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20-12-2014

22:00

Mauritanie : Les eurodéputés en lutte contre l’esclavagisme [Vidéo]

La Libre Belgique - Une sévère résolution condamnant la persécution des antiesclavagistes mauritaniens a été votée jeudi par le Parlement européen.

Les eurodéputés ont voté jeudi une résolution qui avait été proposée par les sept groupes politiques du Parlement européen. Il concerne l’esclavage en Mauritanie, le pire pays du monde en la matière, et appelle les autorités de Nouakchott à libérer 17 militants antiesclavagistes, dont Biram Dah Abeid, prix des Droits de l’homme de l’Onu en 2013.

Ils ont été arrêtés ces dernières semaines, dans le cadre d’une recrudescence de la répression contre la campagne pacifique antiesclavagiste. Les ennuis ont repris après une conférence de presse de Biram Dah Abeid, 49 ans, président de l’organisation antiesclavagiste IRA, fin octobre, pour rendre publique une déclaration des élus de Chicago appelant la communauté internationale à mettre fin à l’esclavage en Mauritanie, où il touche de 4 à 20% de la population, selon les sources.

Prêche contre les antiesclavagistes

Le mufti de la Grande Mosquée de Nouakchott – propriétaire de nombreux esclaves, selon l’IRA – s’en est alors pris aux membres de ce mouvement, appelant à les tuer. Des fidèles haratines (ethnie noire dont sont issus les esclaves; 40 à 60% de la population) se sont élevés contre les propos de l’imam; ce fut aussi le cas dans plusieurs autres mosquées où l’on prêcha contre les antiesclavagistes. Des personnes qui se sont opposées à ces prêches ont été arrêtées, ainsi que des participants à une marche antiesclavagiste dans la vallée du fleuve Sénégal.

La résolution du Parlement européen est très nette – malgré l’envoi lundi à Strasbourg d’une délégation mauritanienne conduite par le commissaire aux Droits de l’homme de Nouakchott. Elle “condamne sévèrement” l’arrestation et la détention de Biram Dah Abeid et ses compagnons de lutte et appelle “à leur libération immédiate”. En outre, le texte incite Nouakchott à “poursuivre les officiels qui ont été impliqués dans les violences et la torture” de certains des détenus.

Plus largement, la résolution condamne “toute forme d’esclavage” et appelle les autorités mauritaniennes à cesser toute violence contre les protestations pacifiques; à “autoriser la liberté de parole et de réunion” que la loi mauritanienne permet en théorie; à lutter contre l’esclavage; à donner accès à tous à la propriété de la terre ainsi qu’à l’éducation “afin que les anciens et actuels esclaves, ainsi que leurs enfants” aient accès à un emploi.

Hypocrisie de la diplomatie européenne

Enfin, la résolution presse le service diplomatique de l’UE d’“accroître ses efforts face à l’esclavage en Mauritanie”. Il y a quelques jours, le Représentant spécial de l’UE pour le Sahel, Michel Reveyrand de Menthon, interrogé lors d’une conférence de presse à Nouakchott sur la persistance de l’esclavage dans le pays, n’avait rien trouvé de mieux à répondre – pour la plus grande honte de l’Europe – que: “Je ne sais pas. Je suis incapable de me prononcer là dessus…”

Marie-France Cros

ENCADRE

Procès irrégulier reporté

17 militants de l’IRA arrêtés devaient comparaître jeudi devant la justice à Rosso (à la frontière sénégalaise où a eu lieu une marche contre l’esclavage). La défense en a obtenu le report au 27 décembre pour n’avoir pas été prévenue officiellement et avoir le temps de voyager jusqu’à Rosso.

Ils sont poursuivis pour appartenance à une organisation non reconnue (“la demande n’a jamais reçu de suite”, dit un des avocats à La Libre Belgique) et rassemblement non autorisé. “Ils ne doivent pas être autorisés. On doit en informer les autorités, ce qui avait été fait”, ajoute-t-il.

MFC






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