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22-05-2014

06:17

20 Mai 1957 & 21 Mai 2009: Moktar Ould Daddah prononce le premier discours gouvernemental mauritanien...

...& La médiation internationale propose le report du scrutin présidentiel prévu par Mohamed Ould Abdel Aziz.

Le Calame - Le 20 Mai 1957, Moktar Ould Daddah, investi par l’Union progressiste mauritanienne qui vient de remporter tous les sièges à l’Assemblée territoriale, prononce son premier discours public (Le Calame du 23 Mai 2007 - chronique anniversaire).

Le lendemain est nommé ce qu’il appelle « le premier Gouvernement de la Mauritanie nouvelle » et présente comme une équipe d’amis … [i] : il est aussi consensuel que possible.

Deux Français en font partie, l’administrateur déjà en charge des questions économiques et le directeur local des transports routiers Lacombe. La difficulté a été d’imposer au parti majoritaire la participation des perdants à toutes les élections depuis 1951 : l’Entente Mauritanienne de Horma Ould Babana, passé au Maroc [ii].

Le texte pour lequel est sollicité le vote d’investiture n’est pas banal, surtout quand il est lu avec près de soixante ans de recul. « Longtemps, tout au long de l’histoire, la Mauritanie a fait connaître la valeur de ses hommes, du Ghana au Guadalquivir en Andalousie, détruisant ou fondant des empires, sans que jamais ils aient eu le loisir d’asseoir, dans leur propre pays, une organisation politique appuyée sur une administration stable.

L’unification de la Mauritanie commençait justement avec la pénétration et l’action de la France dès le début du siècle. Partant des rives du Sénégal, nos frères Toucouleurs et Ouolofs les saint-Louisiens au premier rang, ont été les pionniers de cette pénétration pacifique.

Une administration directe, souple et compréhensive s’est étendue du Sahel atlantique au Sahel soudanais et s’est parachevée en 1945 par le rattachement du Hodh » Voilà pour le « projet d’Etat »
, dette principale des Mauritaniens envers la métropole d’alors.

Mais les options sont offensives. Le tréfonds mauritanien, socle et conviction. « Nous puiserons, dans notre enseignement traditionnel, les principes élevés de notre action aux sources vives d’un Islam dont le renom et l’influence s’étendent, depuis les temps anciens, bien au-delà de nos frontières.

Rénover l’enseignement islamique et créer l’enseignement de l’Arabe à l’image de cette école moderne qui rayonne du Moyen-Orient arabe frère, développer et populariser l’enseignement du Français, moyen indispensable d’une formation moderne dans laquelle nous englobons l’enseignement technique…»
La conditionnalité absolue d’une participation mauritanienne au grand projet saharien de la métropole aux prises de la guerre d’Algérie. « La vocation saharienne de la Mauritanie est évidente.

Elle est la façade de ce monde en création et elle en est la seule fenêtre sur l’Océan Atlantique : elle doit donc en être la clef de voûte. S’il nous faut nous préparer à cette mission, nous ne pouvons envisager notre participation active que lorsque toutes les assurances, toutes les garanties nous auront été données, que notre développement sera favorisé, que notre avenir économique et politique sera assuré.

Les tests les plus probants en seront et le transfert de notre Chef-lieu sur le sol mauritanien, la décision de mise en exploitation de nos mines et la création du port minier de Port Etienne. Alors, mais alors seulement, nous pourrions envisager dans une convention librement débattue notre adhésion à une organisation du Sahara à laquelle nous apporterions la consistance territoriale qu’elle attend et l’enthousiasme de nos efforts dans l’accomplissement d’une vocation historique grandiose. ».


Ces deux points sont exemplaires et d’une personnalité et d’un projet, qui sont demeurés constants pendant vingt-et-un ans. La conscience personnelle, intime, très argumentée de ce qu’est la nationalité, l’âme du pays, de la Mauritanie. La pétition d’indépendance, de libre détermination sur chaque sujet d’importance assortie d’une façon – déjà – de négocier et d’obtenir.

Moktar Ould Daddah obtiendra d’ailleurs satisfaction pour chacun de ces préalables mais finalement signifiera au général de Gaulle, en tête-à-tête à Nouakchott, le refus de la Mauritanie de participer à l’O.C.R.S. En germe donc, explicite, les orientations culturelles du Parti du peuple mauritanien, et la politique aussi bien extérieure qu’économique de la République Islamique de Mauritanie.

