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19-12-2014

04:30

Mauritanie/UE : Plus d’accord de pêche !

RMI Biladi - L’accord de pêche qui unissait notre pays à l’Union européenne a expiré mardi dernier à OH. Les ponts entre les négociateurs des deux parties sont coupés depuis l’échec du dernier round de négociations tenu à Bruxelles.

Une situation inédite dans les rapports entre les deux partenaires. Les mauritaniens perdent de facto une contre partie financière dont ils auront fortement besoin au cours l’année prochaine. Les armateurs européens, eux, perdent l’accès à des eaux présentées comme les plus poissonneuses du monde. Est-il possible qu’un nouvel accord de pêche intervienne dans le temps mort ? Ou s’achemine-t-on vers une rupture définitive ?

Un accord – ou plutôt désaccord- qui a fait coulé beaucoup d’encre et provoqué – et provoquent toujours- tant de polémiques dans notre pays. Et ailleurs… C’est carrément le blocage entre les mauritaniens et les européens par rapport au renouvellement de leur accord de pêche qui est arrivé à terme le 15 décembre 2014. Un accord – ou plutôt désaccord- qui a fait coulé beaucoup d’encre et provoqué – et provoquent toujours- tant de polémiques dans notre pays. Et ailleurs…

Apparemment les deux parties ont buté, dès le départ, sur un seul et unique point : la contre partie financière. Au lieu d’un peu moins de 70 millions euros, les européens ont proposé 42 millions euros.

Franchement, beaucoup moins que ce qu’attendait la partie mauritanienne qui a été encore sonnée de présenter les justificatifs pour l’utilisation des fonds européens prévus par l’accord et destinés à la formation ou à l’appui du secteur des pêches.

Cette proposition au minima n’a bien sûr pas plus aux négociateurs mauritaniens qui étaient pourtant prêts à reconduire l’ancien accord et ses amendements, tant ils estimaient qu’il les favorisait bien au niveau de la contre partie financière qu’au niveau du cota des marins embarqués sur les navires européens. Mais ils redoutent plus fortement l’exigence de justifier les autres sommes disparues, sans laisser de traces…

La rupture n’a apparemment pas provoqué une crise au niveau de l’emploi, comme cela fut le cas en 2012 lorsque tous les bateaux étrangers avaient décidé de sortir de la zone de pêche mauritanienne dans un mouvement de protestation générale contre certaines clauses de l’accord de pêche UE/RIM 2012-2014 qui venait tout juste d’être signé. Et que la partie mauritanienne a célébré et continue encore de le fêter comme une victoire éclatante de nos négociateurs. Ou plutôt leur chef.

Cela s’explique par le fait que certains bateaux européens, qui ont commencé à pêcher dès l’annonce de la conclusion de l’accord, ont vu leurs licences expirer depuis le mois d’août dernier.

Ce qui, naturellement, a réduit aujourd’hui considérablement le nombre de navires européens qui étaient présents actuellement dans nos côtes. A part les crevettiers, à peu près une dizaine, il n’y avait que très peu de bateaux européens chez nous.

En plus, le départ des bateaux de l’UE est plus ou moins atténué par l’existence d’autres bateaux qui pêchent sous le régime des licences libres. Particulièrement des navires appartenant à des armateurs originaires des pays de l’ancienne Europe de l’Est.

Jusqu’à présent, donc, le départ de la flotte européenne de nos eaux ne s’est pas encore senti au niveau le plus sensible : l’emploi. Mais cela ne veut pas pour autant dire qu’il n’a pas d’effets négatifs sur notre pays.

Au contraire, il nous fait bien perdre des emplois. Et plus que cela, beaucoup d’effets induits. Mais la question qui demeure posée est de savoir si notre pays peut réellement s’en passer d’accord de pêche avec l’Union européenne. Dans la sous région, on a vu l’exemple du Maroc qui a rompu son accord de pêche avec l’UE pendant plusieurs années. Sans que cela l’affecte outre mesure.

La Mauritanie est elle capable de suivre son exemple ? Difficile à en croire, tant il est vrai que l’apport du secteur de pêche dans l’économie marocaine est beaucoup plus modeste que la contribution du même secteur dans l’économie mauritanienne.

Alors peut-on croire encore à la possibilité de la signature d’un nouvel accord de pêche Mauritanie/UE ? Rien n’exclut cette perspective, même si une intervention au niveau politique ou diplomatique est nécessaire pour débloquer la situation.

On parle déjà, dans ce cadre, de l’arrivée imminente d’un émissaire européen en vue de rencontrer les autorités mauritaniennes et, pourquoi pas ?, résoudre le différend. On sait que le chef de la mission européenne à Nouakchott s’est réuni avec le ministre des pêches avant que lui, et ses pairs européens accrédités à Nouakchott, voient le PM…

C’est peut être juste une question de temps et de psychologie… Et un nouvel accord pourrait intervenir. Objectivement, pas d’éléments majeurs qui empêchent le retour à l’entente et à un partenariat équilibré.



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