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20-10-2014

09:35

Que reste-t-il de la mémoire de Moktar Ould Daddah 11 ans après sa disparition

Sahara Medias - Le matin du 15 octobre 2003, Radio Mauritanie a interrompu ses émissions pour laisser la place à une récitation du Saint Coran, chose qui n’intervient, habituellement, qu’en cas de deuil.

Et c’était effectivement le cas puisque, par décret présidentiel, le deuil venait d’être décidé pour trois jours, sur l’ensemble du territoire national, suite à la disparition du premier président mauritanien, Moktar Ould Daddah. La semaine passée, rien, absolument rien, n’avait troublé le silence qui a régné, comme par le passé, sur cet évènement pourtant d’ampleur nationale.

Seuls les réseaux sociaux ont voulu brisé le silence officiel des autorités. Celui que la plupart des mauritaniens appelaient affectueusement « le Père de la Nation » était décédé un jour plus tôt à l’hôpital Val-de-Grâce de Paris.

A l’arrivée du corps du président à la mosquée Ibn Abass, construite par l’illustre disparu un an seulement après l’indépendance du pays, s’étaient réunis les adversaires politiques du moment, Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya et Ahmed Ould Daddah, son éternel challenger. Les larmes de plusieurs avaient coulé ce jour là.

L’homme symbolisait une longue période de l’histoire de la Mauritanie, qu’il a voulu immortaliser dans son livre « la Mauritanie contre vents et marées ». A « El ba’elatiya », antique cimetière près de Boutilimit, dort désormais le Père de la Nation à côté d’illustres autres disparus de sa famille.

Pas de mausolée, ni aucun signe distinctif, comme le recommande le rite malékite. Seul un écriteau portant le nom et la date de décès de Moctar Ould Mohameden Ould Daddah permet de le distinguer des autres demeures éternelles.

Aujourd’hui, onze ans après la disparition de Moctar Ould Daddah qu’est-ce qui reste de sa mémoire ?

Une avenue dans le quartier chic de Nouakchott et une autre dans la zone pérphérique appelée « tarhil » (déménagement) portent son nom, tout comme une école privée qui se trouve à quelques pas de sa demeure, une Fondation créée par sa veuve Mariem Daddah et, enfin, un livre qui retrace une importante partie de sa vie, ses mémoires « la Mauritanie contre vents et marée ».

D’aucuns pensent que c’est loin d’être suffisant pour rendre hommage à un homme qu’on considère comme le bâtisseur de la Mauritanie, celui qui a rendu possible son indépendance, le 28 novembre 1960.

« Plusieurs grands projets n’ont vu le jour que par sa volonté, telles la création de la monnaie nationale, l’Ouguiya, la construction de la Route de l’Espoir longue de 1200 km reliant Nouakchott à Néma et, plus important, la création ex nihilo de la capitale, réalisations qui font que nous devons toujours nous rappeler de l’Homme », dit Mohamed, un jeune né après le renversement de Moctar Ould Daddah par les militaires, le 10 juillet 1978.

Mohamed Nagi Ould Ahmedou
(traduit de l’arabe par Sneiba)



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