Cridem

Lancer l'impression
27-10-2014

21:30

Assainissement de Nouakchott: Chronique d’une bataille perdue

Le Rénovateur Quotidien - Quand les populations de Nouakchott ont constaté le retour rapide des ordures et la progression grandissante des poubelles nauséabondes, elles ont vite réalisé que le départ de Pizzorno était une réalité fatale. En quelques jours la ville renoua avec la charogne.

Le nouvel acteur de l’hygiène publique qui n’est d’autre que la CUN entra alors en action avec les moyens de bord.: Pelleteuse, camions, citernes et autres outils de nettoyage et d’évacuation du solide et du liquide sont mis en branle par l’autorité centrale de l’assainissement de la capitale.

Il fallait parer au plus pressé pour circonscrire la catastrophe environnementale qui couve . Des marchés seront signés avec des prestataires sans expérience qui se partagent les contrats selon les différents domaines d’intervention. La CUN aligna ses équipes d’agents et superviseurs qui se lancent à l’offensive.

S’engage alors une bataille acharnée contre des tonnes de saletés jetées partout dans les endroits les plus visibles de la capitale. De jour comme de nuit les opérations de collecte et de dépôt hors de la ville des ordures se poursuivent sans relâche.

Les semaines passent, les mois mais les soldats de l’assainissement à bout de souffle n’arrivent pas à stabiliser les foyers d’ordure qui reviennent au galop. La facture financière atteint un niveau qui commença à donner du tournis aux autorités publiques. Les critiques fusent partout pour dénoncer l’impuissance de la CUN transformée en guichet de payement de ses créanciers. Pour se justifier la Présidence de la CUN évoqua l’augmentation des foyers d’ordure et l’extension de la ville.

Sans convaincre surtout sans changer l’image que commençait à avoir Nouakchott depuis que Pizzorno s’est installée à Nouakchott. Les populations de certains quartiers sortent de leur silence et s’opposent à toute volonté des pouvoirs municipaux à polluer l’air ambiant qu’elles respirent. Après une âpre bataille, la CUN érige d’autres endroits en dépôt d’ordure.

Rien n’y fait la CUN n’arrive pas à trouver les bonnes pratiques de préservation de l’environnement contre la pollution. À mesure que le combat se poursuit, la bataille contre les ordures révèle d’autres zones d’ombre dans la politique d’improvisation qui ne fait que plonger la capitale dans un océan de « Mbalit ». Mais à force de vouloir s’entêter et refuser de trouver d’autres partenaires professionnels, la trésorerie de la CUN se vide de ses sous sans aboutir aux résultats escomptés. Sachant que le temps joue à sa défaveur, la CUN perd les pédales et s’enfonce dans ses propres détritus.

L’état à la rescousse

En lançant tambours battants une campagne d’assainissement de la ville de Nouakchott baptisée par toutes les expressions « ville propre », « lutte contre la pollution », les autorités renouent avec les mêmes méthodes contre-productives derrière lesquelles un volontariat de façade occasionne des dépenses exorbitantes.

Le citoyen ignore-t-il que cette vaste opération qui doit durer deux semaines a son prix en termes de dépenses publiques ? De l’argent qui pouvait bien compléter le reste du financement d’un possible partenariat que la CUN a tout le loisir de signer avec d’autres prestataires étrangers dont l’expérience avérée dans le domaine de l’hygiène réglerait cette situation.

La lutte contre l’insalubrité n’est pas un simple exercice de divertissement où il faut mettre en avant des cadres et agents de l’état venus passer quelques temps de simulations que d’être en mesure de remplacer des ouvriers rompus aux travaux physiques. L’exemple d’un président entouré de son gouvernement sous les caméras de télévision a tout de l’allure d’une campagne politique que d’une offensive sérieuse contre les ordures.

Il est plus responsable de cesser de duper le peuple qui a élu ses responsables dans le but de lui assurer les services publics qu’il faut. Une obligation qui n’arrive pas à se réaliser. La communauté urbaine de Nouakchott n’a plus d’arguments à faire valoir pour masquer son échec cuisant. La meilleure solution est de rétablir les liens avec Pizzorno ou d’un quelconque repreneur qualifié pour régler définitivement cette problématique au lieu de jouer à la « bonne- fausse » ménagère.

Amadou Diaara



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org