Cridem

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28-02-2015

19:47

Les syndicats de l’Enseignement en Mauritanie se portent à la défense de qui ?

Amadou Bocar Ba - Il est assez fascinant de constater que les syndicats font l’objet de reproches contradictoires lorsqu’il s’agit de savoir qui ils défendent. On les accuse d’être corporatistes et de se mêler de ce qui ne les regarde pas, la politique.

Ainsi, les syndicats seraient des organisations corporatistes, voire même égoïstes, qui ne s’occupent que des intérêts de leurs membres au détriment de personnes plus mal prises qu’eux. Telle est la situation dans laquelle se retrouve bon nombre de syndicats qui se disent de l’éducation au pays des chi taari et de Maw mouskilla.

Des organisations syndicales deviennent envahissantes et s’occupent plus de la politique et d’intérêts égoïstes, du moins ce qu’on retient des syndicats mauritaniens de l’enseignement.

Dans de nombreux pays du monde, les syndicats ont compris qu’en plus de promouvoir les intérêts professionnels de leurs membres, ils devaient aussi « œuvrer à la promotion sociale, économique, culturelle et politique des travailleurs et travailleuses ». Mais ceux de la Mauritanie argumentent autrement. Car si nous cherchons parmi les syndicats de l’enseignement celui qui a levé le petit doigt pour dénoncer les injustices que vivent les employés de ce secteur qui, dans l’agonie, cherche un salvateur ? La réponse sera aucun. Et restera à savoir pourquoi ?

Oui ailleurs dans le monde, dès le 19e siècle, les syndicats ont su qu’ils ne pouvaient intervenir sur les seules conditions de travail, mais bien sur l’ensemble des conditions de vie des travailleurs et des travailleuses, en interpellant les gouvernements. Mais qu’en est-il de ceux de mon pays ? Et quand surtout c’est une conscience politique qui s’éveille ?

Si les syndicats créent des regroupements municipaux, régionaux, nationaux et même internationaux pour mieux défendre les travailleurs. Qu’ont dit ou fait nos syndicats en ce qui concerne les employés du secteur de l’éducation condamnés à vivre sans considération aucune ?

Quelle est la déclaration qui a été faite par nos syndicats pour dénoncer l’injustice dont sont victimes des milliers d’enseignants à l’image de celle qui demande la libération des détenus d’IRA ?

Au moment où des bacheliers font trois ans de formation à l’ENI pour sortir instituteur, d’autres sont recrutés et titularisés après deux ans, sans aucune formation avec les mêmes avantages et à l’ENS, après deux ans de formation, on sort prof adjoint pour obtenir même ou dès fois moins que celui qui est recruté et titularisé après deux ans de contrat, nos syndicats ,au lieu d’en faire cas sortent de déclarations pour réclamer des lopins de terre, des primes ou indemnités et maintenant la libération des détenus d’opinion. Et où étaient-ils lors de leur arrestation et jugement ?

Qu’est ce qui explique le silence des syndicats, auteurs des telles déclarations face aux torts qu’ont subi ceux qui avaient marché de Boghé à Nouakchott pour être accueillis par des gaz lacrymogène ?

Dans les normes, le mouvement syndical mène sa lutte pour une société plus juste, égalitaire et démocratique. Mais en RIM, le moins qu’on puisse dire c’est que les mouvements syndicaux luttent pour autre chose. Au lieu de lutter pour des mesures de protection sociales justes, les syndicats de l’éducation militent plus pour la politique et moins pour des services publics qui doivent répondre adéquatement aux besoins de l’ensemble des employés.

En fin n’est-il pas temps de distinguer syndicalisme et défense d’intérêts égoïstes pour un mieux être socio- économique et culturel d’employés de l’Education ?

Amadou Bocar Ba/Gaynaako



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