P., un jeune mauritanien, est venu chercher la sécurité en France. Il y a atterri en février 2014.

En attendant une réponse de l’OFPA (Office français de protection des réfugiés et des apatrides), le Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile (CADA) de Montmarault lui offre l’accompagnement dont il a besoin dans sa demande d’asile.

P. est arrivé en France avec un pied nécrosé, une blessure à la matraque infligée par les militaires.

"(Mon) pays d’origine, c’est fini", confie-t-il au Journal "La Montagne". "Ici, au moins, je suis moi !", lance P., arrêté lors des manifestations, en 2011, liées au recensement national, qu’il couvrait pour une chaîne de télévision.

Il rappelle la situation : "Il y a eu des problèmes. Si tu n'as pas les papiers de ta mère et de ton père, tu ne peux plus être Mauritanien."

Il s'agissait d'exclure une partie de la population, les Maures noirs, à l'approche des élections, explique-t-il. P. fait partie de ceux qui ont été déchus de leur nationalité : "Chez nous, beaucoup n'ont pas les certificats de décès. Ma mère est morte en 2000, mon père, en 1989." P. a laissé sa famille derrière lui. C'est son beau-père qui l'a aidé à sortir de là. L'histoire pourrait figurer dans un film d'espionnage.

La sortie de prison vêtu de vêtements de militaire ; une voiture qui l'attend dehors ; le départ en bateau : « Je ne savais pas où il allait. Un type m'a mis dans une petite chambre ; il m'a dit de ne pas sortir » ; l'arrivée au Havre, ville inconnue au bataillon ; le voyage en train jusqu'à Paris puis Clermont-Ferrand.

C'est là qu’il a démarré son parcours administratif, par le dépôt de son dossier en préfecture, suivie de la recherche d'une place au Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile.

L'État français n'a pas encore statué sur son dossier. P. attend toujours sa convocation.

(Avec La Montagne/France)