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10-06-2014

08:05

Campagne présidentielle 2014 au Brakna : Aziz attaque l’opposition, Biramé charge le président sortant et les Beïdanes

Elfoutiyou - Après un démarrage timide dans les différents états major de campagne, surtout dans le camp du candidat, Mohamed O Abdel Aziz, Ibrahima Moctar Sarr et Biramé Dah O Abeîd qui ont marqué la soirée électorale du 6 Juin 2014 à 00 heures, les diatribes s’invitent maintenant dans la campagne.

Après le passage du candidat Mohamed O Abdel Aziz à Aleg, le jour même de l’ouverture de la campagne, c’est le candidat Biramé Dah O Abeîd qui lui succède après son départ. S’agissant du meeting organisé par le président sortant, la mobilisation observée a été en deçà du potentiel réel dont dispose le candidat de la majorité Mohamed O Abdel Aziz dans la région.

La quasi-totalité des cadres des cinq départements, membres de l’UPR ou des partis de la majorité, de Maghta Lahjar en passant par Aleg, Boghé, Bababé et M’Bagne ont fait le déplacement.

Mais en observant de prés le meeting, on remarque aussitôt l’absence des supporters de Mohamed O Abdel Aziz dans la vallée du fleuve notamment à M’Bagne, Bababé et Boghé. Certains observateurs politiques de la région expliquent cette situation par le récent séjour entamé par le président Aziz dans la Wilaya pour procéder à plusieurs inaugurations de projets et la pose de la pierre du projet de l’hôpital de Boghé.

Autre explication tangible, les cadres n’ont pas eu le temps nécessaire pour préparer sérieusement (matériellement et financièrement) le meeting d’Aleg. Raison pour laquelle, des voitures n’ont pas été louées en grand nombre pour transporter le maximum de militants et sympathisants du pouvoir. La masse qui était au stade municipal d’Aleg ne représente à pine le tiers de la marrée humaine qui a accueilli Ould Abdel Aziz dans la capitale régionale le 18 Mai 2014.

Dans une région où le pouvoir a réussi à neutraliser les leaders les plus actifs et qui ont symbolisés l’opposition ces dernières années Adama Moussa Bâ (UFP), Sid’Amin O Ahmed Challa et Cheîkh Sid’El Mokhtar O Cheîkh Abdallahi (Adil) qui a été reçu par le président peu avant le lancement de la campagne.

Aziz sur la défensive

Le candidat Aziz arrivé dans la capitale régionale par avion s’est introduit discrètement dans le stade municipal d’Aleg par la petite porte. Le Raîss est quand même entré désemparé dans le stade lorsqu’il s’est séparé de la coordinatrice régionale de campagne du Brakna, Fatimettou Habib.

Aziz a retourné la tête avant de lancer « Fatimetou, Fatimetou, Woînhi Fatimetou » en français « où est Fatimettou » plusieurs fois sans trouver la dame. Un moment de flottement dans la sécurité du Raîss qui patienta pendant quelques minutes avant de retrouver la gynécologue qui a foncé dans sa voiture vers la grande porte où les gens attendaient le président. Les choses vont vite rentrer dans l’ordre tout de même ; Aziz et sa directrice régionale de campagne s’installent ensemble dans la tribune.

D’autres officiels seront malmenés encore avant de monter sur la tribune. De géantes banderoles étaient affichées devant la tribune officielle. Celles des communes d’Agchorguitt, Cheggar, Male, Ouad Amour, Maghta Lahjar, Sangrava, Dionaba, Dieloir, Bababé, Bagodine, du regroupement des Bouratt, des mouvements de soutiens « AGIR pour la République de Bâ Kalidou et Tourad O Mokhtar, Djigo Abdoulaye et consorts», le MIAF (Mouvement Indépendant de Ami Sy), un mouvement crée par la veuve de Diop Mourtodo, les jeunes de Touldé partisans du commissaire retraité Diop Ibrahima, la coordination des cadres de Boghé Escale, les adeptes de Sid’Amin O Ahmed Challa, entre autres.

Dans son intervention devant le public, le président Aziz fortement ovationné par ses supporters, a focalisé son discours sur deux axes : le bilan de ses réalisations et les critiques sévères contre l’opposition actuelle organisée au sein du FNDU. La Mauritanie n’a jamais été aussi bien gouverné a dit le président Aziz. Elle est partie d’une croissance économique négative en 2009 de – 1,1 % pour atteindre en 2013 le chiffre de 6,7% avec un excédent budgétaire de 80 milliards d’ouguiyas dans les comptes du trésor public.

Il a vanté ses réalisations dans le domaine de l’éducation, de l’hydraulique, de l’élevage, de l’agriculture, de la lutte contre le chômage des jeunes, de la santé, de l’environnement, de l’habitat, de la construction des routes, de la lutte contre la pauvreté d’une manière générale. En somme, l’ex-général d’armée qui troqué le treillis militaire contre le boubou civil a peint un tableau vert de la situation économique et sociale du pays en affirmant que celle-ci est vérifiable sur le terrain contrairement au discours mensonger véhiculé par une minorité d’opposants en perte de vitesse.