Le texte fondateur, à plusieurs reprises, souligne « la stabilité politique et la maturité de nos populations… (et que) notre territoire, le plus jeune de la Fédération… a atteint sa majorité ». «Nous sommes une nation qui naît. Nous en avons conscience. Faisons ensemble la Patrie Mauritanienne ! C’est notre but suprême et notre seule justification devant l’Histoire qui nous jugera.

Une conviction profonde, une foi absolue dans notre destin m’ont amené à solliciter vos suffrages et la manifestation de votre confiance sera la preuve que vous partagez cette conviction et cette foi, et qu’ensemble nous bâtirons cette Mauritanie nouvelle en qui nous mettons tout notre espoir. »
Fierté nationale, ferveur, inflexibilité quand un cap est fixé, souci de faire partager sa conviction, d’emblée, à l’orée de l’Histoire, Moktar Ould Daddah, cadet de tous les nouveaux gouvernants africains, apparaît tel qu’il sera encore à l’article de la mort.

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Le 21 Mai 2009, les médiateurs internationaux, représentants de l’Union africaine et des Nations Unies, conduits par le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, rencontrent « toutes les parties » au conflit intérieur provoqué par le coup militaire du 6 Août 2008. Ils exposent ensuite leur système aux ambassadeurs dits « occidentaux » : France, Allemagne, Espagne, Union européenne et Etats-Unis. « C’est une proposition positive, intéressante et intelligente qui va être discutée et qui est de nature à offrir une sortie de crise réelle », estime l’un de ces diplomates.

Le même jour est publiée l’interdiction de toute manifestation hors celles organisés par les candidats eux-mêmes à l’élection présidentielle, prévue pour se tenir le 21 Juin. Or, le scrutin est boycotté par tous les opposants aux putschistes… Le 6 Mai précédent, l’Union pour la République (U.P.R.) qui soutient les putschistes à l’Assemblée nationale où elle dispose de 83 députés sur 151, s’est choisie pour son candidat à l’élection présidentielle, sans surprise, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, démissionnaire de l’armée.

Elle s‘est opposée d’emblée à la médiation sénégalaise dont il a été vite ébruité que la « feuille de route est basée sur un report des élections pour offrir les conditions d’une participation de l’opposition à ce scrutin ». Le même 21 Mai trois des quatre candidats [iii]déclarés ont lancé leur programme, tandis que le favori se réserve pour « favoriser la médiation en cours ».

Non publiée (sauf officieusement par Biladi [iv]), mais transmise aux parties le 22 avec prière de répondre d’ici le 26, la proposition sénégalaise prévoit toujours un report du scrutin pour que soit mis en place un gouvernement de transition et une commission électorale composée consensuellement. Le texte est étrange à deux points de vue.

Rétrospectivement, il est déjà à très peu de mots celui de l’accord paraphé à Dakar puis signé à Nouakchott, et en première mouture, ni l’esprit ni la plume ne paraissent d’Afrique : non seulement le manque total de psychologie et de suivi de la Mauritanie, mais l’orthographe des noms et la présentation des personnalités, Mohamed Ould Abdel Aziz, le F.N.D.D. et le R.F.D. L’accord à venir aura donc été imposé et imposé par l’étranger.

La négociation n’aura consisté qu’à convaincre les deux parties mauritaniennes réfractaires à une élection présidentielle conçue par et pour le putschiste, en uniforme ou pas : le F.N.D.D., Front national pour la défense de la démocratie, et le R.F.D., Rassemblement des forces démocratiques. D’autre part, la rédaction elle-même étonne et pose beaucoup de questions.

Quelle est cette appellation de « pôles majeurs » ou de « leaders » ? Quelle est cette vie politique mauritanienne – depuis le putsch, y a-t-il une vie politique « naturelle » ? non ! il y a un clivage d’abord vis-à-vis du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi pendant les premiers jours, puis ensuite pour ou contre le putsch : le comprendre ou y applaudir ?

