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28-03-2015

14:33

Accord de pêche RIM-UE : oui à l’Union Européenne, mais les concurrents existent

Sidi el Moctar Ahmed Taleb - Lors de sa conférence de presse organisée hier à l’issue de ses visites de prise de contact avec les populations des deux Hodhs, le Président de la République a révélé, entre autres, que des négociations sur un éventuel accord de partenariat de pêche avec notre pays et l’Union européenne (UE), vont reprendre en début du mois d’Avril prochain.

Cette décision, prise sur l’initiative de la partie européenne, montre que celle-ci maintient son désir de conclure un accord avec notre pays. A propos, qu’on sache que la Mauritanie a toujours donné à ce partenaire traditionnel la priorité d’accéder à nos ressources halieutiques et que de nouveaux partenaires émergent pour concurrencer les clients traditionnels du Ministère des Pêches.

Dans les détails, Son Excellence a résumé, pour ses compatriotes qui suivent l’émission, le blocage vécu depuis décembre 2014 à ce sujet en disant que la Mauritanie tient à maintenir, dans le pire des cas, les avantages sociaux et financiers du dernier protocole signé avec l’UE pour la période 2012-2014.

A cette occasion, je me permets d’ajouter quelques éléments qui aideraient nos concitoyens à avoir davantage confiance en leurs négociateurs et les rassureraient sur les résultats attendus du prochain round.

D’abord, la baisse des recettes provenant particulièrement du secteur minier, n’affectera pas la position de la Mauritanie et ne l’emmènera guère à brader son poisson quelle que soit la pression directement ou indirectement exercée.

Ensuite, nos négociateurs sont largement informés sur les dernières études réalisées sur ce sujet particulier d’accord de partenariat de pêche dont notamment le rapport de la Banque mondiale publié en 2014 sur les modalités d'accès aux pêcheries étrangères, intitulé "Le commerce de services dans la pêche : perspectives émergentes sur les accords de pêche étrangers".

A ce fameux rapport, nos experts et ceux des pays en voie de développement lui reproche d’avoir privilégié l’objectif de maximation de la rente de l’exploitation des ressources halieutiques par les pays côtiers.

En d’autres termes, les pays en voie de développement doivent réserver les ressources halieutiques nationales aux étrangers qui offrent les meilleurs prix de la même façon que les autres ressources naturelles biologiques et minières.

D’aucun n’ignorent qu’en fonction de leurs particularités, les pays peuvent donner la priorité à la sécurité alimentaire dans l’exploitation de leur patrimoine halieutique, à la création d’une génération d’armateurs nationaux ou réaliser, en même temps, ces deux objectifs visant l’auto-exploitation des ressources nationales.

Dans l’un ou l’autre des deux cas, la rente à tirer du surplus, la promotion de la petite pêche et la création de pôles solidaires vis-à-vis de l’étranger, restent toujours des objectifs importants.

Enfin, notre équipe de négociateurs, partira au prochain rendez-vous, armée aussi d’une nouvelle vision traduite dans des principes et objectifs clairs et pertinents ; sur ceux-ci est fondée la nouvelle stratégie que le Ministère des pêches vient d’adopter officiellement en Conseil des Ministres et qui guidera son action jusqu’en 2019.

Telle est une autre consultation gratuite ou un conseil dont on n’en a jamais eu besoin à aucune échelle de la hiérarchie administrative. Tant pis.

Dr Sidi El Moctar Ahmed Taleb



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