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31-10-2014

06:45

La SNIM est vendue en pièces détachées

Mohamed Ould Salek - J’ai déjà écrit sur ce portail plusieurs articles, par lesquels je tirais la sonnette d’alarme sur la mauvaise gestion, l’incompétence et le mauvais jugement de l’ADG de la SNIM, Md Abdellahi Ould Loudaa.1

Mais le Président Aziz a la manie de s’accrocher à des responsables incompétents, mal aimés et de préférence, comme Ould Loudaa, avec un passé de malhonnêteté qui les rend vulnérables, peu crédibles et donc soumis à son bon vouloir, caprices et écarts.

Aujourd’hui, la SNIM agonise et se meurt, faute de compétences, faute de stratégies, faute de contrôles, faute de leadership capable de la mettre à l’abri des voracités des politiques et des politiciens macabres, à l’instar du Président Aziz.

Président Aziz, qui a pris lui-même, sans expertise aucune, les rênes de la gestion de la SNIM, en implantant solidement les membres de sa propre famille, de surcroit incompétents, aux postes clefs de celle-ci, et ce, aussi bien en amont qu’en aval.

Mais ce que bien de gens en Mauritanie ne savent pas, c’est que la SNIM n’existe plus au sens propre du terme et son démantèlement s’est fait en catimini!

De fait, la SNIM existait comme un ensemble intégré de compétences, de capacités et de moyens. Or, sous la direction de Ould Loudaa, cet ensemble s’est désagrégé, voire voler en éclat.

I-Compétences :

Lors de sa désignation à la tête de la SNIM, Ould Loudaa a trouvé devant lui au sein de cette société nationale un ensemble important de cadres, de gestionnaires et de techniciens compétents formés par et pour la SNIM, imbibés d’une culture de loyauté à la société et rien d’autre. Parmi ces cadres, certains étaient ses supérieurs hiérarchiques et d’autres ont été même à la source de son congédiement de la SNIM pour malversations avérée et consommées.

Complexé et rancunier comme il est, Oud Loudaa a commencé par centraliser à outrance entre ses mains tous les aspects de la gestion financière, technique et administrative de la société pour consacrer la plus part de son temps aux activités politiques et partisanes. Par la suite, il a procédé au démantèlement, l’un après l’autre, des cadres de la société qu’il trouve nuisibles à son jugement et à sa crédibilité compte tenu de son passé.

On a qu’à penser à Khlaffa, Ould Tleimidi, Yahya …etc, pour ne citer que ceux-là. Et ceux qui y sont restés à leurs postes, l’ont été grâce uniquement à leur filiation à la tribu de Ewlad Khailan ou encore à leur incompétence notoire bons à exécuter les ordres sans poser une question. Une situation chaotique qui a donné lieu au célèbre «Manifeste des cadres de la SNIM marginalisés sous Ould Loudaa». 2

Quant aux techniciens, on connaît la triste et tragique histoire: des grèves successives qui ont données lieu à un désordre inqualifiable, notamment le saccage et la mise à feu du siège de la Wilaya de Tiris-Zemour, le vol de plus de deux km de câbles électriques de haute tension sur le site de l’exploitation de Guelb et l’arrêt total de la production pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.3

Et pour arroser le tout, l’étalement au grand jour d’un système de recèle, de stockage et de revente, sur le marché africain, de pièces détachées de la SNIM; système que certains affirment que Ould Loudaa en était complice, puisque la grande quantité retrouvée de matériels volés n’avait jamais fait l’objet de plaintes ou dénonciation auprès des autorités locales!? Comme on dit, «chassez le naturel il revient au galop»!

II-Capacités:

Sur le plan des capacités, en dehors de la désinformation éhontée, la SNIM n’en a plus! Le projets de Guelb2 est déraisonnablement en retard, si bien que les observateurs et experts avisés se demandent sérieusement sur sa rentabilité et sa pertinence au jour d’aujourd’hui, compte tenu des coûts faramineux que ce projet a engloutie, lesquels dépassent largement les prévisions et les attentes les plus pessimistes des bailleurs de fonds.

Les groupes électrogènes de la centrale électrique tombent en panne les uns après les autres. Le Société Allemand qui a livré ces groupes, par une filiale française, n’a pas été payée et refuse d’honorer la garantie, puisque les groupes ont été mal entretenus et croupissent sous la poussière paralysante de l’usine adjacente de Guelb1.

III-Moyens:

C’est là où le bas blesse fortement et fatalement! Comme on le sait, les moyens dont dispose la SNIM pour rester en vie, se composent essentiellement des trois pôles suivants:

-la motivation de ses ressources humaines

-les moyens de production

-la valeur de ses gisements.

Or, à y regarder de prêt, ni l’un ni l’autre de ces pôles majeurs de la SNIM ne tient la route aujourd’hui.

Relativement aux degrés de motivations des ressources humaines, on a qu’à jeter un coup l’œil sur les conflits de travail récurrents et insolubles. Le «Manifeste des cadres de la SNIM», signalé plus haut, et les grèves à répétition, dont la dernière est encore en cours avec la marche des agents sur Nouakchott, en sont la preuve irréfutable et un signe évident de démotivation.