Enfin depuis la candidature militaire à une élection anticipée, pour ou contraire de principe une telle candidature ? « Une transition organisée » mais entre quoi et quoi ? entre la dictature de la junte et l’élection de son chef ? Ou bien les quinze mois d’exercice des fonctions présidentielles par le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi ont-ils été une transition inorganisée ?

Et l’on efface pour tout recommencer ? La médiation prétend donc faire travailler ensemble, plus intimement encore que vivre : le chef des putschistes, les légalistes demandant le retour au statut présidentiel de Sidi Ould Cheikh Abdallahi et à la situation d’avant le 6 Août, les « centristes » ou les « opportunistes » au sens non péjoratif de la IIIème République française pour désigner un tiers parti républicain donc contre les royalistes, mais ne soutenant pas des vues radicales, genre Gambetta, « opportunistes » partageant avec les putschistes le refus que soit jamais rétabli le président élu le 25 Mars 2007 mais s’opposant à eux sur la candidature de leur chef…

Le retour à l’ordre constitutionnel – qui l’a transgressé ? Et pourquoi faut-il des élections pour y revenir ? Au moins textuellement il suffit de rétablir le président élu en 2007, puisqu’aucune autre institution n’a été touchée, sauf le sursis aux élections sénatoriales en Avril, évidemment pour que la junte ne perde pas le président intérimaire qui lui convient.

« La conséquence d’une telle option est le déplacement du problème » ? Non ! le problème ne peut être déplacé : il est né du renversement d’un président élu et de l’emprisonnement d’un Premier ministre qu’il avait nommé – comment passer du coup de force à une transition ? – le texte l’avoue plus bas puisqu’il requiert une abdication formelle de l’élu de 2007, autrement dit l’annulation d’une élection présidentielle, pour en faire prévaloir, celle précisément qu’on organise.

Or, celle de 2007 a été préparée minutieusement et sereinement, avec l’accord des parties et de la communauté internationale : un processus de dix-huit mois que l’on voudrait contracter en six ou sept semaines . Sans doute, « la transparence des élections en amont comme en aval, c’est-à-dire la fiabilité du fichier électoral, la crédibilisation du scrutin dans son ensemble, l’égalité de traitement des candidats, par les médias du service public, la neutralité de l’administration territoriale, l’observation rigoureuse du processus dans son ensemble par la communauté internationale » sont-elles nécessaires, mais ce n’est pas suffisant, à considérer les élections en Mauritanie depuis toujours, c’est-à-dire depuis leur inauguration par l’administration française.

L’administration dispensatrice de bienfaits matériels pour une population démunie, et qui reste majoritairement dépendante, a tous les moyens d’influencer les votes. Le bourrage des urnes, voire la fraude totale à la transmission de résultats-bidons, (cf. 1992), n’est que secondaire.

La junte a changé tous les fonctionnaires d’autorité dans l’intérieur du pays comme dans les ministères. Tous les dévouements de l’Etat sont acquis au candidat militaire, dont la défroque n’est qu’apparente : il a affecté le complet-veston dès les premiers jours de son coup et porte toujours mal le boubou. La surveillance des élections est un leurre.

La seule garantie adaptée au pays serait que du temps, un an ou deux, remette Mohamed Ould Abdel Aziz à égalité avec les candidats n’ayant pas exercé le pouvoir : l’exemple est donné par Ely Ould Mohamed Vall qui aurait été – mais en trahissant les engagements de la junte de l’époque, ce dont l’ont empêché ses pairs – un candidat gagnant en 2007 et qui ne peut se présenter en 2009, alors même qu’il désapprouve la candidature d’Abdel Aziz (mais pas publiquement : la peur des représailles… comme la docilité des électeurs).

Passer du 6 Juin au 11 Juillet, est-il un changement ? Il ne s’agit au plus pour Abdel Aziz que d’amener Ahmed Ould Daddah à candidater pour le battre de toutes façons et ainsi légitimer le plébiscite : dans l’état actuel des candidatures, quatre, toutes sont favorables au putsch. « Cette date est déterminée par le calcul technique » ? « Cet Accord ne met pas fin à la poursuite du Dialogue politique national » : quel dialogue politique national existe alors à la mi-Mai 2009 ?

