Cridem

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21-04-2014

20:58

La chasse à la vie - suite de la rentrée scolaire ratée

Cheibou - Je trimballais chaque jour les paniers des épouses des expatriés moyennant un forfait allant de 100 à 200 FCFA, et le tour est joué. Je revenais immédiatement devant les portes de l’Economat pour attendre mon tour, car chaque commissionnaire avait ses propres relations avec les épouses qui les choyées au fur et à mesure que les relations s’approfondissaient.

Je nouais une relation avec une sénégalaise Marietou Cisse, qui était à l’époque la Concubine d’un français répondant au nom de Colombo, qui travaillé à Rouessa, lequel, m’a pris pratiquement comme son fils, je vivais dans sa villa et me la confiait quant ils sortaient pour aller dîner au Club.

Ce français avait beaucoup d'estime pour moi, ainsi que sa copine Mariétou, qui quant à elle ne ménageait aucun effort pour me rendre heureux, elle me donnait l’argent et m’habillait à chaque occasion de fêtes ou d’anniversaires qu’ils fêtaient. Elle venait avec moi chez ma famille pour les assurer de ma sécurité.

Au Club Africain où je rendais chaque soir pour dîner et suivre des séances de tennis de table ou autres jeux, j’assistais également aux différentes soirées dansantes que le fameux orchestre « Tiris Zemmour Band » nous égayait sous la supervision de son chanteur Doua, les batteurs Gambi, Diallo et les autres musiciens pour lesquels j’ai une pensée profonde.

Je me souviens également que mon groupe avait une équipe de Foot Ball dénommée « Etoile Filante » laquelle j’étais son Capitaine, c’était l’une des première équipe de Zouerate en 1968.

Je me rendais par ailleurs, au rallye des motos qui se déroulait sur un circuit spécial conçu pour la circonstance à l’Ouest de la ville sur un terrain rocailleux et rendus praticable par les moyens techniques de la Miferma, pour distraire ses expatriés et pendant les courses dans des voitures miniaturisées à l’image de celles que nous voyons aujourd’hui dans les rallye de la Formule 1.

C’était des moments agréables, que tous les habitants de la ville de Zouerate assistaient à chaque occasion que ces circuits se déroulent.

J’ai également connu la famille Preirra, famille Cap-Verdienne qui travaillait à la Miferma, chez lequel, je me rendais pour écouter la musique en compagnie de l’une de ses filles Rita.

En 1969, dans cette maison, que j’ai suivi avec des amis la retransmission à Radio Française de l’épilogue de l’astronaute Neil Armstrong qui fut le premier homme à marcher sur la lune le 21 juillet 1969.

La caravane de méharis :

Une caravane d’étudiants français en provenance de la France à travers l’Algérie, était parvenue à Zouerate, composée de trente véhicules méharis, laquelle caravane partait au Sénégal, à travers le désert mauritanien, elle fut accueillie au Club des Aigles à Zouerate.

Partout déferlaient des curieux venus contempler ces véhicules, ainsi que leurs passagers, la plus part des jeunes qui étaient parvenus jusqu’ici malgré tous les obstacles de la nature, affrontant un paysage plein d’embûches, pour réussir une aventure et pour contempler le paysage désertique du Sahara.

Cette vision m’inspirât alors le courage de poursuivre le chemin de la liberté que je me suis tracé dès mon départ de Nouakchott, je décidais alors de poursuivre mon combat contre les affres de la nature.

Après avoir rencontré le responsable de la Caravane au tour d’un thé que je lui offris lors de son passage chez mon oncle pour une visite de courtoisie après que nous nous sommes devenus amis et dans la perspective de lui trouver un guide et un mécanicien. L’idée m’effleurât l’esprit de lui proposer ma contribution. C’est ainsi que je lui disais que j’étais preneur (guide) et que j’avais la possibilité de trouver un mécanicien pour la traversée du désert.

Proposition que l’intéressé à accepter avec plaisir moyennant une somme non négligeable pour compenser nos efforts, le mécanicien et moi, durant le trajet devant conduire la Caravane à Choum.

C’est ainsi qu’après deux jours de repos à Zouerate et après avoir visité les principaux centres d’intérêts de la ville et des mines, la caravane devait prendre son chemin pour traverser le désert de Zouerate à Nouakchott.

Le jour « J » arriva après que toute l’équipe ait décidé de partir, nous prîmes nos provisions et nous nous installâmes dans le premier méhari, qui allait nous servir de tête de pont, nous possédons une carte « Michelin » et une boussole qui nous servaient de moyen d’orientation plus sûrs dans ces conditions.

