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15-04-2014

15:28

La chasse à la vie (Suite) - La Capitale.

Cheibou - Quelques années plus tard, en raison de l’installation de ma famille à la Capitale, au quartier « médina 3 » où mon père adoptif, prospérait dans son atelier, et où pour des raisons de commodité, j’avais été transféré à l’école « Justice ».

Je poursuivais donc mes études primaires avec pour enseignant une Femme, une première, c’est en tout cas, la première fois de ma vie de rencontrer une femme enseignante, l’allure svelte, joviale le sourire éclatant, elle savait se faire respecter par les élèves. Comme d’ailleurs les deux autres femmes que j’avais citées plus haut, elle m’avait impressionné.

La médina 3, quartier populaire à peine peuplée, quelques familles aisées, des commerçants vaquant à leur occupation quotidienne dans leurs boutiques sur la rue qui va de l’arrêt « Four Samb » en prolongeant vers l’école « Justice » et en contournant par la « Corniche », qui débouche sur les « jardins » ceinturant le quartier de la Médina, avant de plonger vers l’Avenue de la « Dune » actuelle « avenue G.A. Nasser ».

Partout des mécaniciens dans leur atelier, d’autres marchands de bois, ou vendeurs de poissons sillonnaient le quartier pour liquider leur marchandise.

Ce quartier avait sa particularité, qui se caractérisait par la « salle des Fêtes » où le premier orchestre mauritanien fut formé en Guinée Conakry avec les ténors de la musique tels le chanteur El Hadrami Ould Meydah, le Chef d’Orchestre et Batteur Ethmane, le guitariste Petit Sall, l’accompagnateur Georges, les autres Soukabe, le trompète Boilil, et tant d’autres éminents musiciens et artiste. C’est dans cette salle que tout Nouakchott se retrouvait chaque week-end pour danser, chanter et le tout dans une ambiance musicale organisée par l’orchestre national mauritanien.

De tous les quartiers avoisinants tels que la « BMD, les « Ilots A, B, C, L, K, V etc.… du Ksar, du quartier « abattoirs », déferlaient des jeunes garçons et filles vers la Salle des Fêtes, pour se divertir et changer de look, c’étaient les années de la mode « yeye ». La pop music américaine faisait la gloire des années 68, avec ses lots de chanteurs, tels Otis Redding, James Brown, Eddie Mitchell, Wilson Pickett, Aretha Franklin, les Brother, les Rollings Stones… Les Français n’étaient pas en reste, il y’avait les Johnny Halliday, Sylvie Vartan, Françoise Hardy, Claude François … et d’autre et d’autres encore !!!

A l’école « Justice », à cette époque-là, (février 1968), nous assistions impuissants aux évènements malheureux qui ont secoué les établissements secondaires et primaires de la ville, suite à la décision du Gouvernement de faire appliquer la Réforme de l’enseignement fondamental, intensifiant l’arabisation à outrance. Je me souviens que nous étions en classe, aux environs de onze heures quand des éclats de grenade nous parvenaient de tous les côtés de l’école, nous avons pris peur, et nous nous sommes dispersés tout azimut en criant « sauve qui peut », dehors s‘était la confusion générale.

Les parents d’élèves assiégèrent l’établissement très tôt malgré la bagarre qui se déroulait en plein centre ville et dans les environs des écoles de la Capitale et du Ksar. Partout des militaires et des gardes dispersaient les gens enflammés par le désir d’en découdre pour une cause on ne peut abjecte, et en empêchant les uns et les autres à chaque fois qu’ils les rencontrent dans les rues. Ces évènements durèrent presque une semaine, la situation a été calmée par les Autorités, qui ont pris les dispositions draconiennes, en mettant en place des unités militaires ceinturant tous les coins et recoins de la ville.

Autre souvenir au CE2, j’avais pour enseignant Lobatt Ould Vetah, excellent maître, qui pour punir ses élèves, les pinçait aux oreilles pendant quelques instants.

Une fois, lors de la ronde du Directeur de l’école dans les classes, surprit les élèves en train de crier et de chuchoter provoquant un brouhaha énorme au sein de la classe, ce qui attira l’attention du Directeur.

