Cridem

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23-04-2014

21:06

' La chasse à la vie ' (suite) - Evènements de Mai 68

Cheibou - En faisant le bilan des évènements de ce mercredi 29 mai 1968, je me permets de le livrer à l’opinion nationale à travers mes souvenirs, la vérité ce qui s’était passé en cette journée noire à Zouerate.

C’est aussi l’occasion de vivre ces moments douloureux que tout un peuple s’avère, oublié, bafoué, ignoré et qui devraient être humainement, commémorés chaque année. Ce pan de l’histoire des ouvriers de Zouerate est quasiment délaissé, et insignifiant aux yeux des responsables de la Mauritanie, qui profite des centaines de Millions voire de Milliards de minerais extrait du sous-sol de cette région.

Du fait également du manque d’informations sur cette situation qu’avaient les travailleurs des mines de Zouerate, que la Miferma exploitée. Tous ceux qui tout au long de ces années-là dans les mines, chez eux terrés dans leurs maisons en ont gardé des séquelles et des blessures inoubliables doivent savoir la vérité de ces moments-là.

Ce drame, je l'ai vécu en tant qu’observateur et acteur des évènements. Ce drame national, que certains intellectuels avaient laissé passer sous silence, durant plusieurs décennies et qu’aucune sensibilité politique, n’avait eu le courage de soulever cet évènement en dehors des soixante huitard, lesquels sous la bannière d’un mouvement contestataire estudiantin avait à maintes reprises levé le voile sur le sujet.

Ce chapitre c’était la consécration du premier mouvement contestataire syndical des ouvriers de la mine de Zouerate.

C’est aussi, un mouvement qui disait long sur son cheminement, c’est enfin, une image d’un passé historique où des ouvriers, des familles entières ont permis leur vie pou une cause qu’ils jugeaient juste et noble à savoir les intérêts suprêmes des ouvriers de la mine, bafoués par une entreprise étrangère. Car ils défendaient leurs intérêts, ainsi que leurs droits, face à une société qui exploitait le bien de tout un peuple et qui bafouait celui de ses travailleurs, avec la complicité avouée de quelques syndicalistes désireux de servir leurs intérêts égoïstes au détriment de celui des travailleurs de la mine.

Beaucoup de monde, comprenait mal la portée de cette action, de ce mouvement de grève, qui devait ébranler et pour la première fois les mines de Zouerate dans les confins du Sahara, loin de toute opinion indépendante, loin de tout écho pouvant relayer l’évènement, en un mot un black out total sur la réalité quotidienne des évènements et de la situation en générale de la zone en question.

Les facteurs qui sont à l’origine de cette situation étaient nombreux, entre autres des primes, des droits de logements et une multitude de revendications constituèrent les prémices à ces évènements.

Naturellement il s’agissait d’ouvriers se trouvant dans le désert, n’ayant aucun contact avec le monde extérieur et travaillant dans des conditions difficiles, bien que certaines conditions élémentaires existaient contre vents et marées face à la détermination et à la pression de quelques intellectuels parmi le personnel existant.

Devant cette attitude des travailleurs, la Miferma ne pouvait continuer à fermer les yeux face aux revendications, il fallait satisfaire quelques unes, afin d’éviter le blocage, et les arrêts de travail, susceptible d’entraver la production de la société, et les engagements auprès de ses partenaires européens.

Ces évènements, dont la portée avait, une signification particulière, surtout sur le pan national où le mouvement contestataire de Mai avait atteint son paroxysme, et en dépit de la réalité quotidienne des ouvriers et maîtrises de la seconde classe (indigènes) au sein de la Miferma. C’est d’ailleurs une véritable déchirure entre les ouvriers et les responsables syndicaux d’antan et qui étaient complices d’un pacte secret avec la Miferma.

Une manière arbitraire de bafouer et de spolier les intérêts des ouvriers et que ces derniers tenaient à défendre et à faire échouer les plans machiavéliques de ces détracteurs de syndicalistes, c’est aussi une manière de maintenir le cap et de ne pas accepter d’être souillés dans droits par quelques éléments égarés au service de la Société.

Le fiasco :

La veille la population, les ouvriers avaient reçu du Comité de Crise l’ordre de quitter la Cité à la veille de l’arrivée des renforts de l’Armée nationale et de s’éparpiller dans la nature aux environs de la ville, pour éviter d’être coincés ou d’être privés de sortir ou pris de court par la présence spontanée des éléments de l’armée afin d’éviter le fiasco.

Les Forces armées avaient quant à eux ordonnés aux populations et aux travailleurs de rester chez eux, pour éviter tout affrontement avec les unités de l’armée nationale, dépêchées sur les lieux, à la rescousse. Malgré cet avertissement, les travailleurs ont entrepris la nuit d’évacuer les maisons et les endroits susceptibles d’être encerclés par les forces armées en place.

Aux environs de 17 heures 30, à l’ouest de l’école de la Cité Africaine et aux environs de la boulangerie, juste à l’extrémité sud-est des logements M4, sur le lieu actuel de la polyclinique, que ces évènements sanglants se déroulèrent cet après-midi du mercredi 29 mai 1968.

Cette clinique construite sur le sang des martyrs a marqué à jamais l’esprit de chaque ouvrier, de chaque enfant, de chaque maman et de chaque père qui ont vécu en ces temps ce redoutable crime innommable, le massacre odieux des ouvriers de la Mine de Zouerate.

A suivre.....

Alioune Ould Bitiche
Auteur de : La chasse à la vie
tél : 46.78.57.32
émail : bitiche@gmail.com



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