Cridem

Lancer l'impression
26-10-2014

07:30

Insécurité à Nouakchott : Face à l’impuissance publique, la dangereuse montée des milices de quartier

L'Authentique - La montée de l’insécurité à Nouakchott, consécutive à la recrudescence des gangs de malfaiteurs, a poussé certains habitants des quartiers périphériques les plus touchés par la criminalité à monter des comités de vigilance pour prendre en charge leur propre sécurité face à la démission de la puissance publique.

C’est ainsi que des milices d’autodéfense commencent à se développer dans quelques coins reculés de la Capitale, comme à Mellah et Arafat, ce qui ne manquera certainement pas de faire des émules dans d’autres populeuses Moughataas, comme Dar-Naïm, Toujounine, Teyarett, Riadh, Sebkha ou El Mina, soumises elles aussi à la loi des gangs.

Les observateurs voient derrière ce phénomène des milices, les signes avant coureurs d’une déstabilisation sociale qui risque à terme de se militariser ou de déraper vers une sorte de justice populaire.

Aussi, l’interpellation par les autorités policières d’un groupe d’auto-défense formé par des habitants de « Beït Police » à Arafat, qui leur avait livré la semaine dernière un présumé voleur, même si elle a indigné une partie de l’opinion, traduirait une prise de conscience des autorités face à la recrudescence des milices de quartier.

Mais l’argument pertinent des habitants, contraints à cette extrême, est que l’Etat s’est montré jusque-là incapable à assurer la sécurité de ses citoyens, les obligeants à l’assurer eux-mêmes.

En effet, pas une nuit ne passe sans que des familles ne soient agressé dans leur intimité, dépouillé sous la menace d’armes blanches, trucidés ou violé, sans grands risques pour les malfaiteurs, même en cas d’arrestation. Ainsi, la plupart des gangs criminels qui opèrent selon eux, en toute impunité à Nouakchott et à l’intérieur du pays, seraient formés de multirécidivistes endurcis par des peines judiciaires dérisoires et un régime pénitencier qui, loin d’être dissuasif, serait plutôt incitatif.

Nouakchott compte ainsi une importante population criminelle divisée en gangs ou en solitaire. Il y a les spécialistes des vols de voitures, les pickpockets habitués des grands marchés et des véhicules de transport public, les cambrioleurs qui alternent leurs opérations entre vol de commerces et de domiciles.

Il y a également parmi cette faune, les détraqués sexuels souvent déguisés en chauffeur de taxis, les « banquiers » opérant devant les banques de la place et qui une fois qu’ils repèrent un bon « client » le font « embarquer » dans un faux taxi, ou essayent de lui faire croire à une crevaison pour lui chiper son magot. S’ajoutent à tout ce magma d’immoralité, les faussaires, les truands et les escrocs « endimanchés », bon genre bon chic, spécialistes du baratin, les charlatans, les faux médecins, et quelques brebis galeuses des forces armées et de sécurité.

Il existe aussi une grande masse de criminels, la plupart des adolescents. Le mal est si grave qu’aujourd’hui, environ un adolescent sur cinq dans les quartiers périphériques porte sur lui une arme blanche, même en jouant au football ou à tout autre jeu avec les jeunes de son âge. Ainsi, les simples bagarres entre jeunes, souvent au cours d’un match de foot se termine souvent en drame, comme cela s’est passé il y a un mois dans le populeux quartier de Dar Beyda.

Celui qui se promène la nuit à Nouakchott a cependant l’impression que la sécurité est totalement assurée. Sirènes de la gendarmerie fendant l’air, dans les principales artères, cars de la garde pointé dans plusieurs carrefours, véhicules de police sillonnant certaines grands tronçons.

Mais plus la nuit tombe, plus les axes sont désertés par toute présence des forces de l’ordre. Partout, la présence des forces de sécurité remarquée en début de soirée, laisse la place au vide. Commence alors le règne des malfaiteurs et la terreur des habitants livrés seuls à leur sort.

MOMS



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org