Il entrât en classe et allât jusqu’à mon niveau, il me saisît l’oreille, et m’amenât à côté du Bureau du Maître pour me mettre à genou, à tort puisque je ne faisais pas parti des enfants qui saborder en classe.

Après s’être exécuté, je pleurnichais, et je ne cessais de réclamer mon innocence, je passais donc toute la matinée dans cette position jusqu’au moment où il pénétrât dans la classe pour me prendre par ‘’quatre’’ méthode punition qui consistait à prendre l’élève par quatre gaillards, c’est ainsi que le supplice commençait, l’enseignant frappait alors sa victime sur les fesses jusqu’à satisfaction totale. C’est ce qui m’a été fait.

Quatre gaillards s’activèrent autour de moi, en me prenant par les mains et les pieds, je recevais sous le regard hagard de mes camardes une avalanche de coups de bâton que je directeur m’assenât magistralement pendant au moins une dizaine de minute devant une assistance impuissante. Je pleurais, jetant parfois des regards à mes amis, tremblant comme des feuilles et gesticulant à voix basse leur désarroi, évitant le regard méchant de ce Directeur, connu pour son animosité.

Tout en criant très fort mon innocence, je continuais à subir le supplice, des coups sans cesse s’abattaient sur mes fesses. Avec autant d’acharnement mes geôliers, impuissants me tenaient les pieds et les bras qui échappaient à leur emprise ou glissaient de leurs puissantes mains. A chaque coup de bâton, mes corbillards, sont fustigés par le murmure ainsi que le regard de nos camarades.

Puis s’adressant à moi, il hurlât : ‘’Vas-tu recommencer à crier en classe ? S’exclamât-t-il.

- Monsieur ce n’est pas moi qui ai crié, répondis-je.
- Va t’asseoir et ne recommence plus. rétorquât-t-il.

Après la punition, je suis resté pendant longtemps terrifié, paralysé, recroquevillé sur soi-même, incapable de bouger, ou de me lever, je ne pouvais pas faire un seul geste, les mains sur le visage, pleurant à chaude larmes, jusqu’à ce que l’un de mes amis me prit la main et m’incitât à me rendre à ma place sur le banc à côté de lui.

Ceux qui se savaient fautifs, se regardaient en chiens de faïence, car ils se savaient qu’ils étaient à l’origine de ma punition et aucun d’eux n’avait eu le courage de se dénoncer pour s’éviter ce supplice, chacun se savait responsable de qui m’était arrivée, hélas personne ne voulait en état de cause se retrouver à ma place en ces instants.

Après la descente, je me dirigeais chez moi en compagnie de quelques amis de classe, pour déposer mes cahiers, j’en ai parlé à ma mère qui à son tour d’adressât des paroles consolantes.

Je me souviens un jour à la fin de la journée, notre enseignant, Monsieur Lobatt Ould Vetah, nous confia Sidi Mohamed Ould Boubacar et moi les cahiers qu’il devrait corriger chez lui à l’ilot ‘’B’ à la Capitale derrière le CC des jeunes filles.

En cours de route, lors d’une incartade entre le jeune Sidi Mohamed et moi, il se déchargeât sur moi en me mettant le lot des cahiers qu’il avait entre les mains, en me disant qu’il avait un besoin à faire et tout à coup, il me gifla et prit ses jambes à son cou, puis, il fila comme une fusée, figé les bras pleins de cahiers, je ne pouvais qu’encaisser cette bavure. Le lendemain matin, comme d’habitude Sidi Mohamed venait très tôt le matin à l’école en passant par la boutique d’en face pour acheter un morceau de pain, qu’il grignotait avant de rejoindre ses camarades.

Là, je l’attendais caché derrière la porte d’entrée de la boutique, et dès qu’il fut son irruption, et prit son morceau de pain, je m’approchais lentement et je lui assénais une gifle à l’improviste, je crois qu’il avait réellement vu ‘’des étoiles’’ moi aussi, je pris mes jambes à mon cou et sortis à toute allure pour rejoindre le groupe d’amis qui se formait en face de l’école, parmi lesquels, Mohamed Lemine Ould Moulaye Zeine, le tonitruant Abdi Diarra, Najia, Coulibaly, Samir Mohamed l’égyptien, Feu N’Tajou, feu Oumar Diakité, les Seyar Fall, Cheikh Fall, Cheikh Diakhité, Moustapha Ould Mohameden, Sarr Demba, feu Sarr Hamady, Bâ Samba Ciré, les Ould Haddar et tant d’autres qui furent surpris de mon galop.

