeurs et trafics de propagande
Les officines de rumeurs prospèrent dans le marché très fourni des trafics de toutes sortes qui défraient la chronique et alimentent les conversations et autres ragots de salons mauritaniens. Nouakchott, centre des décisions politiques ne tarit pas d’informations tirées par les cheveux qui circulent à tout va de bouche à oreille, de site en site, de rédaction en rédaction crédible ou non.
Toutes ces choses ont pour dénominateur commun de n’avoir aucune source authentique. Allez chercher la provenance ! Chacun s’approprie la rumeur sans se soucier de son bien-fondé.
Ce phénomène qui n’est pas nouveau en Mauritanie s’est davantage accentué à la faveur du pouvoir des nouveaux réseaux sociaux et du téléphone portable vecteurs de propagandes incontrôlables. On ne sait plus distinguer entre le vrai, le vraisemblable et le mensonge.
Quand une rumeur se propage, il devient difficile de trouver la source crédible même si on use de tous les moyens à portée de main pour tenter de faire la part entre le vrai et l’intox.
Ce n’est que bien plus tard que les masques tombent et qu’on se rend à l’évidence que ce n’était qu’une grande farce savamment maquillée par des mains diaboliques. Etrangement ces scénarios à répétition ne lassent plus personne et ne servent pas d’exemples pour ne pas retomber dans les mêmes pièges à cons.
La raison principale de l’expansion de ces boites à rumeurs tient au fait qu’en Mauritanie le temps est plus consacré aux commérages dans les bureaux, à travers les réseaux sociaux, les salons, les bus, et surtout au téléphone partout où se trouve.
Il faut coûte que coûte fournir à son interlocuteur de quoi assouvir sa curiosité. Au premier contact on livre ce qu’on a entendu sur le président, sur le gouvernement, sur la vie privée d’un gros boss, le « Tyaya » déchiré d’un pauvre, sans laisser au hasard le plus petit détail qui puisse occuper le temps et distraire le mauritanien, l’homme le plus friand de ces ventes gratuites à ciel ouvert dans les marchés de délectation des futilités.
Nous entendons tous les jours que le gouvernement va changer de capitaine. On avance des noms de gens pressenties par l’imaginaire de ceux qui veulent voir des proches faire leur entrée dans une équipe taillée selon leur mental.
Quand ce jeu ne résiste plus au mensonge, ils battent d’autres cartes pour annoncer des rumeurs sur l’assemblée, le sénat, les audiences du président, sans jamais s’intéresser au quotidien des pauvres mauritaniens dont on ne cesse d’abuser de la confiance.
Dans un pays où les sources officielles sont austères où la communication institutionnelle est superficielle, pas étonnant que les médias soient les relais de la propagande effrontée.
Quand un détournement est signalé, un marché mal passé, le gouvernement fait la sourde oreille et aucune communication autorisée ne vient apporter un démenti ou une confirmation. En démocratie cela n’a pas changé les habitudes officielles.
Quand le gouvernement ne réagit pas, il donne du poids à l’information véhiculée. Finalement on ne fait plus de distinction entre les nouvelles vraie ou fausse. Et cela ne fait que renforcer davantage la culture de la rumeur et donner mandat à n’importe qui de dire tout ce qu’il veut pourvu qu’il ne perde pas sa langue….
Cheikh Tidiane Dia