Quel cas est fait de l’élu du 25 Mars 2007 – au prénom spectaculairement mal orthographié – dont il est dit qu’il s’est « engagé à appliquer le consensus des forces politiques » ? Non, le Président ne s’est engagé qu’à provoquer des élections anticipées, pas forcément présidentielles, dans un discours qu’il projetait de faire à son retour à Nouakchott en janvier dernier mais qu’il a été empêché de prononcer.

Depuis il s’est engagé à favoriser le consensus et à le respecter une fois celui-ci formé. Ce qui est proposé aux « négociateurs », c’est de servir les rédacteurs du document en régularisant l’intérim par le président du Sénat, en vigueur depuis un mois selon le « droit putschiste ». Contradiction : ce président du Sénat est alors en place légitimement ou faut-il la signature du président de la République et la démission de ce dernier ? Les actes « gouvernementaux » signés antérieurement demeurent en vigueur, donc tout le système assurant la mainmise d’un des candidats sur le pays.

La proposition dite sénégalaise, dont la rédaction reste non identifiée et encore moins revendiquée ni en Afrique, ni à Bruxelles, ni à Paris, se résume à la médiation du colonel Kadhafi, deux mois auparavant, incitant à Nouakchott l’élu du 25 Mars 2007 à abdiquer inconditionnellement et tout opposant à se rallier au système des putschistes.

Le 22 Mai, la France avalise cette proposition et son porte-parole, à Paris, précise le souhait « que le processus électoral se déroule de manière transparente et régulière, dans des conditions qui permettent à toutes les forces politiques représentatives d’y participer et d’assumer leurs responsabilités ». La disparition du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi est tellement présumée qu’elle n’est pas mentionnée… Le F.N.D.D. considère au contraire que la médiation internationale est dans l’impasse et appelle à manifester pour « faire échouer l’agenda électoral unilatéral » de la junte [v].

Mohamed Ould Mouloud, négociateur pour le F.N.D.D. en fait porter la responsabilité au général Mohamed Ould Abdel Aziz qui refuse toute « proposition de surseoir à la campagne électorale en cours pour favoriser le climat des négociations ». C’est – malheureusement – déjà suggérer qu’un sursis permettra la négociation et que le retour du président légitime à l’exercice des fonctions qui lui ont été arrachées le 6 Août 2008, quitte à ce que lui-même il fasse anticiper sa succession, n’est plus un préalable.

La réunion, désormais organisée et prévue pour se tenir à Dakar le 27 Mai suivant, est donc d’emblée marquée par la pression et non l’arbitrage international. Les opposants à la candidature militaire sont déjà acquis au principe-même de l’élection anticipée et donc de la démission forcée du président élu vingt-deux mois auparavant. Plus courageusement, le 25, des jeunes manifestent contre l’élection présidentielle et tiennent en haleine pendant deux heures la police.

Pérenniser une situation initialement acquise par la force en organisant le simulacre d’une élection. La recette continue de faire fortune.

Ould Kaïge

Prochaine chronique :

29-31 Mai 1961 – congrès constitutif à Nouakchott de l’Union des travailleurs mauritaniens U.T.M.

28 Mai 2009 – ouverture à Dakar de la conférence de médiation du groupe de contact international entre les trois pôles mauritaniens.

[i] - arrêté 158 AG/APA du gouverneur Mouragues contresigné par le Vice-président du Conseil répartissant les attributions territoriales entre les ministres, à l’exception des “affaires intérieures” ;

ainsi constitué, le Gouvernement comprend deux membres de l’Entente et deux Français.

Chef du Territoire,.

président du Conseil de gouvernement et affaires intérieures Albert Jean Mouragues.

Vice-président du Conseil, et ministre

Enseignement, Affaires culturelles et Jeunesse me Moktar Ould Daddah U.P.M. Commerce, Industrie et Mines Ahmed Saloum Ould haiba U.P.M.

Travaux publics et Transports Amadou Diade Samba Dioum U.P.M.

Fonction publique, Travail et Affaires sociales Sid Ahmed Lehbib U.P.M.

Domaine, Urbanisme, Habitat et Tourisme Dey Ould Sidi baïa E.M.

Santé publique et Population Mohamed el Moktar Ould Bah E.M.

