Cridem

Lancer l'impression
05-05-2015

15:16

Presse mauritanienne : précaires conditions de vie, et menaces sur les libertés d’expression

L'Eveil Hebdo - La rencontre des principaux responsables des médias Africains qui s'était déroulée à Windhoek (Namibie) en 1991, avait achevé ses travaux par l’adoption d’une déclaration dite : « la Déclaration de Windhoek sur la promotion de médias indépendants et pluralistes ».

Le contexte de l’époque était marqué par ce qu’on a appelé le printemps de la presse africaine, après le démantèlement du mur du Berlin, les conférences nationales dans la plupart des pays africains pour plus de liberté et de démocratie. En décembre1993, l’Assemblée générale des Nations Unies instaure le 03 Mai, Journée mondiale de la liberté de presse.

Ainsi chaque année le 03 mai est célébré par tous les pays épris de paix et de démocratie. IL faut rappeler que : « La Déclaration de Windhoek met l’accent sur la promotion d'une presse pluraliste, libre et indépendante et la préservation de la démocratie au sein d'un État, ainsi que pour le développement économique »

2) Qu’en est t-il de la Mauritanie !

A l’instar de la communauté internationale la Mauritanie célèbre également la journée mondiale de la liberté de presse. Souvent c’est le même décor qui est planté, discours du ministre le matin, suivi d’un diner débat, ensuite les associations jouent leur partition.

Néanmoins, il faut reconnaitre que ces dernières années notre pays a procédé à certaines reformes allant dans le sens de plus de liberté, et de l’élargissement du pluralisme, il s’agit notamment :

"La libéralisation de l’audiovisuel, la dépénalisation du délit de presse, le fonds public d’appui à la presse, la création d’un cadre juridique pour la presse électronique, le principe de l’élargissement du système d’assurance maladie aux journalistes de la presse privée" etc.

S’agissant de ces acquis, il faut également noter leurs insuffisances, notamment sur le fonds d’’appui à la presse qui ne progresse pas malgré « l’arrivée d’autres médias » et qui a été détourné de son objectif initial, pour l’assurance maladie, la presse privée attend toujours malgré l’accord de principe ;

« On a l’impression qu’on fait du sur place, de facto, les discours des ministres qui se sont succédé au département de la communication se ressemblent curieusement surfant sur les mêmes acquis

Le département doit retoucher sa copie, avoir un peu plus d’imagination pour avancer, sinon comme on dit d’une manière simpliste : « ce qui n’avance pas recule » ; ne pas se réjouir facilement puisque l’organisation Reporters Sans Frontière classe la Mauritanie au premier rang des pays arabes en matière de la liberté de la presse ». On sait ce qui se passe, écrivions-nous l’année écoulée ; le constat demeure.

Pour tous les acteurs au sein de la profession, il s’agit, de renforcer le pluralisme et notamment la diversité des Média. Dans ce cadre, il est temps de revisiter toutes ces questions en instaurant une journée nationale de réflexion sur l’information et la communication :

- pour l’accès à l’information qui est devenu un droit pour le public
- les questions de régulation en mettant en exergue la qualité des membres et la représentation des associations professionnelles,
- la question du genre dans les médias
- la promotion des média en langues nationales,
- les questions de NTICS, etc.

Pour ce faire un comité de réflexion doit être mis en place pour examiner les contours de cette journée avec l’apport de tous, y compris la société civile. Par ailleurs, présentement, il importe de signer la DTM qui constitue une avancée considérable au plan national et international.

-Mettre en place concrètement la Maison de presse

-La revalorisation du fonds d’appui et sa transformation en un fonds d’investissement des médias pour également permettre aux journalistes de disposer d’une convention collective.

Les 200 millions accordés annuellement à la presse écrite, électronique et audiovisuelle ne servent pas à grand-chose, car totalement émiettés en fin de compte. Encore que les critères retenus pour l’éligibilité à cette aide ne sont pas clairs et changent souvent au gré de la composition de la commission chargée de sa distribution.

Une régie publicitaire et une messagerie demeurent des éléments constitutifs pour améliorer la situation des médias. IL importe de « régler » La question de l’autorégulation, en mettant en place un tribunal des pairs composé des journalistes expérimentés connus pour leur probité, leur intégrité, pour renforcer l’éthique et la déontologie dans la profession.

Toutes ces questions peuvent être abordées rapidement avec le concours et la collaboration des associations professionnelles

3) Les organisations et associations des Médias

Elles doivent prendre en main, en amont et en aval l’organisation de la journée du 03 Mai. Elles sont les vecteurs et les principales concernées, le département venant en appoint. Cette décision avait été prise déjà l’année écoulée, mais encore une fois cette conception ne s’est pas matérialisée. Les organisations professionnelles doivent renforcer leur cohésion, leur unité pour faire face à tous les dangers qui menacent la profession, y compris la manipulation.

Oui, il faut plus liberté mais également plus de responsabilité pour prendre davantage des initiatives, accroitre l’équité , l’équilibre, et le pluralisme dans nos médias en nous appropriant la journée mondiale de la liberté de presse qui résulte d’une lutte résolue des pionniers de l’information , et combattre le folklore qui accompagne quelquefois la commémoration de la journée du 03 Mai.

Mais encore il importe de revoir la formation des journalistes et autres rédacteurs qui peuplent les rédactions des média. Rares sont les journalistes des journaux, sites électroniques, radios et télévisions qui vérifient leurs informations. Très souvent une simple rumeur peut être élevée au rang de scoop et certains confrères sont hélas manipulables.

Il convient de rappeler également que les autorités exercent une pression sur la presse privée. Les publicités et autres abonnements des grandes entreprises d’Etat ont disparu pour la majeure partie des journaux. Seuls « quelques journalistes accompagnent le président lors de ses déplacements et même certains journaux sont systématiquement exclus » lors de ses rencontres avec la presse.

Le président n’est pas dans son rôle.

Recevant, il y’à quelques jours les responsables des organisations professionnelles, le président a délivré « des mises en garde » qui frisent une certaine intimidation. On peut se poser certaines questions : ou est donc la HAPA ? Et que fait le département dans tout ça ? Dés lors, il faut s’inquiéter des prises de position du Président qui est le plus mal placé pour donner des leçons aux journalistes.

« Il fabrique ses journalistes et ses média »
qui ont souvent des privilèges de l’Etat ou des proches du pouvoir, « ceux-ci sont les altruistes », les autres qui tentent vaille que vaille de faire le travail d’une manière professionnelle, en respectant l’équilibre, et certaines normes déontologiques sont considérés comme des opposants et des pestiférés.

« Ceux là sont les méchants ». La marginalisation de la presse écrite d’une manière générale, ses sorties et ses menaces, lors d’une conférence de presse contre un journaliste, constituent une grave violation et une atteinte à la liberté d’expression »

L’interview programmée aujourd’hui avec 3 journalistes dont 2 de la presse francophone est sans doute là pour corriger les ratés de la dernière conférence de presse. Mais le plus important c'est de s’attaquer aux problèmes de fond qui minent nos médias !

ABO



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org