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24-09-2014

13:30

Loupe du "Le Rénovateur" ! : Abderrahmane Cissako , l'universel

Le Rénovateur Quotidien - Notre compatriote Cissako n’est pas homme à présenter. Si en Mauritanie il n’est connu que par une certaine élite francophone, sa renommée dépasse l’Afrique. Son nom résonne dans les grandes manifestations cinématographiques.

L’homme est resté toujours cet artiste à la recherche de l’excellence et de la plénitude dans l’art. Son parcours riche d’un palmarès qui honore la Mauritanie lui a valu aujourd’hui plus d’une consécration.

Ceux qui le regardent par les yeux d’un créateur d’œuvres apprécient en lui ce côté universel qui permet à l’art de toucher à tout et surtout d’humaniser un monde de plus en plus souillé par les violences et l’immoralisme d’un siècle de désagrégation des valeurs.

En revenant au pays pour occuper le poste de conseiller à la Présidence, les plus sceptiques se doutaient peut-être de ses bonnes intentions. Car la politique et l’art font souvent mauvais ménage. Cela est bien arrivé à une de nos sommités cinématographique des années 70 qui a fini par ranger l’art au placard.

Abderrahmane Cissako, lui , a atteint le sommet de l’inspiration pour ne plus se soustraire de la retrouvaille cinématographique.

L’espoir qu’il commence à redonner à la nouvelle génération des artistes du film mauritanien est sublime. Surtout pour un secteur mal loti et même mal aimé dans un pays encore sous l’emprise des préjugés et des archaïsmes traditionnels les plus anachroniques.

L’art cinématographique est devenu le moyen d’expression le plus direct pour changer le visage d’une société moderne assaillie par toutes sortes de contre-valeurs. L’homme qui a réalisé le Film Timbuktu s’adresse à toute l’humanité à travers un message riche en symboles.

C’est l’artiste à la recherche d’une autre manière de recréer les rapports humains sous des visages plus rassurants. Cissako voit se dérouler sous ses yeux le rouleau compresseur avec la montée des extrémismes religieux avec ses menaces et ses lots de malheurs.

Mais avec l’art et ses subtilités les plus raffinées, les vérités se disent avec élégance sans violence ni provocation. Ceux qui ont suivi ce film trouveront que l’artiste a campé son décor là où cela était opportun aussi bien dans le temps que dans l’espace.

En faisant aussi ressortir toute la diversité culturelle d’une cohabitation séculaire où l’image la plus forte demeure la grandeur et la dignité face à l’adversité. Timbuktu c’est cette résistance face à tout ce qui porte atteinte aux symboles d’un héritage millénaire à préserver.

La production cinématographique est splendide quand elle sert à corriger nos vices et à porter très haut le combat au service de l’universel. Il faut dire à juste titre que le travail de notre réalisateur Abderrahmane Cissako permet quelque part de soigner nos blessures communautaristes et à encourager la libération de nos énergies dans la culture à travers ce qu’elle a de plus noble.

Dans un environnement sociopolitique vicié par les conflits d’intérêts et par la recherche des profits mesquins, l’artiste a besoin de nous redonner l’espoir. Cissako a encore sous ailes plein de talent pour accomplir cette mission.

Cheikh Tidiane Dia



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