Expansion économique et Plan Jean salette

[ii] -: « Aussitôt mon investiture décidée, je fis part à mes camarades, membres du Comité directeur et Conseillers territoriaux, de mon intention de former un gouvernement d’union nationale. Autrement dit, je voulais faire participer à mon équipe ministérielle des membres de l’Entente mauritanienne.

Dans le même esprit, j’envisageais de faire appel à des représentants de l’A.J.M. pour les nommer chefs des cabinets ministériels, alors que certains étaient en affectation disciplinaire, interdits de séjour dans leur circonscription d’origine, quand ils n’étaient pas étroitement surveillés, et souvent « interrogés » par la police dakaroise, pour ceux qui étaient étudiants dans la capitale fédérale.

Ma proposition fut très mal accueillie. Et moi, vivement critiqué. Cible de toutes sortes de critiques convergentes, j’étais « celui qui débarquait de Paris, qui ne comprenait plus rien aux problèmes du pays qui ont évolué pendant la dizaine d’années de son séjour en France, celui qui voulait transposer les idées politiques françaises en Mauritanie alors que la Mauritanie n’était pas la France. » Enfin, j’étais… « celui qui voulait ressusciter l’Entente., parti anti-national puisque pro-marocain, … celui qui désirait encourager l’A.J.M., mouvement anti-religieux qui visait la destruction de nos nobles traditions » Bref, l’Entente mauritanienne et l’Association de la jeunesse mauritanienne, selon leurs détracteurs, ne représentaient rien dans le pays.

J’étais donc un mauvais élu de l’U.P.M., qui lui payait très mal sa confiance en voulant donner à ses ennemis, qui étaient ceux du pays, une importance et une considération qu’ils n’avaient pas et qu’ils ne méritaient pas…

Très peu de camarades avaient pris ma défense. J’étais donc l’accusé, dont les arguments n’arrivaient à convaincre que quelques-uns. Pour un jeune avocat – encore stagiaire, précisément – ce n’était pas flatteur de plaider sans succès et d’avoir ainsi tout l’air de prêcher dans le désert ! Ce que voyant, je déclarai que je renoncerais à la mission qui venait de m’être confiée, celle de former un gouvernement, si ma proposition n’était pas retenue. »


Moktar Ould Daddah, La Mauritanie, contre vents et marées (éd. Karthala . Octobre 2003 . 669 pages - disponible en arabe et en français - notamment pp. 153-154.

[iii] - Mamadou Moktar Sarr, président de l’Alliance pour la justice et la démocratie (A.J.D.), travaille pour une « Mauritanie égalitaire » où toutes les communautés se « partageront équitablement le pouvoir et les richesses – Kane Hamidou Baba, dissident du R.F.D. : « Yes, I kane » promet de « régler les problèmes de la jeunesse – Sghaïr Ould M’Bareck, avocat, médiateur de la République, ancien Premier ministre de Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, d’ascendance hartani, propose « le progrès pour tous » - AFP Nouakchott . 21 Mai 2009.

[iv] - publié par Biladi . 24 Mai 2009 sans indication de la date – avec le commentaire suivant.

Une première depuis le déclenchement de crise. Un projet d’accord a été soumis, la semaine dernière, par la médiation internationale, aux trois grands pôles politiques mauritaniens, Mohamed Ould Abdel Aziz, le FNDD et le RFD. Une proposition qui, semble-t-il, n’est pas parvenue à débloquer la situation. Biladi publie en exclusivité ce projet d’accord cadre mort-né.

accord cadre

entre les trois grands pôles politiques mauritaniens
1 . Les trois pôles majeurs de la vie politique mauritanienne s’accordent sur la nécessité d’une transition organisée de façon consensuelle dans le cadre du présent Accord politique. Ils s’engagent tous, par conséquent, à gérer ensemble la transition en participant aux élections (pour ceux qui le désirent), au Gouvernement d’Union nationale et à la constitution de la CENI.

Entre une transition courte qui s’achève par l’organisation d’élections présidentielles en juillet ou bien une transition longue qui se conclut vers la fin de l’année, ils retiennent la première option pour les raisons: l’Union africaine, dans les situations de changement anticonstitutionnel, demande toujours que la transition et le retour à l’ordre constitutionnel soient organisés dans les six mois. La Communauté internationale soutient l’Union africaine dans cette option d’une transition courte mais bien organisée vers le retour à l’ordre constitutionnel.

