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15-08-2014

19:28

Mémoire du Terroir : Portrait de Hamadi Diop, un survivant du débarquement de Toulon en 1944

Le Terroir - Dans le village de Douboungué, à 8 kilomètres de Boghé, dans une maison en banco de trois pièces qui résiste encore aux intempéries du climat sahélien, survit encore Hamadi Diop, soldat de 2ème classe portant le N° matricule 86.441, survivant du débarquement de Toulon en Août 1944.

A 94 ans, le vieil homme qui peine tout de même à se déplacer en s’appuyant sur un bâton, parvient à s’exprimer.

Le visage ridé, la vision réduite et les mains tremblotantes, l’ancien soldat de 2ème classe du 6ème régiment, drapé dans un boubou bleu, bonnet blanc sur la tête, barbe poivre sel, s’est engagé au côté de l’armée coloniale le 20 décembre 1941. 

Ainsi, il a successivement servi en Mauritanie, plus exactement à Ford Gouraud, actuel F’Dérick, à Akjoujt, à Atar puis au Sénégal, à Saint-Louis et Louga. Deux années plus tard, le jeune soldat est envoyé en Algérie puis au Maroc où il a séjourné pendant 12 mois entre les deux pays.

En 1944, c’est le grand cauchemar qui débute pour le jeune combattant. Avec les troupes africaines venues prêter main forte à l’armée du général De Gaulle, le soldat de 2ème classe Hamadi Diop embarque dans la ville française de Corse pour la première fois dans l’histoire. Sous les ordres du général Français Magnat, appuyé par les alliés, Hamadi Diop alias Louti fait partie des premiers soldats à fouler le sol de Toulon, débarrassé de la domination Allemande en Août 1944.

Malgré tout ce sacrifice pour libérer la France, l’ancien combattant assis prés de l’une de ses filles et l’un de ses neveux, ne comprend toujours pas la discrimination appliquée par la France entre les soldats africains et les soldats français dans le versement des pensions de retraite.

Chaque semestre, je perçois 120 000 Um et le double en une année fait savoir le libérateur de Toulon qui se désole des promesses non concrétisées par l’Etat français, consistant à améliorer les pensions de retraite des anciens combattants de l’armée française.

A la fin de la 2ème guerre mondiale en 1945, Hamadi Diop, bigame et père de 10 bouts de bois de Dieu dont 6 filles ; est rentré en Mauritanie, sa terre natale où il a continué le service militaire en qualité de goumier supplétif pendant 13 mois.

Daouda Abdoul Kader Diop



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