Cridem

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04-04-2014

14:08

Vivant en France, mais femme mauritanienne, de coeur et de conviction, l'auteur de 'mille et un je' peint et râle !!

El Boukhary Mohamed Mouemel - Avant de lire le recueil, ’’ Mille et un je ‘’, je m’attendais à y découvrir des attaches, des indicateurs d’ordre affectif… révélateurs du métissage de l’auteur, qui est franco- mauritanienne, rappelons-le.

Puis, parcourant le livre, je cherchais, page après page, des signes d’attachement quelconque à ces deux pays dont l’écrivaine est issue, surtout à la France où elle réside. En vain !

Mariem Mint Derwich donne tout, mais vraiment tout, à la Mauritanie. Plus exactement, elle donne tout à la femme mauritanienne, cette glace qui lui renvoie l’image de Son pays. Une glace qui la fascine, qui lui fait oublier l’expatriation.

Avec LA femme (femme mauritanienne), omniprésente, éternelle, sous toutes ces formes et dans toutes les étapes de sa vie, l’exil de l’auteur se transforme en amour pour cette patrie, décrite, défendue, promue, critiquée, sculptée… Un amour exigeant, vécu, rêvé, pensé, voulu, exprimé, chanté… par l’écrivaine.

Une manière authentique pour la ‘’derwichette’’ de dire haut et fort son engagement pour Son pays et pour s’adresser à sa ‘Tribu’ : dévoiler LA femme sous toutes ces facettes.

Sa révolte, ses coups de gueule, sa colère…déroutent parfois… dérangent évidement les adeptes du ‘’politiquement correct’’. Et pour cause : cette perception critique de la femme, n’est pas souvent rose, bien qu’elle soit teintée de nuances romantique et/ou optimiste ; ce qui dérange parfois aussi.

N’empêche : le portrait est on ne peut plus édifiant. D’aucuns le qualifieront de ‘’féministe’’. Quant à moi, je me contenterai de contempler le tableau. En voici des fragments. Peut être mal cisaillés ; mais je les trouve assez évocateurs de l’ensemble de cette toile que constitue la femme mauritanienne peinte par Mariem Mint Derwich : Elle est défi et difficultés: ‘’ Etre femme, naître femme, vivre femme dans notre pays est un long parcours du combattant’’, page 110.

Elle est amour et romantisme : ‘’Si on m’avait appris les envols des mots et l’importance des amours, je dirai à mon homme : Envole –toi. Envolons-nous. Cassons les tabous, les chaines (…). Jetons nos masques et laissons-nous dériver. Corps intemporels et regards chavirés’’, page 57.

Elle est aussi, hélas, injustice et tares sociales, victime de misogynie, de phallocentrisme et d’archaïsme : ‘’Nos sociétés si masculines ont mis au point de multiples façons d’asservir un être jugé inferieur et immature : l’excision, la pseudo-noblesse qui sert à enfermer ces femmes dans un schéma castrateur, la polygamie, la servitude, la poésie

Plus une société chante ses femmes, plus ces dernières sont prisonnières. Irait-on chanter les travailleuses ? Non : il est plus « doux » de chanter la potiche. Qu’on la chante en hassaniya, en wolof, en pulaar, en soninké, en bambara, on sublime les barreaux’’, page 108.

(à suivre)

El Boukhary






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