3 . La conséquence d’une telle option est le déplacement du problème vers la transparence des élections en amont comme en aval, c’est-à-dire la fiabilité du fichier électoral, la crédibilisation du scrutin dans son ensemble, l’égalité de traitement des candidats, par les médias du service public, la neutralité de l’administration territoriale, l’observation rigoureuse du processus dans son ensemble par la communauté internationale sous la houlette de l’Union africaine assistée par des partenaires majeurs comme les Nations Unies, l’Union européenne, les Etats-Unis d’Amérique, l’OIF, l’OCI et la Ligue des Etats arabes.

4 . Ils décident de signer cet Accord politique intérimaire dès le … afin de permettre la suspension du processus en cours et d’annoncer le report des élections à la nouvelle date du 11 juillet pour le premier tour. Cette date est déterminée par le calcul technique qui est présenté dans les points suivants. Cet Accord ne met pas fin à la poursuite du Dialogue politique national sur les autres points qui peuvent renforcer la réconciliation nationale et faire émerger une solution globale consensuelle ;

5 . Les trois pôles conviennent de proposer aux autorités étatiques (Conseil constitutionnel et Président par intérim) un nouveau calendrier de retour à l’ordre constitutionnel.

6 . 1ère phase de ce calendrier : dès la signature du présent Accord-cadre les négociations sont engagées pour la mise en place d’un nouveau gouvernement d’union nationale et d’une CENI consensuelle qui seront annoncés au plus tard le lundi 25 mai.

7 . Deuxième phase : s’étant engagé à appliquer le consensus des forces politiques, le Président Sidy signe dans la journée du lundi 25 mai – ce qui est sans préjudice pour les actes gouvernement signés antérieurement – le décret instituant le Gouvernement d’Union nationale et simultanément sa lettre de démission de ses charges de Président de la République afin de permettre au Président du Sénat d’assumer pleinement l’intérim de la Présidence de la République.

8 . Troisième phase : à compter du Mardi 26 mai une procédure de révision exceptionnelle des listes électorales en même temps qu’une réouverture de la liste des candidatures sont acceptées et mises en œuvre par les autorités compétentes pour une durée du mois pour arriver à une annonce des candidats retenus le Mercredi 24 juin. Suivront l’ouverture de la campagne le Jeudi 25 juin et le premier tour des élections présidentielles le Samedi 11 juillet.

9 . Concernant la demande de libération des personnalités en détention provisoire accusées de corruption, les Leaders politiques mauritaniens soutiennent une solution satisfaisante et urgente à ce problème, avant la finalisation de cet Accord, afin de favoriser le rétablissement du climat de confiance et la sérénité nécessaire aux succès de leurs pourparlers.

10 . Le Groupe de Contact international comprenant les membres permanents et les membres africains du Conseil de Sécurité, les Nations Unies, l’OCI, l’OIF, la Ligue des Etats arabes, l’Union européenne, placé sous l’égide de l’Union africaine, garantit le présent Accord et sa mise en œuvre intégrale et s’engage fermement à contribuer par la logistique, la surveillance et l’observation sur le terrain au bon déroulement et à la crédibilisation des élections qui devront consacrer le retour de la Mauritanie à l’ordre constitutionnel.

Fait à Nouakchott, le ……………………………………

Cet Accord sera aussi signé par les témoins et facilitateurs suivants :

- Le Président Abdoulaye WADE, Président de la République du Sénégal, frère et voisin de bonne volonté, initiateur de l’Accord politique

- Le Représentant du Frère Guide Mouammar KHADAFI, Président en exercice de l’Union africaine

- Le Représentant du Président Jean PING, Président de la Commission de l’Union Africaine, au nom de la commission et du Groupe de Contact international

- Le Représentant des Nations Unies en Afrique de l’Ouest.

Le Présent Accord entre en vigueur dès sa signature par les personnalités présentes à la Concertation des Leaders politiques mauritaniens.

note Ould Kaïge : les majuscules – notamment pour les entités et institutions ainsi que pour les jours de la semaine – ou leur absence, et la présentation des noms propres et des qualités, sont celles de Biladi




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