Les méharis s’ébranlèrent aux environs de 19 neuf heures de la ville de Zouerate vers la première étape à quelques quarante kilomètres de là, à savoir la ville de F’Dérik le sanctuaire du Général Gauraud l’ancien gouverneur dont la ville portait son nom Fort Gauraud, cette appellation pour l’histoire fut supprimer par un décret présidentiel en 1971, me semble-t-il, ainsi que la ville de Nouadhibou qui portait le nom de Port-Etienne, comme F’Derick, portèrent alors leurs noms typiquement mauritaniens.

A F’Dérick, où nous arrivâmes quelques heures plus tard pour y effectuer les formalités administratives à la sortie de la ville. A la fin de cette opération, nous nous ébranlâmes de nouveau pour emprunter la phase la plus difficile de nos étapes à savoir l’Azzefal, qui doit durer au moins une centaine de kilomètre dans le sable moelleux, où les difficultés ne manquent pas, il faut avoir de la prouesse pour traverser cette étape dans les meilleures conditions sans trop d’accroc et évitant ainsi les mauvais tours imprévisibles.

A trois heure du matin, nous nous approchâmes de notre première vraie étape, Toijil, chantier de la Miferma, où les trains effectuent leur arrêt afin d’alimenter le chantier en eau et en provision alimentaire et transmettre le courrier de la Société aux Responsables du Chantier.

Les éclairages lointains du chantier donnaient l’impression qu’il s’agit d’une cité flamboyante, nous nous approchâmes de la l’auberge de la cité, où nous nous installâmes au grand dam des étudiants dans des containers transformés en guise de chambre et de bars pour les expatriés français lors de leur passage dans la cité, une ambiance musicale se dégageait du fond de l’auberge.

La soirée fut longue et les étudiants se retrouvèrent tous au lit pour se reposer avant le départ le lendemain.

Au petit matin, je fus intercepté par un conducteur de train, collègue et ami à mon oncle qui m’aperçu dans la foulée et décidât alors de me rappeler à l’ordre en m’approchant pour m’apostropher :

- Alioune, qu’est-ce-que tu fais au sein de ce monde de toubab ?
- Je suis avec ces gens en qualité de guide et je dois les amener à Choum et ensuite rentrer à Zouerate, lui-je.

Sans attendre, il me prit la main, et m’amenât manu militari en dehors de l’auberge, il m’obligeât à le raccompagner dans la CC de tête du train de service qu’il conduisait pour me ramener chez mon cousin à Zouerate.

C’est ainsi que mon aventure de « guide » se terminait dans un cauchemar, sans avoir l’occasion d’en parler aux responsables de la Caravane.

Mon rêve s’est brusquement arrêté dès cet instant où ce Monsieur à décider que je parte avec lui, donc loin de la réalité, loin de la liberté que je voyais se dessinait à l’horizon, c’est ainsi que ma liberté a été trépignée par l’intervention de cet homme-là, qui investit de tous les pouvoirs que lui confère la relation avec mon oncle pour me ramener à la maison.

Dès mon retour à la maison, mon oncle n’en fut pas un drame et considérait que j’avais me droit de libérer et de jouir de cette occasion pour mieux me forger aux conditions de la vie.

Depuis lors, j’affinais l’idée de me rendre à l’extérieur, extérieur qui consistait à mon tempérament, même Nouadhibou était une destinée libératrice, voire dans mon entendement un lieu de liberté, où selon les rumeurs en provenance de cette ville, il y avait du travail, où j’espérais trouver une ouverture vers le monde extérieur.

La ville de Zouerate est une ville attrayante, il y a tout ce qu’il faut pour quelqu’un qui voudrait rester, les salles de jeux, le cinéma, les bars et les lieux de réjouissances de tout bord. Mais cela ne m’intéressait pas.

Quant à moi, je visais loin, j’avais une autre vision de la liberté, je voulais rester libre de mes mouvements, de mon esprit et surtout de mes actes, je ne cherchais du mal à personne, mon désir aurait été de partir loin des gens incultes qui m’entouraient, çà et là au sein de la famille de mon oncle. Ils n’avaient aucune importance pour moi, car ils ne pouvaient pas m’apporter une lueur de savoir.

A suivre ....

Alioune Ould Bitiche
auteur de : "la Chasse à la vie"
tél : 46.78.57.32
émail : bitiche@gmail.com.



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