Md O Md Lemine - Mamadou Ould Dahmed, né en 1963 à Kiffa, Maître de Conférences à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Nouakchott, professeur de littérature française, vient de publier aux Editions de l’Harmattan sa thèse de doctorat troisième cycle sous la forme d’un ouvrage de critique littéraire intitulé : Le Héros monstrueux, une lecture psychanalytique du personnage romanesque de Stendhal.

La parution du livre qui fait 240 pages date du 20 mai 2015. L’étude porte sur les quatre romans de Stendhal (Henri Beyle : 1783-1842), qui sont devenus des classiques de la littérature française : Armance (1825), Le Rouge et le Noir(1830), Lucien Leuwen (1834), La Chartreuse de Parme (1839) et des références à l’autobiographie romancée de l’auteur : Vie de Henri Brulard (1835).

L’œuvre de Stendhal, qui a jeté « le soupçon sur les arts et la société de son temps », n’a jamais cessé d’interpeller tous les courants de la critique littéraire. Mais c’est surtout le caractère énigmatique, « étrangement inquiétant » et « monstrueux » du protagoniste stendhalien qui suscite le plus d’interrogations.

La cohérence de l’univers romanesque, autour de certaines figures et de certaines constances thématiques, justifiait déjà aux yeux de certains critiques la légitimité d’appliquer la psychanalyse à l’œuvre de cet auteur « qui invite à faire la psychanalyse de ses personnages parce que se défendant sur certains points délicats d’intervenir comme auteur, il ne la pratique pas lui-même, tout en nous livrant les données dont nous avons besoin pour forger une hypothèse explicative… » ;

Claude Roy soutient qu’ « une psychanalyse des romans de Stendhal serait moins arbitraire que la même opération appliquée aux romans de Le Sage ou de Balzac ». L’étude a consisté en une application de la théorie psychanalytique, développée par Sigmund Freud, au personnage romanesque de Stendhal et non à une psychobiographie de l’auteur.

Saisissant les quatre romans dans une perspective d’ensemble et appliquant le principe de « superposition des textes », théorisé par Charles Mauron (L’Inconscient dans la vie et l’œuvre de Jean Racine(1986), Des métaphores obsédantes au mythe personnel(1963), mais faisant recours aux analyses du fonctionnement de « l’inconscient du texte » (Jean Bellemin Noel, Vers l’inconscient du texte(1979), l’analyse a essayé de faire ressortir les relations structurelles qu’entretiennent les différents personnages et de dégager les multiples complexes qui traversent les textes.

L’étude comprend deux parties. La première porte sur « le complexe parental » et analyse les relations entre le protagoniste et sa famille ; relations qui sont faites de haine parricide, d’achoppement de la relation objectale, d’ambivalence à l’égard des figures maternelles …; ces rapports difficiles avec les figures du Père, de la Mère ou de la maitresse vont expliquer le caractère monstrueux du personnage qui est analysé dans la deuxième partie. Elle a pour titre : le héros monstrueux. Certains protagonistes n’hésitent pas à se considérer eux-mêmes comme développant des caractères monstrueux.

Ainsi, Julien Sorel s’écrie : « Ah ! Monstre ! Monstre ! Et moi aussi, je suis une sorte d’enfant trouvé haï de mon père, de mes frères, de toute ma famille. ». Il s’agit d’une monstruosité morale, psychologique relative à certains sentiments et comportements scandaleux, comme, la misanthropie, la mélancolie, le sentiment de persécution, l’attachement incestueux, le rejet du patronyme, les identifications réparatrices, la révolte contre le père, l’appétence voyeuriste…

L’ouvrage comprend une riche bibliographie portant sur la psychanalyse appliquée à la littérature, en plus bien entendu d’une somme considérable de références à l’œuvre de Stendhal et les différentes approches dont elle a été l’objet.

Mamadou Ould Dahmed est actuellement le Coordinateur du Département des Langues Vivantes de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines. Il enseigne la littérature française et s’intéresse à la littérature africaine à laquelle il a consacré quelques articles. Membre du GRELAF (Groupe de recherche en littérature africaine), il a codirigé pour ce dernier l’ouvrage : La Poétique de l’histoire, paru en 2015 chez l’Harmattan.