Il a parlé aussi de l’échec de la « révolution des vieux » dans le pays qui poursuit-il compte 97 partis politiques dont seulement 17 qui ont boycotté l’élection présidentielle actuelle. « C’est une minorité de personnes qui est toujours à Nouakchott qui véhicule un message mensonger qui ne fait jeter le discrédit sur le pays, une opposition en perte de vitesse qui ne cherche que ses intérêts égoïstes». Le candidat Aziz a même incité la foule surexcitée à scander de concert avec lui « non au boycott » plusieurs fois. Boycott prôné par le camp du FNDU. Le tout était soigneusement préparé par la SOMELEC pour une belle prise de vue des images avec un camion nacelle de la société d’électricité qui a permis au cameramen de la TVM de se balader confortablement au dessus du public. Le lendemain, le candidat Aziz a accordé quelques audiences à certains élus de la région.

Bramé charge les Beïdanes et dénonce les pratiques esclavagistes

Le lauréat du prix des Nations Unies pour les droits humains en 2013, Biramé O Dah O Abeîd, le président de l’IRA et candidat à l’élection présidentielle de juin 2014 a commencé son meeting avec un peu de retard. La cause, le refus à la dernière minute du Hakem d’Aleg qui s’était engagé à fournir de l’électricité aux militants de l’IRA à en croire Oudaa Koulibaly, le directeur de campagne à Aleg. N’empêche, dès l’arrivé de Biramé, un groupe électrogène est vite mobilisé et la musique commence à entonner. La foule scandait le nom de Biramé.

Une mobilisation tout de même loin de celle observée la veille avec l’arrivée du candidat Aziz à Aleg. Les Beïdanes, esclavagistes, les sbires du pouvoir et son challenger, le président sortant Mohamed O Abdel Aziz ont été les cibles de Biramé. Après avoir remercié son directeur de campagne à Aleg, ses militants et sympathisants et la presse, il a salué le public en ces termes « Salamoualeykoum Ehel Goueîbine », l’autre nom traditionnel d’Aleg».

Il a fait tout de suite le constat de l’absence de la communauté Beïdanes au meeting qu’il a organisé en affirmant que cela traduit clairement le racisme des Beïdanes et leurs Oulémas qualifiés d’Oulémas (savants) de ventre et de racistes. Il a poursuivi en affirmant que le conseil constitutionnel se compose de 12 membres, tous Beïdanes qui ont validé sa candidature. Et ce sont les Beïdanes qui ont toujours appelé à la mise à mort de Biramé pour avoir brûlé les livres de rite Malikite qui font l’apologie de l’esclavage. N’est-ce pas là le comble de l’hypocrisie des Beïdanes lance t-il à la foule surexcitée. Chers Alegois, c’est moi Biramé qui suis devant vous aujourd’hui pour solliciter vos suffrages dans le but de briguer le fauteuil présidentiel.

Car poursuit-il, depuis l’avènement de Moctar O Daddah, en passant par Moustapha Ould Mohamed Salek, Ould Ahmed Louli, Mohamed Khouna Ould Heydalla, Maouiya O Sid’Ahmed Taya, Eli O Mhamed Vall, Sidi Mohamed O Cheîkh Abdallahi et Mohamed A Abdel Aziz qui sont tous des Beïdanes, un Hartani n’a jamais été président. « Moi Biramé, qui suis esclave, fils d’esclave, mon épouse esclave et nos enfants esclaves », nous allons rentrer au palais présidentiel et nous promener dans la cour » a martelé le militant antiesclavagiste devant la foule. Biramé persiste et signe en scandant haut et fort son slogan de campagne « il est temps », l’esclavage existe en Mauritanie et notre but est de mettre fin à ce phénomène abominable qui existe encore Mauritanie au 21ème siècle.

Biramé n’a pas raté le Hakem d’Aleg qui a privé ses militants d’électricité pendant que le président Aziz utilise les moyens de l’Etat selon ses propres expressions. Biramé a indiqué que c’est une frange importante de la population qui a réclamé sa candidature à cette élection. Fortement acclamé par la foule, le candidat antiesclavagiste a galvanisé ses partisans qui sont repartis rassasiés à la fin du meeting qui a été organisé à la tribune officielle de la Wilaya.

Après Aleg, le candidat Biramé Dah Abeïd a présidé des meetings à Cheggar, Maghta Lahjar, Tadreîssa, Ghweîwatt (des Awabas-colonies de peuplement d’esclaves-). Il a développé les grands axes de son programme et souligné qu'il soumet aux mauritaniens un programme innovant inspiré de l'Islam et centré sur le développement économique, culturel et social.

Se déclarant « candidat de la rupture », Biramé Dah Abeid a indiqué que deux idéologies s’affrontent dans cette campagne électorale. La première est celle qu’il dit incarner, à savoir le respect des droits de l’homme, des libertés et de l’islam. La deuxième idéologie est, selon lui, celle de "l’Etat et ses complices qui encouragent l’esclavagisme et le racisme". Il a appelé les électeurs à voter massivement en faveur du candidat issu des milieux pauvres des faubourgs de Nouakchott afin d’impulser un changement.


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