Cridem

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24-02-2014

14:35

Interview / Ousmane Diagana, membre fondateur du FISO : «L’affluence a dépassé toutes les prévisions»

Cridem : Pouvez-vous nous rappeler un peu les raisons qui ont conduit à la naissance d’un festival soninké, docteur?

Ousmane Diagana (O.D) : Les raisons ayant conduit à la naissance du Festival International Soninké (Fiso) sont liées, entre autres, à une volonté commune des Soninkés de la diaspora française, organisés, initialement, en Associations culturelles diverses, de mutualiser leurs forces.

De l’idée d’un forum proposée par l’Association Kantan Sigi, des discussions, en France, au sein de l’APS (Association pour la Promotion de la langue et de la culture soninké) ont abouti à l’idée du festival, jugée plus large et plus complet, dans la mesure où il permet de présenter les facettes multiformes de notre langue, de notre art, de nos us et coutumes et plus globalement, de notre culture.

Et en coordination avec nos frères de l’AMPLCS (Association Mauritanienne pour la Promotion de la langue et de la Culture Soninké), du Sénégal, du Mali et de la Gambie, il a été décidé d’organiser un premier festival au Mali, à Kayes en 2011 et en 2012. A partir de 2012, il a été décidé que le festival aura lieu tous les deux ans et qu’i serait tournant entre les différents pays.

Cridem : Quel est le bilan que vous dressiez pour le FISO ? En d’autres termes pensez que ce festival a atteint les objectifs qu’il s’était fixés au départ?

O.D : Le bilan du FISO est difficile à dresser étant donné que nous sommes seulement à la troisième édition. Mais d’ores et déjà, des objectifs partiels fixés ont pu être évalués. En effet, en matière de mobilisation, les trois festivals ont dépassé leurs objectifs.

L’affluence a dépassé toutes les prévisions : la soirée artistique du deuxième soir de cette troisième édition, par exemple, a été arrêtée, pour des raisons de sécurité, car le stade olympique ne pouvait plus contenir le monde qui s’était déplacé. En plus du Mali, du Sénégal, de Gambie, de France, du Niger, de Côte d’Ivoire, de l’Egypte, des Etats-Unis comme les années précédentes, les délégations sont venues également de l’Espagne, de l’Angola, de Guinée Conakry, des Emirats arabes Unis, Dubaï, etc….

Pour cette troisième édition de Nouakchott, des innovations sont constatées : un défilé de femmes avec des tenues traditionnelles soninkés, une exposition d’objets d’arts traditionnels, de manuscrits de coran, de livres soninkés, une dégustation de mets traditionnels soninkés, une équipe médicale chargée du suivi des festivaliers. Enfin un atelier de langue a été institué.

Il a pour objectif de réfléchir sur les difficultés éventuelles et divergences au niveau de la transcription du soninké et leur trouver des solutions consensuelles, sur le rôle et la place du soninké dans les différents pays et au niveau de la diaspora, et esquisser un plan de travail réaliste pour les années à venir, réfléchir notamment sur une académie de la langue soninké. Des résolutions et recommandations seront proposées à l’issue du festival.

Cridem : Le FISO n’a pas été accompagné par une réelle foire aux livres d’apprentissage de soninké. Finalement ne peut-on pas dire que le festival est un échec du point de vue de la promotion de la langue soninké?

O.D : Je ne pense pas que l’on puisse parler d’échec pour un festival ayant attiré autant d’intérêts. Des livres d’apprentissage (notamment ceux de l’Institut des Langues Nationales) ou des Etudiants du Caire, du Sénégal ou du Mali existent bel et bien. Le fait qu’ils n’aient pas été exposés ne signifie en rien qu’il y a échec. Les festivaliers ont choisi tout simplement d’autres activités même si les livres d’apprentissage méritaient bien une exposition : mais on sait où les trouver.

Cridem : Les initiateurs du FISO se sont-ils fixé une stratégie claire pour contribuer à la promotion de la langue soninké ? Si oui peut-on savoir quand es ce que cette stratégie sera-t-elle mise en œuvre, docteur?


O.D : En tout cas, cette troisième édition du FISO s’est fixée une stratégie claire pour promouvoir la langue soninké, en prenant, à bras le corps, la résolution de certaines questions comme l’identification de ses difficultés éventuelles, sa place et son rôle, et la mise en place d’une académie de langue soninké. Au sortir de cette troisième édition, un suivi constant des recommandations et une évaluation des objectifs soulevés plus haut permettra de quantifier objectivement les avancées réelles ainsi que lourdeurs ou difficultés constatées.

Propos recueillis par S.C


 


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