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24-04-2015

14:33

Toile de fond : Le panafricanisme

Cinquante ans après les indépendances, le continent africain n’est pas parvenu à réaliser son unité. Pourtant, deuxième continent de la planète après l’Asie avec ses 30 millions de kilomètres carrés, il présente beaucoup d’atouts, la volonté de s’unir a toujours été omniprésente chez certains leaders à travers le panafricanisme qui est un mouvement politique et culturel, qui vise à unir les africains et les descendants d’Africains de la diaspora.

Pendant longtemps, ce mouvement a glorifié le passé des civilisations négro-africaines en stimulant la fierté de leurs descendants dépositaires de ces valeurs. Les pères du panafricanisme furent d’abord anglo-saxons, en particulier américains ou originaires des caraïbes : A l’image de Claude McKay, Countee Cullen, Langston Hughes, Williams E.B. Du Bois, Henry Sylvester Williams, Alexander Walthers, Marcus Garvey, George Padmore et ensuite africain comme Francis Kofi Kwame Nkrumah.

A leur initiative, des congrès panafricains ont été organisés en 1919, 1921, 1923, et 1945. Il s’est agi de dresser les problèmes liés à la colonisation européenne dans la majeure partie du continent et de préconiser les solutions. Ils ont proposé une voie de décolonisation pacifique en Afrique et dans les Indes occidentales, et ont fait avancer de manière significative la cause panafricaine.

L’une de leurs exigences était la fin du système colonial et de la discrimination raciale. En Afrique, Kwame Nkrumah père de l’indépendance du Ghana reste le véritable père du panafricanisme. Et il fut l’un des tous premiers à rêver d’une Afrique unie, comme les Etats-Unis, un continent qui ne serait plus utilisé comme simple réservoir de matières premières pour l’Europe, mais une puissance économique viable.

Cet homme a dirigé le Ghana en tant que premier ministre de 1957 à 1960, et puis en tant que président de 1960 à 1966. On lui doit l’organisation des 6e et 7e conférences panafricaines avec George Padmore en 1953 à Kumasi et 1958 à Accra. En 1963 il participe activement à la charte de l’Organisation de l’unité africaine et son idée de créer un gouvernement centrale africain n’a pas été retenue. Il s’est retrouvé seul à défendre la nécessité immédiate d’un gouvernement continental d’union.

Julius Nyerere et certains modérés vont proposer une Organisation des états africains –OEA-, mais finalement, c’est l’organisation de l’Unité africaine (OUA) qui a été retenue. En juillet 2003, l’Organisation de l’unité africaine a fait sa mue pour devenir l’Union Africaine (Ua). Cette nouvelle organisation était censée donner le second souffle au processus d’intégration de l’Afrique et ancrer l’unité économique et politique.

La promotion de l’intégration régionale est une des priorités. C’est le sommet de Syrte qui avait jeté les bases de ce vaste ensemble en septembre 1999, jusqu’ici la véritable union du continent africain reste à faire.

Certes, des organes tels que la Commission de l’Union africaine et le Parlement panafricain ont été créés, mais, ils n’ont jamais pu être à la hauteur des espoirs et des enjeux placés en eux. Et apparemment la perspective de la création d’un gouvernement panafricain ne fait cependant pas l’unanimité sur le continent. Et à un moment donné, le débat a porté plus sur les limites et la vitesse de cette intégration.

L’unité africaine traine une tare congénitale héritée, lors du partage colonial qui a façonné la configuration des frontières des Etats actuels de l’Afrique avec des espaces très écartés suivi d’un isolement entre les peuples. Une chose est sûre, un siècle après le lancement du concept panafricanisme, la bataille de l’Unité africaine est loin d’être gagnée car les obstacles sont multiples.

Il appartient aux Etats membres et à leurs citoyens d’avoir l’audace d’effectuer ce sursaut pour écrire une nouvelle page de leur histoire en s’appropriant le projet panafricain. Car il est illusoire de vouloir mener une politique commune à l’échelle d’un continent quand les Etats n’arrivent pas, dans un premier temps, à s’entendre à l’échelle sous régionale.

ADN

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