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01-06-2014

14:23

Présidentielle de 2014 en Mauritanie : Peu d’intérêt pour un match plié avant le coup d’envoi

Le Quotidien de Nouakchott - Le premier tour de l’élection présidentielle en Mauritanie aura lieu le 21 juin 2014. A quelques jours de la campagne électorale qui commencera le 05 juin, on est loin de la ferveur habituelle de veille de campagne électorale.

« Mohamed Ould Abdel Aziz sera réélu au premier ; on connaît le résultat d’avance, don pourquoi s’exciter » dit un habitant de Nouakchott. Le président sortant, Ould Abdel Aziz, brigue un second et dernier mandat. Avec le boycott de la quasi-totalité des partis d’opposition, il se retrouve en face de quatre candidats qui auront du mal à l’inquiéter.

Ibrahima Moctar Sarr, président de l’AJDMR, parti d’opposition, est candidat à la présidentielle. Ça sera sa troisième tentative. Il a été candidat en 2007 et 2009 et n’a pu dépasser la barre des 10%. Pourra-t-il améliorer son score en juin 2014 en tirant profit du mot d’ordre de boycott des partis réunis au sein du Forum national pour la démocratie et l’unité ?

L’AJDMR a participé aux dernières élections législatives et municipales et est représentée à l’assemblée nationale par 04 députés sur 147.

Autre candidat de l’opposition dont le parti El Wiam est représenté a l’assemblée nationale, Boidiel Ould Hmoid. Il en est à sa première tentative comme candidat à l’élection présidentielle. Lui aussi espère bénéficier de l’électorat des partis boycottistes.

Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie, va lui aussi a l’assaut du fauteuil présidentiel. C’est sa première candidature a une élection. Cet activiste antiesclavagiste, prix des nations unies pour les droits de l’Homme, candidat indépendant, revendique une « rupture » par rapport a la classe politique « traditionnelle ». Il ne dispose actuellement du soutien d’aucune formation politique.

Autre candidature indépendante, celle de Lalla Maryam Mint Moulaye Idriss. C’est la seule femme candidate. « Ma candidature a été motivée par l’état de dégradation sociale qui engendre un appauvrissement progressif du Mauritanien, la montée des réflexes identitaires, le doute qui s’installe, au sein des minorités, la stigmatisation. Il ya un risque, latent, de segmentation de notre société et cela menace l’existence même de la Mauritanie, en tant qu’Etat unitaire » a dit la candidate dans les colonnes du journal Le Calame. Mais cette candidature ira-t-elle au-delà du symbole?

Comme tout porte à croire que le match est plié avant le coup d’envoi, il n’y a guère d’engouement autour de cette présidentielle. Le FNDU ‘forum national pour la démocratie et l’Unité) multiplie les meetings pour « vendre » son mot d’ordre de Boycott. Des meetings qui attirent de moins en moins de monde. Pour les législatives et municipales, le « boycott actif » avait produit un taux de participation record de 75%. Pour faire baisser ce taux en juin 2014, il faudra peut être un boycott un peu plus actif.

« Nous cadres de… Conscients de… Après analyse de la situation politique…apportons notre soutien au candidat….. ». Au bat de la déclaration, une longue liste de professeurs, d’avocats, de médecins, universitaires… ». La principale activité durant la précampagne est celle des initiatives de soutien au président sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz

Rien n’a changé. Au temps de la démocratie d’exception, du totalitarisme, à la veille de chaque élection présidentielle, des déclarations de cette teneur, inondaient la presse.

Il a été seulement effacé « le candidat Maouya Ould Sid Ahmed Taya.». Des groupes de souteneurs, pour qui Maaouya était le meilleur des hommes, le PRDS, la meilleure des planques, les ONG de défense des droits de l’Homme, des comploteurs salissant l’image de la Mauritanie à l’étranger…

Ces souteneurs là, reviennent aujourd’hui offrir leurs louanges à un candidat à la future élection présidentielle. Pendant 20 ans, ils ont accepté, applaudi, couvert tous les passifs. Pour garder leurs privilèges, pour sauver le système qui les a mis à flot et a appauvri le peuple, ils reviennent à la charge avec leurs effroyables slogans.

Les cadres, ce sont ceux qui « exercent une fonction d’encadrement dans une société ou une organisation», ceux qui sont censés tirer les autres vers le haut. Malheureusement, chez nous, les cadres, les notables, les intellectuels…ne jouent guère ce rôle d’inspirateurs de la société. Ils la tirent plutôt vers le bas.

Khalilou Diagana


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