Cridem

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29-01-2015

06:29

Bataille de gorghigüens

Abou Cissé - Le Palais de Justice a été le théâtre Mardi dernier d’une scène peu habituelle. Une muette de femmes était venue soutenir un "gorghigüen" déféré pour s’être crêpé le chignon avec un autre "gorghigüen".

La scène s’est déroulée au cours d’un mariage où l’un des protagonistes qui se croyait le meilleur danseur de jaguar senti la concurrence monter à ses côtes. Le gorghigüen-agresseur avait pris le milieu de la piste, déployant les talents d’un danseur émérite sous l’applaudissement de l’assemblée des femmes et le tournoiement des billets de banques.

Surgit alors un autre gorghigüen qui lui vola pratiquement la vedette. Ce dernier dansait admirablement mieux que lui. La nuée de mains qui l’avait applaudi, c’est-à-dire, le premier danseur, avait changé de camp, provoquant chez lui une montée d’adrénaline.

A le voir tournoyer et se contorsionner, plusieurs connaisseurs surent qu’il sortait de l’école de Moulaye, le chef des gorghigüens de Nouadhibou, expert dans la danse du jaguar et connu dans plusieurs villes de l’Empire Islamique des Sables y compris la capitale, Nouakchott. Rongé par la rage et la jalousie, le premier gorghigüen se serait jeté sur son concurrent.

Les deux tapettes s’échangèrent de tapes molles. Tout le monde s’était jeté pour les séparer, une kyrielle de femmes, quelques rares hommes et les musiciens. La fête avait momentanément été perturbée. Alors qu’on séparait les deux belligérants, le premier danseur s’empara d’un bâton et le fracassa légèrement sur la tête de son adversaire. L’affaire atterrit au Commissariat d’El Mina 1.

Le blessé fut acheminé à l’hôpital. Sa blessure n’était pas grave et il rejoignit rapidement son ennemi au Commissariat. L’affaire sera déferrée au Parquet de la République mais auparavant, l’avocat des causes perdues, Me Laghdaf était parvenu à réconcilier les deux parties. Le plaignant retira sa plainte.

Le Substitut se contenta de faire payer à l’agresseur une amende de 20.000 UM, qu’une des dames qui l’accompagnait s’empressa de payer au trésor. Le Substitut classe le dossier sans suite. Une fois l’émotion passée ; l’agresseur qui regrettait déjà son geste fondit en larmes, les bras repliés sur son visage alors que les demoiselles tentaient de le calmer. La démarche aussi déhanchée que son collègue, il se laissait entrainer par la gente féminine.

Pour Me Laghdaf, les gorghigüens sont «Nos officiers de la musique, ce sont eux qui animent nos mariages, baptêmes, égayent nos invités de marque, visiteurs de hauts rangs, touristes», dit-il.

Abou Cissé



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