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17-06-2014

00:29

Qu'est-ce que tu n'as pas écrit, Mariem !

El Boukhary Mohamed Mouemel - Encore, Mariem Mint Derwich à l’œuvre ! une belle artiste, nostalgique, amoureuse, patriote.

Bien ancrée dans sa vision, sa perception de la vie, du pays, du monde, d’elle même…elle est on ne peut plus fidèle à son engagement. A ceux qui se demandaient : pourquoi est ce qu’elle écrit ?

Elle répond, se dévoile, en sculpture, dans sa vérité multidimensionnelle, avec son expression multiforme : terre, ciel, miroir, corps, fleuve, nuit, vent…chaque élément du puzzle en trois vers, en trois termes, en quatre mots, en cinq, en plus, en moins… Peu importe, l’arithmétique des mots.

Une géométrie joliment atypique : en trois, quatre, cinq, six… dimensions. Oui , Mariem, tu écris ta terre, tu brosses ce tableau, beau et complet, de ton pays, le mien, le notre: la Mauritanie authentique, mais complexe et plurielle à l’image du monde.

Tu écris le paysan du fleuve, l’homme du désert, sa condition, son errance, sa fierté aussi en perles bleues.

Tu t’écris toi-même dans ses reflets, en visitant les monuments, les symboles, le passé, l’Histoire, en semant tes miroirs dans les souvenirs.

Tu écris l’espoir, l’avenir, sa beauté et ses incertitudes, en dessinant des aurores en arrondis, en aspérités.

Tu écris le bonheur, la joie, la musique, en te laissant emporter par le vent qui souffle à tes oreilles en notes de tidinits, d’ardines, de koras.

Tu écris l’art, en peintures éparpillées, en calames, en ombres chinoises, en arabesques, en tatouages.

Tu écris l’amour, tu le chantes, tu lui ouvre tes bras, tu le portes, tu l’enfantes.

Immense, Mariem Mint Derwich ! Qu’est ce qui tu n’as pas écrit !

El Boukhary Mohamed Mouemel


Juin 2014
De Mariem Mint Derwich


« Ecritures

J’écris ma terre
comme on dessine des aurores
En arrondis, en aspérités

terre

Je tatoue mon ciel
en poussières éphémères
En cercles, en angles

ciel

Je dessine mes murs
peintures éparpillées
En calames, en ombres chinoises

murs

Je façonne l’homme
en perles bleues
corps absolus, tournoyés

l’homme

Je ris sur les vents, emportée
en murmures , notes
Tidinits, ardines, koras

vents

Je cueille les nuits
Habtas, guerbas, chapelets
Mode blanc, mode noir

nuits

Je joue aux berges du fleuve
enroulée, déroulée
Glaise, rouges, sangs

fleuve

J’enfouis ma bouche, aspirée
aux fourrures des animaux
rahla, voyages, musiques

bouche

Je sème des miroirs
au sommet des dunes déposés
palmiers en bouquets
miroirs

J’ouvre mes bras
immensité

Je te porte, je t’enfante

renaître, à l’infini des couleurs
dans l’odeur de l’encens
et le chant des mosquées

Arabesques et tatouages

J’écris ma terre
».

Mariem mint Derwich



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