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20-11-2014

21:00

Télécommunications : Chinguittel, l'Achille de la guerre des trois

Mozaikrim - Dans la guerre de marché que se livrent les trois opérateurs de télécommunication en Mauritanie, force est de constater, que Chinguittel est le leader (et de loin) en termes de qualité, ce que d'ailleurs rappelle régulièrement l'autorité de régulation économique. A côté, Mattel notamment (re)-fourbit ses armes pour un marché quasiment saturé aujourd'hui. Et Mauritel se repose sur ses lauriers.

Mauritel est le leader des télécommunications en Mauritanie, par rapport aux parts du marché qu'elle détient à 55%. Mattel et Chinguittel se partage les 45% restant.

Mais sur l'autel de la qualité, trône Chinguittel, comme le rappelle encore indirectement l'autorité de la régulation économique, dans son dernier rapport de contrôle de la qualité des réseaux des opérateurs, en date d'août 2014, où elle constate (encore et encore) des manquements de Mauritel surtout, et de Mattel, au niveau de la qualité des services et réseaux dans certaines localités.

Les mêmes griefs sont toujours retenus ; particulièrement plus prononcés à l'endroit de Mauritel. En effet, le niveau du taux de perte d’appels, jugé le plus pertinent et reflétant au mieux la qualité de service perçu au quotidien par les usagers, est en moyenne, de 32% pour Mauritel, 22% pour Mattel et 7% pour Chinguitel alors que ce taux devrait rester inférieur ou égal à 5%. Ces taux doublent littéralement en période d'offres promotionnelles, beaucoup plus pour Mauritel.

D'où la nouvelle cascade d'amendes, après avoir constaté dans les lettres de commentaires envoyées par les deux opérateurs, la «non-pertinence» des justifications de ceux-ci : plus de 263 millions UM pour Mauritel, et 85 millions UM à l'encontre de Mattel.

Rien pour Chinguittel pour cette fois. Et c'est une récurrence dans le secteur. Mauritel étant la structure cumulant les amendes annuelles les plus importantes. Interrogée sur la question, la société mauritano-marocaine, au travers d'un contact avec sa direction commerciale, n'a pas répondu à la sollicitation d'un entretien.

La guerre des prix et des services

Le prix moyen (calculé sur la base des prix pour chaque zone géographique) d'un appel à l'international à Chinguittel est de 278 UM, contre 308 pour Mattel, et 396,7 pour Mauritel. Le SMS est à 11,8 ouguiyas à Chinguitel quand on l'envoie vers les concurrents, et 10 sur le réseau de l'opérateur soudano-mauritanien, contre 17,5 à Mattel et 23,6 à Mauritel quand le SMS est envoyé aux opérateurs concurrents, et 11,8 de Mauritel à Mauritel.

La guerre des prix est objectivement gagnée par Chinguittel. Qu'en est-il de l'offre et de la qualité des services ? Pour la pléthore d'offres, Mauritel a probablement un coup d'avance, affinant régulièrement son panier vers les clients. Mattel s'y met plus dynamiquement depuis le début d'année 2014, et avec une facturation à la seconde, Chinguittel tacle quand même ses deux concurrents directs.

«Toutes les offres promotionnelles que vous voyez régulièrement fleurir, concrètement ne font pas gagner tant que ça au client, sans une facturation à la seconde. Deux éléments alliés rendraient vraiment service au secteur. Une facturation à la seconde, que Chinguittel pratique déjà, et un nivellement des prix à la baisse.

A ce moment-là, le consommateur sera gagnant sur tous les fronts, ainsi que les opérateurs d'ailleurs, qui se ofnt actuellement des marges démentielles par rapport à un cahier de charges globalement non respecté»
argue un spécialiste de la question qui a requis l'anonymat.

Un secteur en mue

Un moment envisagé comme à vendre, Mattel ne le serait plus. Cette cession qui a fait tendre l'oreille de grands opérateurs comme Orange, faisait suite aux faibles performances de Mattel, qui détient à peu près 20% du marché, et résultant en partie d'une politique commerciale qui a trop longtemps joué la carte désuète de l'élitisme.

Mais l'arrivée de la fibre optique par le câble marin ACE (African Coast to Europe) laisse entrevoir pour tous les opérateurs, dont Mattel, une perspective de croissance relancée pour un secteur qu'on disait «saturé», et boosterait le potentiel d'un marché mauritanien à présent estimé à 187 millions d'euros par an. Ce que laissait entendre Yahya Galledou, le directeur des réseaux à Mauritel dans un entretien il y a un an à Noorinfo.

D'un autre côté, les licences GSM accordées en 2000 aux opérateurs Mattel et Mauritel, dans le cadre de la politique de libéralisation du secteur des télécommunications, arriveront à terme respectivement les 3 juin et 17 juillet 2015. Une lettre de demande de renouvellement de licence est attendue par l'ARE de leur part, renouvellement a priori acquis.

A priori seulement pourrait-on dire devant l'évocation persistante en coulisses d'un quatrième larron, proche des autorités actuelles. Ce qui placerait probablement Mattel dans une situation délicate étant l'opérateur le plus friable actuellement...



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