Cridem

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28-02-2015

06:29

Il n’y a pas meilleur allié en politique que la sottise de l’adversaire!

Sidi Ould Ahmed - La Mauritanie a été émue, à juste titre, par le récit maintes fois ressassé sur les sites électroniques, selon lequel une innocente gamine, répondant au nom de Roughaya mint Yaacoub mint Ahmed, a été «violée et sauvagement martyrisée» jusqu’à ce que mort s’ensuivit, à Ryadh.

Montée sur ses grands chevaux, l’Opposition radicale a pris le relai des sites électroniques pour dénoncer une grave dégradation de l’insécurité à Nouakchott. Aujourd’hui, tout le monde, en Mauritanie, connait la réalité des faits: la petite Roughaya est morte accidentellement par strangulation, suite à une altercation qui l’a opposée à un membre de sa propre famille.

L’exploitation éhontée et légère d’un tel meurtre rappelle à quel point une partie de la presse mauritanienne a encore du chemin à parcourir pour acquérir les minimas civiques, déontologiques et professionnels, en l’absence desquels le vocable «presse» serait tout simplement usurpé.

Quant à l’Opposition radicale mauritanienne, tous les dictionnaires des six milles langues actuellement parlées de par le monde et ceux de toutes les langues mortes, ne pourront pas procurer des mots assez forts pour décrire son ineptie et son déficit en matière de civisme.

Surfer en permanence sur une …vase de fausses rumeurs pour susciter la peur, tout en tablant sur un ressentiment populaire hypothétique à l’endroit des pouvoirs publics, voici en condensé le programme politique de l’Opposition radicale mauritanienne.

Si elle était intelligente un tant soit peu, cette opposition aurait bâti sa stratégie sur la vérité et l’aurait inscrite dans la durée, pour mériter, un jour, la confiance de l’opinion publique et espérer remporter des élections. A suivre les élucubrations d’un «micro-parti» comme Inad (littéralement «Entêtement», en Hassaniya), à propos du dialogue politique, on est subjugué par l’archaïsme des idées, le ton viscéralement haineux et l’amnésie délibérée.

Le parti de l’«Entêtement » (Inad) est une petite loge mafieuse, fréquentée exclusivement par les bénéficiaires des monopoles d’Etat durant la dictature de Taya; ces privilégiés d’autrefois aspirent primordialement aujourd’hui, à détraquer l’étau qui se referme régulièrement sur les auteurs avérés de gabegie. Le RFD exsangue tente de jouer «aux gros bras», en prenant appui sur les thèses farfelues, défendues par Inad.

C’est une chance extraordinaire pour le Président Aziz d’avoir une opposition radicale de cet acabit. Cette opposition ferait mieux de méditer la sagesse wolof suivante: «Begoum neix douma tacsa depou sin lou t-ang; En voulant obtenir de la sauce, on doit prendre garde à ne pas se renverser la marmite chaude sur la tête.»
La «presse» électronique mauritanienne n’est pas à son coup d’essai en matière de propagation d’informations erronées, nuisibles à la sécurité et à l’unité du peuple mauritanien. A ce propos, tout le monde se rappelle des épisodes de la profanation inventée du Saint Coran à Teyarett, de l’instrumentalisation de la marche des rapatriés en provenance de Bogué et du faux enlèvement d’un cycliste étranger sur la route Nouakchott-Nouadhibou, pour ne citer que des manipulations récentes.

Le malheur est que les médias étrangers prennent les niaiseries véhiculées par nos sites électroniques, «pour argent comptant» et les rediffusent sans y apporter la moindre modification, ainsi la culture d’«Almahsar» (Campement tribal principal), caractérisée par l’âpreté de la compétition pour la survie quotidienne, s’en trouve instantanément diffusée, en dehors de son contexte «modérateur», et ce au détriment des valeurs cardinales du savoir-vivre, de l’objectivité, de la neutralité et de la précision, qui fondent le journalisme moderne.

A l’étranger, on pense à tort, qu’en moyenne, nos journalistes sont aussi bien formés et aussi scrupuleux qu’ailleurs. L’image extérieure du pays est régulièrement écornée par cette méprise gravissime. A l’extérieur, on ignore qu’avec seulement 20000 de nos Ouguiyas, on peut s’offrir la «fabrication» d’une rumeur sur mesure (diffamatoire en général), sa large diffusion électronique et le service après-vente sous forme de «louanges publiques»!

Des prévaricateurs notoires sont prêts à multiplier ce montant par 10, 100, 1000, pourvu que le choix du profil, de l’éclairage et de la cravate, suivez mon regard…, soit à leur avantage! Les Mauritaniens sont au fait de ces détails médiocres et s’empressent, un léger sourire moqueur aux lèvres, de commenter « Iyyak Mahoum Elmawaghou!» ( Ne me parlez pas des sites!), à chaque fois que la source d’une information remonte à certains sites électroniques de la place; un discrédit irréversible.

C’est la deuxième chance extraordinaire du Président Aziz; tout en étant l’initiateur incontesté, entre autres réformes de l’espace médiatique mauritanien, de la suppression du délit de presse, il est à l’abri des redoutables capacités de nuisance politique du «quatrième pouvoir», en raison d’un déficit abyssale en matières de professionnalisme, d’imagination et donc de crédibilité.

Sidi Ould Ahmed



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