Cridem

Lancer l'impression
28-11-2014

20:30

M’Bareck Beyrouk : à quoi a servi cette « modernité » qu’on a si vite embrassé?

Adrar-Info - L’autre jour, à Atar, j’ai rencontré un vieil ami. Cela faisait plus de quarante années que je ne l’avais pas vu. C’est lui qui m’a reconnu. On avait fait les premières classes ensemble. En fait, il était venu à Atar pour aller à l’école.

Ses parents nomadisaient dans l’Amessaga, la bordure de désert qui avoisine l’Adrar. Il passa une ou deux années avec nous, puis il retourna là-bas. Et depuis…Mais voilà: quarante cinq années après, il était là, devant moi.

Nous sommes allés prendre un thé ensemble. Nous avons longuement parlé. Parlé? Je ne sais pas si nous partagions vraiment la même langue. Il utilise des mots que je ne connais pas. Il use de métaphores inattendus. Il fait des rapprochement que je ne saisis pas dés le premier abord.

Il faut connaitre la vie du grand désert, les chameaux, les herbes de là-bas, les campements, pour vraiment comprendre les comparaisons qu’il fait. Son langage est poésie. Et il a une manière très particulière de peser sur les mots, pour les charger on dirait,pour leur donner une autre signification, les colorier aussi un peu.

Deux choses m’ont frappé -D’abord son physique. Il est un peu plus âgé que moi, mais il paraissait beaucoup plus jeune. De dix ans au moins -Ensuite l’espèce de sourire qui transparaissait sur son visage, mais aussi dans son allure, dans ses gestes.

C’est un homme heureux, accompli, tout simplement Et depuis je ne cesse de me poser la question: à quoi ont servi toutes ces années d’étude, à quoi a servi cette « modernité qu’on a si vite embrassé? A quoi ont servi ces cris que l’on pousse pour un meilleur bien-être,toutes ces lectures, toutes ces écritures.

Mon ami Saleck, chamelier de son état,ne connaissant ni l’électricité, ni Internet, ni face-book,ni ces mille « commodités qui nous abreuvent, mon ami Salek, je vous dis, ne connait rien de tout cela. Et j’ai bien l’impression qu’il a mieux mené sa vie que moi , que tous ceux que j’ai connu, et que vous tous, gentils face-bookers.

J’appelle donc la civilisation d’aujourd’hui à plus de modestie. » Tout doux, je lui dit tu as construit des choses énormes,fantastiques, mais l’homme, tu l’as peut être oublié! »




Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org