Cridem

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26-01-2015

09:54

Danse avec les fanatiques !

L'Authentique - Aux questions fondamentales de survie que se posent les populations mauritaniennes, le président Ould Abdel Aziz a donné sa réponse en procédant à un remaniement, premier du genre, du tout nouveau Premier ministre Yahya Ould Hademine.

Pour autant, tout le monde est d’avis que ces retouches ne seraient pas la véritable réponse aux multiples problèmes auxquels fait face le pays. Au mieux, c’est un réajustement maladroit sur un mur déjà très lézardé, car très mal posé dès le départ. Partant, il s’agit bel et bien d’un non évènement ; et cela à plusieurs titres.

D’abord parce qu’il intervient au moment où le clan extrémiste du système a définitivement repris les choses en main, ajoutant des braises à une tension déjà très forte et perceptible à tous les nivaux d la vie politique et sociale du pays !

Ainsi, le jugement hâtif suivie de la condamnation contre Ould M’Khaitir, le verdict inique contre Biram Ould Dah Ould Abeid, Djibi Sow et Brahim Ould Abeid, ainsi que les arrestations systématiques de tout ex-rapatrié qui présente un jugement du cadi de Boghé pour obtenir les papiers de ses enfants et les instructions données à d’autres centres de remettre en cause l’enrôlement de certaines catégories de la population qui se présentent pour régulariser leurs progénitures, pour ne parler que de ceux-là, mettent hautement en cause la stabilité dans le pays.

A tout cela s’ajoutent les discriminations, les vexations, les privations et l’instrumentalisation raciale et idéologique de la justice contre les adversaires politiques !

Aujourd’hui, la Mauritanie vit l’une des phases les plus cruciales de son histoire. Le régime en place navigue dangereusement à vue. Il tâtonne et n’hésite pas de convoquer la plus sensible des fibres sectaires et racistes pour s’imposer face à une classe politique de plus en plus courroucée, laissant le flanc à l’éclosion d’une radicalité religieuse à de forts relents agressifs et terroristes.

Cette radicalisation entretenue et sponsorisée par le système qui semble brusquement reprendre forme, commence à prendre le dessus sur toute réflexion lucide sur l’avenir du pays. Les fanatiques dictent leur loi. Mine de rien, ils gagnent du terrain. Et à une vitesse de croissance de plus en plus exponentielle. Encouragés en cela par les déclarations subites du Chef de l’Etat à chaque fois que les intégristes agitent la rue, les fanatiques avancent.

Ould Abdel Aziz ne sévit pas seulement comme le chef d’un groupe de ploutocrates qui enrichit ses amis et ses proches, lesquels mettent l’économie du pays et ses fondements à rude épreuve. Le chef de l’Etat irait plus loin. S’il n’y prend garde, il risque d’ouvrir les portes grandes à l’implantation d’un salafisme ambiant qui étouffe toute capacité de réflexion et d’action en dehors des cadres moyenâgeux de la vision desdits extrémistes.

Le pouvoir militaire déguisé ayant consommé tout l’establishment politique, il passe à la vitesse supérieure dans l’assassinat du rêve des mauritaniens à la modernité, au développement et à l’épanouissement en se fondant sur les valeurs de l’Islam modérée, éclairé et humaniste tel qu’il avait été toujours pratiqué dans ce pays.

La fumée blanche que soulève le pouvoir à travers son discours de lutte contre le terrorisme cache mal cette coordination et ce pacte suicidaire qu’il a signé avec les fanatiques depuis 2010. Depuis cette année en effet, c’est le pan des religieux extrémistes qui donne le ton à la politique du Pouvoir. En Mauritanie, nous savons tous ce qui se passe. Tout le monde a beau se taire, faire semblant de n’avoir rien vu, mais la réalité est cruelle et tenace : le pouvoir est otage des salafistes.

Mais plus, les sbires du chef de l’Etat qui agitent les leviers de la tension communautaire, en manipulant les éléments explosifs de la radicalité islamiste et en réveillant les démons du nationalisme sanguinaire des années 80 et 90 dont les symboles sont fortement revenus aux commandes des services de sécurité, de l’armée de l’administration et de la justice, ne ménagent rien pour le pousser à l’ultime erreur pour le terrasser sans coup férir. Visiblement, ils ne sont pas loin de leur objectif. Seulement, comment la Mauritanie pourrait-elle s’en sortir face à tant d’incertitudes et de peurs qui pèsent sur son avenir ???

Amar Ould Béjà



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