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22-09-2015

10:35

Aid El Adha et ouverture des classes : Entre mouton et fournitures scolaires, la rentrée de tous les sacrifices

L'Eveil Hebdo - Après le Ramadan et à la veille de l'Aïd El Adha, le budget des ménages mauritaniens est mis à rude épreuve. C’est en effet une énième saignée à blanc que s’apprêtent à connaitre les citoyens, ceux aux modestes revenus notamment, du fait de la rentrée scolaire, suivie de l’Aïd El Adha, même si le sacrifice du mouton n’est pas obligatoire pour les pauvres gens.

La scolarité des enfants devient de plus en plus une source de soucis pour les parents. Dans un contexte où l'enseignement public est défaillant, nombreux sont les parents qui se tournent vers le privé. Mais, là non plus l'assurance d'un enseignement de qualité n'est pas toujours garantie. Et ce n'est pas sans compter sur des frais qui dépassent parfois la raison.

En effet, malgré des tarifs jugés excessifs et injustifiés par une majeure partie des parents, les établissements privés ne désemplissent pas. «Je n'ai pas vraiment le choix. J'avais mis la petite dans une école privée «ordinaire» pendant trois ans, mais son niveau est très bas. Donc, j'ai décidé de «casquer» plus d'argent pour la mettre dans une école cotée, au détriment d'un certain nombre de choses.

Mais, l'éducation des enfants passe avant tout», témoigne ce jeune cadre, dont le salaire mensuel lui permet à peine de couvrir les frais de nourriture.

Des factures bien corsées

A quelques jours de la rentrée scolaire donc – en fait certaines écoles ont déjà commencé - la préoccupation majeure des familles est en rapport avec les nombreuses dépenses générées par un tel événement, notamment en ce qui concerne les frais d’inscription et l'achat des fournitures scolaires.

La rentrée scolaire constitue un rendez-vous économique et commercial majeur. Partout à Nouakchott, les marchés populaires, les magasins spécialisés, les places publiques et même les trottoirs de certains quartiers sont investis par les revendeurs d'articles scolaires.

Ils font déjà le plein. En fait, depuis les premiers jours du mois de septembre, les familles sont à la recherche des bonnes affaires, c'est-à-dire des fournitures scolaires à des prix abordables.

Leur budget déjà miné par le Ramadhan et l'Aïd El fitr et la perspective de l'Aïd El-Adha, qui arrive au grand galop, la plupart des parents d'élèves se dirige tout naturellement vers les boutiques «arrivage» qui proposent une variété d'articles à la qualité et aux prix variés à la portée de toutes les bourses.

Mais beaucoup de parents en doutent, compte tenu de la hausse générale du coût de la vie enregistrée depuis plusieurs mois. Certains sont désagréablement surpris de constater, encore une fois, que les prix ont augmenté. Ils se trouvent contraints de faire face à ces dépenses obligatoires, car il y va de la bonne scolarité de leur progéniture.

«Cette hausse touche particulièrement les accessoires et les articles scolaires comme les crayons de couleurs, les trousses, les boites de peinture, entre autres. Les prix des cahiers n'ont pas changé, cette année», dira un commerçant, installé au Marché de la Capitale. Quant aux cartables et sacs à dos de «qualité moyenne», ils atteignent les 4 000, voire les 6 000 UM.

Certains modèles importés peuvent atteindre les 8 000 UM. Les prix des sacs à dos «made in china», varient eux entre 1 500 et 3 000 UM. Selon un revendeur ambulant, «la demande est plus importante pour les produits asiatiques, dont les prix restent difficiles à concurrencer par les produits européens et même par une timide production locale de meilleure qualité».

Les trousses sont proposées à 1 000 UM, 1 500 UM, 2 000 UM et parfois même à 4 000 UM par les commerçants ambulants et la quasi-totalité des magasins. Les gommes varient entre 100 et 500 UM, sans omettre les crayons de couleurs, dont les prix valsent entre 500 et 2 000 UM la boite.

«Nous avons commencé l'achat des fournitures scolaires dès la mi-août déjà pour ne pas être pris au dépourvu lors de la rentrée, et nous attendons les listes fournies par les enseignants pour compléter les achats. Les dépenses sont importantes, surtout pour les familles qui ont de nombreux enfants scolarisés.

Ce n'est pas facile pour nous. Le Ramadhan et l'Aïd El Fitr ont mis à mal notre budget et l'Aïd El Adha qui approche va nous achever»
, se lamente un chef de famille. Pour lui, même si les articles ne sont pas trop chers, c'est l'accumulation des achats qui corse la facture.

Mais pour certains parents d'élèves, la rentrée scolaire rime aussi avec vêtements neufs, même si beaucoup d'entre eux ont soigneusement gardé les vêtements acquis lors de l'Aïd El Fitr.

Ce qui génère d'autres dépenses. «On ne peut pas envoyer nos enfants à l'école avec de vieux vêtements. La rentrée c'est important, il faut que nos enfants soient présentables.

Cela revient cher, mais on n'a pas le choix. Il faut que les enfants aient leurs vêtements, leurs articles et manuels scolaires»,
indique une ménagère, soulignant que les dépenses concernant les fournitures scolaires continuent tout au long de l'année scolaire.

Et après les fournitures scolaires, les parents d'élèves feront face aux dépenses concernant les manuels. Tous redoutent cet instant fatidique, espérant que, cette année, il n'y ait pas de nouveautés, donc de mauvaises surprises et des dépenses supplémentaires.

En attendant, l’Aîd el Kébir

Ce premier coup de massue encaissé, les parents doivent faire face à une autre dépense, elle aussi indispensable, car le mouton de l’Aïd El Adha doit être acheté quitte à s’endetter auprès des maquignons ou des amis plus aisés.

Au marché à bestiaux (Marbatt), le dernier mouton «acceptable» caracole à 35 000 UM et pour les béliers, ce n’est pas moins de 70 000 UM, sinon c’est 100 000 à 120 000 UM pour ceux fans de «combats» entre ces animaux. Les pères de famille sont là aussi pris dans le tourbillon des prix, faisant des allers-retours entre les maquignons qui, étant sûrs de vendre, dictent leur loi.

Et là, c’est le coup de grâce, le père de famille est terrassé, ne pouvant tenir le coup. Certains ont recours au prêt sur gage au niveau des «samsars» ou alors s’adressent à des cousins pour réunir la somme et rembourser plus tard. D’autres ont recours au «crédit» auprès d’usuriers (chipeco) qu’ils connaissent, mais qui, profitant de la situation, se prennent une marge confortable, car le paiement se fera au bout de quelques mois.

Sikhousso



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