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02-10-2014

09:35

Professeur Mohamedou Ly, cardiologue : "Il faut travailler à faire de la sous-région une grande destination sanitaire"

Mozaïkrim - Avec une équipe issue de différents hôpitaux français, Mohamedou Ly revient chaque année en Mauritanie, pour à chaque fois opérer une douzaine enfants atteints de maladies du cœur, à l'hôpital Cheikh Zayed, à Nouakchott.

L'occasion pour le chirurgien thoracique et cardio-vasculaire, de rappeler la nécessité "cruciale" de développer dans la sous-région, des pôles d'excellence sanitaire. Rencontre avec un docteur, mais avant tout, un humaniste.

La poigne ferme des chirurgiens, le regard intense des médecins à la recherche de symptômes, et en même temps la douceur qui accompagne les humanistes en quête d'un idéal.

Cette impression se dessine immédiatement et chaleureusement à la première rencontre avec ce grand, costaud, qu'est Mohamedou Ly, à l'hôpital Cheikh Zayed, dans l'aile dédiée au centre national de cardiologie.

Cet idéal, le cardiologue mauritanien l'a fiché dans le choix de son métier, et encore plus dans la structure créée il y a six ans pour venir en aide en Mauritanie aux atteints de maladies du cœur, la fondation mauritanienne du cœur, avec laquelle il organise des caravanes régulières en Mauritanie, avec des médecins étrangers et nationaux pour soigner gratuitement des patients. En partenariat également avec le centre national de cardiologie, le ministère de la santé, celui de l'enfance et de la famille, ainsi que le centre national de cardiologie.

"C'est une fondation à but non-lucratif. On a opéré plus de 200 personnes à Nouakchott ces dernières années. Mais pour cette mission nous avons exclusivement et entièrement dédié nos efforts à douze enfants opérés à cœur ouvert. Tous sont aujourd'hui en bonne santé; surtout que vous devez avoir à l'esprit qu'un enfant opéré est un enfant guéri : Nous opérons sans mettre des prothèses qui mèneraient à mettre en place de coûteux anti-coagulants pour la réalité économique et sociale mauritanienne" explique le chirurgien.

La cardiopathie est la première cause de mortalité dans le monde. Dans les pays en développement, plus d'un million d'enfants attendent d'être soignés. "Malheureusement, 80% d'entre eux n'ont pas accès à ces soins onéreux. Comptez 30.000 euros pour une opération du cœur en Europe. C'est un véritable problème de santé publique" décrit Mohamedou Ly, entouré du professeur Hayat Aiouaz, cardiologue à Brest, et du docteur Hag Bertrand, anesthésiste à Tours, qui l'accompagnent dans cette aventure médicale et humaine en Mauritanie.

Un centre sous-régional de cardiologie à créer

Des coûts et une logistique inabordables pour les malades issus de ces zones du monde, qui n'ont pas accès à la sécurité sociale, ou à des pôles sanitaires sous-régionaux, qui leur permettraient de réduire les difficultés d'accès aux soins.

"Il n'y a aucun centre de chirurgie cardiaque dédiée à l'enfance, dans toute l'Afrique, en dehors de l'Afrique du sud" déplore le mauritano-français. "C'est pour cela que mon grand projet est de mettre en place une structure pour toute l'Afrique de l'ouest. On peut faire de l'Afrique une grande destination sanitaire" martèle le cardio-chirurgien, qui exerce en France, à l'hôpital Marie Lannelongue de Paris, un des plus grands centres de cardiologie d'Europe.

"Il est urgent, pour les malades du cœur, de donner plus d'importance au volet régional. Si chaque pays doit travailler chacun dans son coin, les résultats ne seraient pas probants, et surtout ces travaux nationaux risqueraient de se faire au détriment d'autres atteintes, d'autres pathologies toutes aussi importantes dans nos régions" insiste-t-il.

"Les associations de ce genre, toutes les bonnes volontés qui peuvent les accompagner, avec leurs bâtons de pèlerins, peuvent décharger un peu. Il faut apprendre à travailler ensemble, et mutualiser les efforts en Afrique de l'ouest et au Maghreb, pour un pôle africain d'excellence" assure Mohamedou Ly.

Le professeur n'en veut pour preuve qu'un seul fait : "Il y a des centres de cardiologie qui ferment en Europe et aux États-Unis. Voilà qui démontre qu'il faut ces centres sous-régionaux d'excellence en Afrique, et plus particulièrement dans notre sous-région".

Mamadou Lamine Kane



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