Les gens de la SNIM, leurs familles et les citoyens de Zouerate attendent encore et toujours des branchements au réseau électrique, de l’eau potable qui n’arrivent pas et peut être n’arriveraient jamais. Et même si ces services d’électricité et d’eau potable arrivent à être mis à la dispositions des citoyens de Zouerate, ce qui est peu probable, la SNIM a décidé de les proposer à des tarifs prohibitifs, ce qui va certainement donner le coup de grasse à la SNIM avec ses employés et les familles de ses ouvriers.

Et que dire des cités résidentielles de la SNIM, lesquelles tombent en décrépitudes, alors que les 300 logements promis depuis bientôt cinq ans se font encore et toujours attendre.

Quant aux moyens de production, outre l’absence de stratégie, il est inutile de répéter le constat exposé plus haut relatif aux projets de Guelb2.

Pour ce qui est du chemin de fer, il a été cédé par bail emphytéotique à la société Suisse Gleencore pour l’exploitation de ses gisements d’Asskaff et El-Oujj, bien que cette société envisage retarder, voire abandonner, ses projets en Mauritanie.

Certes, l’ADG Ould Loudaa nous martèle sans gêne l’importance de son plan «NOUHOUD», lequel n’existe que dans son imagination fertile de contre-vérités. Un seul indicateur suffit pour s’en rendre compte de cette supercherie! La Direction-garage du «développement stratégique», à laquelle l’ADG a envoyé Ould Tleimidi du Pôle de Production, est complétement inactive. Pas même une secrétaire au travail! Et depuis le départ de Ould Tleimidi à la SMH, personne n’a été désigné pour le remplacer à cette direction fantôme.

En fait, on se rend compte maintenant que c’est une direction punitive qui a été crée juste pour le dessein cynique et revanchard de Ould Loudaa et n’a rien à avoir avec un développement stratégique quelconque de la SNIM.

Pour ce qui de la valeur de ses gisements, la SNIM nous laisse croire qu’elle possède aujourd’hui deux (2) importants gisements sur lesquels elle table pour se hisser au Top 5 de l’industrie: Tizirghaf et Eloujj.
Malheureusement, ces deux gisements n’appartiennent pas à la SNIM. Tizirghaff a été vendu aux saoudiens sans que personne ne dit mot!! Quant au projet Eloujj, la SNIM le détient en joint-venture avec la société Gleencore, pour lequel elle a obtenu le bail sur le chemin de fer.

Donc, la SNIM n’a pas de gisements stratégiques qui lui assurent sa survie sur le long terme.

Oui, à court et à moyen termes, la SNIM exploite toujours les autres gisements, soit celui de Guelb et celui de Lemhewdatt. Mais, la durée de vie de ces gisements arrive à grand pas! Quant à Tazadit Underground, il n’est d’aucune importance avec ses possibles quatre (4) tonnes, dont les chinois se taillent la part du lion.

Or, sans gisements, la SNIM n’existerait pas et n’aurait aucune raison d’exister.

La cession de ses gisements est une vente déguisée et indirecte de la Société nationale mauritanienne et sa raison d’être. Tout le reste de ses actifs ne valent RIEN: du matériel roulent en désuétude, qui ne devait sa survie qu’au prix élevé du fer sur le marché international. Maintenant que le prix est en chute libre, la mort cogne à la porte. Quant à sa ressource humaine, elle a commencé à s’éparpiller sur les autres concurrents, plus respectueux et plus payants.

En conclusion, Ould Loudaa et le Président Aziz ont vendu la SNIM en pièces détachées, de façon indirecte et déguisée, et ce, sans que personne n’y prête attention, compte de la subtilité et la complexité de la manœuvre.

Le plus choquant, c’est de voir l’ADG Ould Loudaa louangé le Président Aziz pour avoir sauvé la SNIM de la vente sous la présidence de Ould Cheikh Abdallahi, alors qu’ils ont fait exactement la même chose! À la différence que Aziz a emprunté un chemin serpenté, sous-terrain et invisible à l’œil nu. Evidemment, il est à se demander combien cette vente, faite dans les entrailles des fosses, leur a rapporté? Chose est certaine, ils n’ont pas pensé aux milliers de familles qui en dépendent, ni aux intérêts suprêmes de la Mauritanie, encore moins à ses intérêts stratégiques intergénérationnelles.

Mohamed Ould Salek

Zouerate


zoueratt1@gmail.com

Notes :

1) http://cridem.org/C_Info.php?article=650907

http://cridem.org/C_Info.php?article=650722

http://cridem.org/C_Info.php?article=650622

http://cridem.org/C_Info.php?article=650456

http://cridem.org/C_Info.php?article=649943

http://cridem.org/C_Info.php?article=649244

http://cridem.org/C_Info.php?article=643527

http://cridem.org/C_Info.php?article=642305

2) http://fr.alakhbar.info/8213-0-Mauritanie---SNIM-manifeste-des-cadres-marginalises-sous-lADG-Ould-Oudaa.html

3) http://www.mauriweb.info/index.php/actualite/2363-zouerate-snim-les-employes-determines-a-poursuivre-leur-debrayage-apres-lechec-des-premieres-negociations.html



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