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17-09-2014

22:20

L’élevage est né, Vive l’élevage !

Debellahi Abdeljelil - La récente formation du premier Gouvernement Yahya Hademine, a été marquée, dans le cadre de ce qui semble être une volonté d’une meilleure adaptation de la nomenclature gouvernementale aux défis du moment, par certains changements qui ne peuvent pas passer inaperçus.

C’est dans ce cadre que le divorce entre l’Agriculture et l’Elevage a été consommée. Leur mariage ne l’avait été que très peu, aussi bien durant leur longue vie commune, que durant leur concubinage épisodique avec l’Environnement, avant que ce dernier ne soit astreint à une liaison adultérine avec le "Développement durable ?".

L’opération de séparation de ces des siamois qui, ensemble, formaient depuis longtemps le « développement rural », a connu son début de mise en œuvre par la nomination de certains hauts responsables.

Le cordon ombilical est, semble-t-il en train d’être coupé avec la structure source du clone. On peut compter, pour la réussite de cette opération délicate, sur le savoir-faire de Madame la nouvelle Ministre, Gynécologue de son état, et sa dextérité quant à l’utilisation efficiente de ses scalpels, aidée en cela par la courtoisie légendaire et la discipline exemplaire de son collègue de «prédécesseur ».

Si on peut se poser des questions quant à la pertinence d’un tel choix d’organisation pour deux sous-secteurs jusqu’ici réputés complémentaires, on ne peut s’empêcher d’être surpris de le voir opéré à ce moment précis.

1°) Inévitablement, la séparation des structures prendra du temps, aussi bien au niveau central qu’au niveau des relais régionaux et locaux. Au niveau central, la mise en place des structures et moyens du nouveau-né risque de prendre du temps.

Au niveau régional, les services locaux de l’élevage avaient fondu, au cours de l’une des sempiternelles méformes réformes du secteur, dans ce qui s’appelle depuis lors « les délégations régionales du MDR (Ministère du Développement Rural », devenu plus tard MDRE, avant de perdre le E de « son » environnement pour redevenir, une nouvelle fois, le MDR, pour finir ( ?) par se muer, maintenant, en MA (Ministère de l’Agriculture).

2°) La création du Ministère de l’Elevage intervient à un moment où, l’année s’annonce particulièrement difficile pour les éleveurs. Qu’on le dise ou non, la répartition, tant spatiale que temporelle de la pluviométrie au cours de cette saison hivernale, augure d’une rareté des pâturages sur de vastes zones du pays. Aucune région ne semble totalement épargnée.

En plus des maladies qui commencent, déjà, à faire des dégâts conséquents au Brakna, et, semble-t-il, au Hodh aussi.

Il y a besoin pressant, voire impératif, d’une évaluation de la situation, et d’un plan d’intervention qui, s’il n’est pas mis en œuvre avant la fin de l’actuelle année, ne sera plus d’aucun secours. Il sera alors trop tard. C’est le baptême de feu pour Madame la Ministre et son équipe.

La plus grande crainte est que les méandres de l’administration, souvent tortueux, et les arcanes des lignes budgétaires, parfois inextricables, ne laissent pas à la nouvelle équipe en charge de ce sous-secteur le temps de réagir à ce défi qui conditionnera, vraisemblablement, sa réussite (ou non), et le devenir de ce département comme l’une des rares entités de l’Etat, pouvant justifier que les décideurs avaient raison de les « mettre au monde ».

3°) La troisième intrigue, qui peut paraitre anecdotique malgré son sérieux irréfutable, est la dénomination en Arabe, donnée par la presse officielle à notre nouveau-né de Ministère. Elle l’appelle « وزارة Wizarat البيطرة el beytara », au moment où البيطرة veut dire « Médecine vétérinaire ».

L’inquiétude, avec cette appellation, la vocation des responsables aidant, est qu’on se focalisât sur les aspects médicaux et médicinaux, au détriment de la mission fondamentale qui est le développement des ressources animales. Ainsi, on donnerait des priorités aux cliniques, aux Doppler, aux Scanners, et autres IRM et assimilés, alors qu'on est encore très (trop) loin de là.

Il ne serait pas inutile de rappeler que le secteur de l’Elevage, contrairement à ce que pensent certains modernistes peu éclairés, joue un rôle important dans l’économie du pays, et emploie des milliers de familles, dont les membres n’ont d’autres qualifications professionnelles que ça.

Tout effort pour protéger la ressource, optimiser sa production, sécuriser les emplois et revenus qu’elle génère passeront nécessairement, entre autres, par :

•Une protection et une densification effectives du couvert végétal

•Une hydraulique pastorale adaptée aux réalités d’un élevage, pour sa quasi-totalité, encore extensif, et permettant de gérer avec efficience les parcours de transhumance

•La mise en place de structures vétérinaires qualifiées, outillées, et motivées

•Le développement de la recherche et de la formation

•La mise en place d’organisations socioprofessionnelles viables, et entièrement dépolitisées

•La promotion du « consommez mauritanien »

Debellahi Abdeljelil



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