Cridem

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20-04-2014

23:54

Chronique : Gérontocratie

Le Rénovateur Quotidien - « En Afrique, on ne peut pas désigner quelqu’un du doigt en disant qu’il est un ancien chef. » Félix Houphouët-Boigny.

Images effarantes, mais devenues banales aux yeux des téléspectateurs : des septuagénaires et autres octogénaires, à l’article de la mort, entrain de décider de l’avenir de leurs pays et des choses de la vie. Ils sont là depuis des lustres et dressent encore des stratégies de maintien au pouvoir ou de reconquête de leur puissance laminée par le temps, ou la lassitude du peuple.

Ils ont pourtant fait rêver des générations entières, avec des slogans nationalistes, des idéaux nobles et un engagement sans faille pour le bien de leurs pays. Mais, le temps passe et fait son effet.

Les priorités ne sont plus les mêmes, et les revendications enflammées sont jetées au rebus. Alors se pose un dilemme : partir ou ne pas partir. Question obsédante et désagréable. Surtout quand on est persuadé d’être au dessus de tous, et tellement haut qu’après nous, il n y a que le soleil.

« Le pouvoir est l’aphrodisiaque suprême » avait lancé Kissinger. Les gérontes, omniprésents, à la télé et présents partout où il faut se faire remarquer, illustrent parfaitement la boutade de l’ancien secrétaire d’Etat américain. Mais ils n’en ont rien à faire.

L’avertissement est, du reste, pris avec une légèreté d’une admirable naïveté.Car dans l’entourage, une langue bien pendue appartenant au comité de soutien - monté selon les règles du « Manuel du parfait candidat à la longévité au pouvoir » - loue les mérites du vieux, son génie et sa vision unique pas encore égalée par un peuple qui se sent perdu sans lui et ses lubies.

On sait où les idées des génies inégalables et inégalés nous ont menés. Tout comme, les titres ronflants qu’ils se donnent avec fierté.

Mais quand on a encore le courage de faire des promesses, après plusieurs mandats (parfois un seul), qu’on répertorie, toute honte bue, ses échecs pour en faire un programme de développement et qu’on envoie des aboyeurs ameuter les foules, pour se faire réélire ; et que des foules enflammées suivent les cortèges des aboyeurs, qui au passage, monnayent leurs prestations, on se dit que les électeurs n’ont que les dirigeants qu’ils méritent.

S. Amine



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