Cridem

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19-04-2014

08:54

La chasse à la vie - Suite 3ème épisode...

Cheibou - Des taxis brousses attendaient l’arrivée des passagers pour les embarquer et les amener en ville, ce qui fut fait, une voiture du service attendait mon oncle pour le déposer avec sa famille à la cité de Zouerate.

Aux environs de neuf heures trente, nous nous installâmes dans la maison de mon oncle, une maison composée de deux chambres et un salon, une cuisine et des WC, une petite cour à l’intérieur de laquelle se trouvait une tente servant à relayer le salon quand il y’a des visiteurs importants pour s’y reposer.

Un déjeuner stimulant composé de ‘’Nché’’ bouillie faite de maïs et un bon verre de thé mauritanien nous fut servi par l’un des jeunes garçons chargé de l’exécution du thé. Une fois installé, je commençais à m’habituer aux nouvelles conditions, notamment en ce qui concerne le mode de vie.

Zouerate, ville entièrement minière, le visage de la ville est émoustillant, les gens travaillent de nuit comme de jour, sans pause, les véhicules de grand calibre circulent dans tous les sens allant de ‘’Tazadit’’ vers les services ‘’généraux’’ et poursuivant leur route vers d’autres mines à savoir ‘’Rouessa’’, ‘’F’derick I et II’’, les ouvriers en combinaison cheminent vers les points d’arrêt’’ de bus pour aller sur les mines.

La ville est animée par des boîtes de nuit, aux deux Clubs de la citée à savoir le Club africain situé dans la cité africaine et le Club des Aigles situé dans la zone européenne, où chaque soir les ouvriers et les cadres de la société s’y déplacent pour se divertir.

De l’autre côté dans la banlieue de la ville, il y’a également des lieux de loisirs, des boîtes de nuits africaines, et même cubaines, là également les européens s’y déplaçaient pour danser, pour siroter une boisson et pour s’amuser avec des filles de bars. Ces bars sont dirigés par des africains, notamment des sénégalais, des nigérians et mêmes des sud africains.

La ville est un Far-West, située en plein désert, sous une atmosphère indescriptible, la chaleur est émoustillante, l’architecture de la ville est moderne, on se croirait dans une ville européenne.

Cette ville a une particularité spectaculaire et inouïe, elle est scindée en deux, une cité entièrement européanisée, où seuls vivent les ‘’expatriés européens, cette cité est une zone interdite aux ‘’indigènes’’ notamment les mauritaniens et les africains, il est interdit aux africains de s’y aventurer, sauf pour les commissionnaires. C’est-à-dire les garçons chargés de transporter les ingrédients pour les épouses des expatriés ou les ‘’boys guinéens’’ ou les ‘’blanchisseurs’’ et enfin les serviteurs des familles européennes.

Seuls les agents de maitrise mauritaniens ou africains pouvaient obtenir des logements dans cette partie de la cité, ce qui profite aux expatriés, cela leur permettait d’avoir ce qu’on appelle communément ‘’Prime de voisinage’’ allant de cent à deux cent mille francs CFA.

Cette cité a son propre économat, son hôtel dénommé ‘’Club des Aigles’’, ses salles de fête, sa propre piscine et ses services de gardiennage spécifique, que d’anciens gardes, ou d’anciens méharistes mauritaniens y assurent la sécurité intérieure au vu et au su des Autorités mauritaniennes qui n’osaient pas s’aventurer dans cette cité européenne, sans l’autorisation des Responsables de la D.S.E. (Direction du Siège d’Exploitation) de la Miferma.

L’autre côté de la cité de Zouerate est entièrement construite pour loger les ouvriers mauritaniens et africains qui travaillaient pour le compte de la société, cette zone a ses propres économats, ses services de gardiennage, son hôtel et son club dénommé lui aussi ‘’Club Africain’’.

La ville a son aéroport qui sert aux officiels de la société de l’utiliser pour ses avions et pour le déplacement de ses cadres et invités ainsi que pour rallier Nouadhibou à Zouerate.

La ville de Zouerate est aussi une cité minière, de son sous-sol des centaines de milliers de tonnes de fer sont extraites et envoyés par train vers Nouadhibou d’où ils sont transbordés dans des minéraliers vers l’Europe et l’Asie.

Depuis l’indépendance, de cette cité, des quantités importantes de fer d’une qualité dépassant les 46% de teneur de fer, quittaient pour être transbordées sur des navires minéraliers à destination d’Europe, d’Asie et d’Amérique, c’est l’une des carrières de minerais de fer la plus riche en teneur de fer à travers le monde.

La scolarité ratée :

Quelques jours après mon arrivée, je décidais de rejoindre les bancs de l’école primaire de la ville, avec un certificat de transfert pour m’installer à ma dernière année primaire au CM2. L’école est une belle bâtisse, en béton armée, d’ailleurs elle me rappelle l’imprimerie nationale à Nouakchott, avec son toit à l’araignée qui surplombe le bâtiment, dont le jardin est bien taillé, des fleurs partout, l’image qui se dégage de ce jardin vous donne de l’inspiration.

Une fois à l’école, je me présentais au Directeur de l’Ecole, pour lui présenter mon papier de transfert. Après avoir lu le document, Monsieur Ly, s’excusât auprès de mon oncle et de moi-même, pour nous dire qu’il n’avait pas de place à l’école, ce qui m’affectât beaucoup, sans jamais lâché du lest à mon envie de poursuivre mes études.

Cette situation m’incitât alors à aller de l’avant, je n’ai point cédé aux désarrois, ni à la fatalité, il fallait lutter pour imposer sa volonté de survivre dans ce monde où chacun lutte âprement pour vivre et pour combattre l’oisiveté quotidienne, les jeunes ici s’occupent des paniers des femmes européennes qu’ils transportent aux domiciles des familles européennes moyennant des pièces.

C’est ainsi que je fus tenter de jouer le jeu, en m’inspirant de ce travail, je me portais volontiers à servir de commissionnaire, peu importe ce que l’on dira de moi. Je fus boy chez le Secrétaire Général du parti du Peuple Mauritanien, et officier de la Douane Ahmed Baba Ould Nakh, lequel me payait mille cinq cent francs CFA (1500 FCFA) avant de le quitter quelques mois plus tard pour retrouver mon économat.

A suivre ...

les Evènements de Mai 1968 vécus et suivis par moi-même.

Alioune Ould Bitiche, pseudo Cheibou
tél 46785732 - Nouakchott
émail : bitiche@gmail.com



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