Cridem

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03-10-2014

23:06

Maurichronique : L’ânesse “bleue” est de retour…

RMI Biladi - Notre ânesse ‘’bleue’’ est de retour. On s’est beaucoup inquiété. On a cru à un égarement sans fin. Sans lendemain. On a eu peur. Trop peur. Elle est revenue. Repue. Potelée. Et elle brait désormais avec les ânes. Reprend même ses joies antiques. Des trots pour des raisons qui échappent aux humains que nous sommes.

Mais, non ! Mais, non ! Que dire ? Que dis-je ? J’étais, là. Je n’ai pas quitté le terroir. Oui, de l’embonpoint. Des pâturages dans le pré voisin. Je broutais. Et je disais à chaque fois, comme disaient mes ancêtres, reste à ras le sol, reste à ras le sol.

Et je broute. Et vous, pauvres de vous, inquiets sur mon sort, vous jurez même de mon égarement parmi les campements. C’est dans la poésie, ces choses-là. La fiction. La légende. ‘’Ô ! Dieu fasse que le troupeau de la bien-aimée ne s’égare parmi la confusion des campements et que son ânesse ne trébuche dans ces monts et ravins!’’ C’est de la poésie. Les poètes de vrais désœuvrés.

Je ne suis ni le troupeau de la bien-aimée, qui s’égare, ni son ânesse, qui trébuche. Je suis l’ânesse ‘’bleue’’. Et je suis de retour. Je broutais dans le pré d’à côté. Et je dis à chaque fois à l’herbe, reste, reste à ras le sol. Et vous vous inquiétez ! Et vous, vous dites ras-le-bol !

Je suis devenue sophistiquée. C’est pourquoi vous ne me voyiez pas. Vous cherchiez l’ânesse ‘’bleue’’. Je le suis. Mais sophistiquée. Je vous ai vus passer par-ci et par-là. Vos lampes torches, parcourant de leurs lumières mon pré, m’aveuglaient les yeux, troublaient ma quiétude, et ne me découvraient pas.

Les éclaireurs hélaient, portant des sébiles, dans l’espoir de me faire revenir. Ils remuaient les petites graines, qui émettaient des voix pathétiques et réconfortaient, à chaque fois, parvenues à mon oreille, mon instinct.

Vous cherchiez l’ânesse ‘’ bleue’’. Vous ne cherchiez pas la sophistiquée que je suis devenue. Eh ben, je suis devenue sophistiquée. Je suis une foreuse. Je fore. Je dis ras le sol. Et au bas du sol.

Vous ne voyiez rien. Vous ne sauriez me voir foreuse, parce que vous me cherchiez ânesse ‘’bleue’’, avec vos lampes torches qui n’éclairent que les ânesses, qui trébuchent dans les monts et ravins, ou les troupeaux qui se confondent dans la mêlée des campements.

Je fore. A ras le sol. A ras du fonds. Tous les fonds. Je suis foreuse. Appelez-moi, si vous le voulez bien, ‘’ânesse bleue’’ !

Mouna Mint Ennas



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