Au mois de Ramadan, nous étions comme tous les enfants des musulmans, nous faisions semblant de jeûner le ramadan, en classe on venait prétendant jeûné, dès que la récréation s’annonçait, nous allâmes nous altérer ‘’ailleurs’’ c’est-à-dire notre ‘’cache’’ que seuls les membres du groupe savaient où elle se trouvait, nous y dégustâmes nos bonbons et parfois même nous cuisinions à l’intérieure de cette cache, des ustensiles de cuisine que nous avions pris dans nos familles à l’insu de nos mamans…

De classe en classe, et après mon départ pou l’école Khayar, je dûs rejoindre au CM1, mon enseignant Monsieur Diawara Gagny, éminent instituteur, qui nous enseignait avec aisance et générosité, il nous avait pris pour ses propres enfants, grâce à la simplicité du verbe, nous assimilâmes facilement les leçons et les devoirs avec beaucoup de souplesse et d’envie.

Cet enseignant je le secondais au tableau noir, pour la préparation des dictées, des leçons, j’avais toujours bien fait le travail qu’il me confiait, il avait l’œil vif sur ce je me faisais. J’étais parmi les meilleurs élèves à qui il accordait beaucoup d’attention, pour me permettre de mieux maitriser la langue de Molière.

En dehors de nos études, tout ce groupe se rendait au ‘’Centre Culturel Français’’ de Nouakchott, et les quelques arabisants parmi nous allaient au ‘’Centre Culturel Egyptien’’, où ils dégustaient les films égyptiens. Nous étions plutôt plus attachés aux films français et américains, les aventures de Mickey, ceux de Kim, et les SS, et tant d’autres livres de littérature, de science et surtout les aventures de TintinN.

A la fin de l’année scolaire, et après les examens de passage, une colonie de vacance était en gestation pour les meilleurs élèves de la Mauritanie, je fus sélectionné parmi ceux de l’Ecole « Justice » pour participer à ces vacances.

Nous avions été amenés au Lycée national où l’ensemble des élèves furent hébergés, filles et garçons, les moniteurs Ahmed Ould Denna, Tschombe, N’Gaide Alassane, Abdel Aziz Fall, et d’autres encore, cette colonie était sous le président du Haut Commissaire à la jeunesse et aux Sports, Monsieur Hamdi Ould Mouknass,

Les responsables de la Colonie, formèrent des groupes, parmi lesquels les rossignols, les lions, les renards et d’autres encore, des soirées sont organisées où les jeunes se divertissaient et chantaient et dansaient, d’autres s’intéressaient aux scènes de théâtre que le Groupe des Lions organisait, il avait aussi des salles de peinture et de jouer divers pour les uns et les autres. A chaque fois le Ministre chargé de la Culture se rendait chez nous pour s’informer et pour donner des instructions pour que tout se passe bien et dans une ambiance d’amitié et d’harmonie générales.

En général, les week-ends on se rendait à la plage où nous effectuons des ballades, durant l’a journée entière et des plats de méchouis nous sont servis sous le wharf, par petit groupe, nous nous installâmes sous le pont, certains jouant à la Monopoli, à d’autres jeux, cependant que des filles ou des garçons se baignent ailleurs, ou jouant à ma « maison », tandis que d’autres jouent au ballon.

Parmi les amis que j’ai connu, il avait un jeune surnommé ‘’Malien’’ de Néma, que j’ai rencontré plus tard à la Snim où il travaillait avec moi au CAFM, un autre de Kaédi celui là, il portait le sobriquet «Double tête», que j’ai perdu de vue, rares ceux de ses enfants que je n’ai plus revus.

Les vacances terminées, c’est la rentrée en classe et cette fois ci, je changeais d’école, car la punition du Directeur « Justice » m’avait marqué ce qui m’amenât à m’en allais à l’Ecole « Khayar » avec comme Directeur, mon ancien Maître Diawara Gagny.

A suivre ...

Alioune Ould Bitiche
Tél : 46785732 - Nouakchott.

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