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10-02-2015

19:45

Économie : Politique des TIC. Quand prime la logique du profit.

La gestion des télécommunications est marquée par l’absence d’une stratégie nationale holiste. Ce secteur est considéré comme une pompe à finances au lieu d’un levier du développement. La Mauritanie ne dispose pas d’une politique cohérente de développement des technologies de l’information et de la communication (Tic).

La gestion de ce secteur est empreinte d’incohérences qui témoignent de l’absence d’une stratégie suffisamment articulée autour des enjeux réels. Ce secteur très dynamique et générateur de valeur ajoutée pour l’économie est devenu une pompe à finances pour les autorités. Une opacité déroutante entoure la plupart des décisions prises par ces mêmes autorités.

La vente des parts de l’Etat à des sociétés de la place sont des actes illustratifs d’une vision mercantiliste du gouvernement. L’aspect financier prime sur toute autre considération, qu’elle soit technique ou technologique. Des décisions prises de manière unilatérale ont violé, pour la plupart, les textes qui régissent le secteur.

En plus de l’énorme manne financière que génère la vente de ces licences, le secteur des télécommunications procure à l’Etat, chaque année une fortune immense en termes de taxes et de redevances, parmi celles-ci, on peut distinguer, les frais d’études de la demande payables de ces sociétés privées.

En plus de ces taxes, il existe des redevances de mise à la disposition de fréquences payables annuellement par « canal duplex (double) attribué à chaque opérateur de réseau. Les radios, les télévisons, les centres d’appels et les opérateurs des télé-services sont assujettis également au versement de taxes et de redevances conformément aux clauses de leurs cahiers de charges ».

Un bref historique. Les choses dans cet univers prennent leur racine depuis le régional symposium On-E-governement and IP, de Dubaï aux Emirats Arabes Unis du 22 au 25 novembre 2004. Le pays venait lui aussi de faire son entrée dans le monde des nouvelles technologies de l’information et de la communication, renforçant ainsi la loi du 11 juillet 1999 réglementant les télécommunications. Depuis lors beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.

Un département à cet effet devait naitre pour « aider à la croissance économique du pays, la lutte contre la pauvreté et l’analphabétisme, au développement des investissements privés, à l’aménagement du territoire ». Une autorité chargée de la régulation des télécommunications observe « le bas niveau de pénétration de l’informatique dans l’administration » ce qui selon elle « constitue un véritable obstacle pour le service en ligne ».

Le 2 février 2015, un communiqué a porté sur le renouvellement des licences 2.G des opérateurs Mattel et Mauritel, il s’agit des GSM 2éme génération à ces deux sociétés titulaires des licences GSM N°1 et N°2, concédées par l’Etat en 2.000 pour une durée de 15 ans et qui arrivent à échéance en juin et juillet de cette année.

Ces deux sociétés avaient été sanctionnées en 2014 « pour mauvaise qualité de leur réseau dans plusieurs localités du pays » et ont même écopé respectivement d’une amande de 85 millions et 265 millions d’ouguiyas lit-ont dans un site africain.

C’est comme si l’offre de service ne donne satisfaction sur le terrain car les deux sociétés avaient été aussi sanctionnées en 2013. Pour saigner à blanc les citoyens, l’autorité de régulation des télécommunications semble favoriser l’enrichissement du coût des appels téléphoniques. La taxe sur les appels internationaux entrant est forte, elle constitue un véritable gisement d’une économie interne.

Une panoplie de taxes mises en œuvre traduisant une vision purement économique alors que l’accès des mauritaniens aux Tic est relégué au second plan. D’importants projets sont plombés par une absence de ressources alors que le secteur est un grand générateur de recettes fiscales.

Incohérences : Si le pays a élaboré une multitude de programmes en matière de télécom, il peine pourtant à se connecter résolument aux technologies de l’information et de la communication pour en faire un maillon essentiel de développement comme il le souhaitait en 2004 à Dubaï.

Conscient de l’importance que revêtent les Tic dans le monde actuel, on a certes renforcé les infrastructures informatiques. Sur le plan politique, des orientations audacieuses sont même prises dans ce sous-secteur à grande valeur ajoutée. Mais comment relever les défis en matière de télécommunication et résorber la fracture numérique en arrimant la Mauritanie à la société de l’information ? Par le renforcement de l’orientation en matière de Tic.

C’est même les soucis réitérés par la stratégie de croissance accélérée (SCA) qui vise à créer les conditions d’une croissance soutenue de notre PIB. La SCA avait une place de choix dans la résolution de Dubaï pour donner une place de choix aux Tic et aux services érigés en grappe à part entière. Des initiatives louables qui voulaient faire des technologies de l’information et des télécommunications, la véritable locomotive de l’économie durant cette première décennie des années 2000.

ADN

(A suivre.)





 


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