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28-07-2014

21:20

Excision, mariage forcé : vigilance accrue en été

JIM - La tradition n’a pas toujours du bon. Selon l’OMS, plus de 125 millions de jeunes filles et de femmes sont victimes de mutilations sexuelles dans 29 pays africains et du Moyen Orient où ces pratiques sont concentrées, avec des variabilités par région, par ethnie et touchant musulmanes, animistes mais aussi chrétiennes car ce geste est plus «traditionnel» que religieux.

La forme la plus courante de mutilations sexuelles féminines (MSF, le plus souvent pratiquées entre l'enfance et l'âge de 15 ans) est l'excision du clitoris et des petites lèvres (dans presque tous les cas).

L'infibulation (15 % des cas), forme de mutilation la plus extrême et la plus à risque de complications, concerne notamment l’Ethiopie, la Somalie, le Mali mais aussi l’Egypte, où la complexité et l’ampleur de la problématique de l’excision a d’ailleurs été révélée par de récentes études : une femme excisée sur cinq dans le monde est Egyptienne !

Et les données manquent encore en Asie et au Moyen Orient. Un autre constat, la recrudescence de la pratique en milieu médical, est d’autant plus choquant que l’on sait les souffrances liées à un tel acte, les complications hémorragiques (parfois mortelles), infectieuses, urinaires, gynéco-obstétricales… sans parler des conséquences psychologiques ou sur la sexualité.

60 000 par an en France

Les fillettes immigrées n’y échappent pas toujours. Si auparavant les parents se cotisaient pour faire venir l’exciseuse dans le pays d’accueil, la médiatisation des procès en France a un effet dissuasif et la mutilation a plutôt lieu en bas âge, lors de retours au pays, par décision des parents ou, contre le gré de l’un ou l’autre, par une autre autorité morale de la famille ou du groupe.

En France le GAMS (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles) estime à 60 000 par an le nombre de femmes excisées ou en danger de l’être, présentes essentiellement dans 9 régions : Ile-de-France, PACA, Rhône-Alpes, Haute-Normandie, Nord-Pas-de-Calais, Poitou-Charentes, Champagne-Ardenne, Picardie et Pays de la Loire.

S’ajoute le risque pour les jeunes filles plus âgées du mariage forcé. Pour les adolescentes de nationalité française mariées sans consentement à l’étranger, la loi française peut, pendant 5 ans, déclarer nul le mariage. Sur place, l’ambassade peut intervenir pour s’opposer à des velléités de mariage forcé. Mais si la fille a également la nationalité du pays de ses parents, l’action sera limitée.

Les pays « à vigilance renforcée » pour ces mariages forcés sont l’Algérie, le Bangladesh, l’Inde, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Pakistan, surtout dans les zones tribales.

Vigilance accrue dans les centres de vaccinations internationales

A la suite d'une saisine faite par le centre médical de l’Institut Pasteur, un groupe de travail associant la Société de Médecine des Voyages a été constitué autour de l'équipe du Défenseur des Droits pour informer les centres de vaccinations internationales (CVI) de ces problématiques, les aider à repérer les situations à risques, assurer la protection des enfants et l'information des familles (pas toujours conscientes qu’il s’agit d’un délit, du moins en France).

Le document élaboré par ce groupe présente les situations devant attirer l’attention, rappelle le cadre juridique de la protection de l'enfance en danger (transmission d’ « information préoccupante » à la Cellule départementale (CRIP) ou signalement au Procureur de la République) et propose un logigramme à compléter avec les ressources départementales dont bien sûr le numéro national enfance en danger (119).

Cette action de vigilance accrue est louable mais ne concerne que les pays où la vaccination contre la fièvre jaune est obligatoire, avec passage obligé en CVI, c’est à dire d’Afrique subsaharienne.

Quant à l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, cela reste l’affaire de tous : n’oublions pas le délit de non assistance à personne en danger.

Dr Blandine Esquerre


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