Cridem

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08-11-2015

20:30

Pourquoi l’état dépense t-il ?

Abdoul Samba Ly - Les établissements de l’enseignement supérieur viennent d’acquérir de nouveaux bâtiments, dignes des vraies universités. L’état ou/et des partenaires ont dû dépenser des milliards pour cela, mais pour quels objectifs ?

Former et éduquer ses jeunes pour les intégrer dans le marché du travail afin de servir le pays. Le taux de chômage des jeunes sortants des universités mauritaniennes est tellement inquiétant qu’on se demande même si finalement on ne forme pas que des chômeurs.

-Est-ce que c’est l’enseignement qui n’est pas de bonne qualité ? Dans ce cas c’est la faute à ces professeurs qui aiment s’appeler « Doctor », qui se vantent d’être sortis des universités tunisiennes mais qui n’ont aucune pédagogie.

Qui ne cherchent qu’à être recruté et sortir de leur précarité sacrifiant ainsi l’avenir des plus ambitieux, si seulement ils savaient comment on traite leurs étudiants « Jangde Muritani Gaa… », Ils n’ont pas de quoi à s’enorgueillir. Les universités ont besoin des professeurs qui ont la pédagogie et l’expérience, qui font leur travail pour la passion du métier comme Koné Youssouf, Houmeida… à la FST.

« …..Les vrais professeurs doivent se soucier du devenir de leurs anciens étudiants, mais pas avoir la mauvaise habitude de leur dire : nous avons nos diplômes, votre avenir on s’en fiche. Pourtant c’est totalement faux et c’est une erreur morale et intellectuelle de parler ainsi.

L’état a débloqué des milliards d’Ouguiyas, pour construire l’université, il a amené des architectes internationaux pour bien bâtir les établissements. Il débloque un budget chaque année pour le département de l’enseignement supérieur, les professeurs sont payés des centaines de milliers d’Ouguiyas par mois pour l’éducation de ses filles et fils.

Donc s’ils estiment être des simples citoyens lambda qui travaillent pour leur propre compte, ce sont des fieffés menteurs. Ils travaillent pour les jeunes, le succès d’un médecin est de voir son patient guérir, et la fierté d’un professeur est de voir son étudiant réussir, sortir diplômer et obtenir un emploi.

Ils sont payés dans tout ce qu’ils font, si aujourd’hui ils construisent des belles maisons, s’ils envoient leurs enfants apprendre dans des grandes écoles, c’est en quelque sorte grâce aux enfants des pauvres qui sont restés au pays pour étudier, ceux grâce à qui, ils sont rémunérés…. »


Extrait de mon livre « Les Coulisses d’Une Bande de Jeunes Lâches! », paru aux LEN. Prix National Mauritanie à la Journée du Manuscrit Francophone 2015 à l’UNESCO.

-Si les filières n’ont pas des débauchés, autant les fermer tout simplement. Cet étudiant qui s’exaltait « on est dans des bonnes conditions, ces bus qui sont mis à notre disposition, cette belle architecture; c’est magnifique, c’est fantastique, c’est balbastique ! ». Je lui répondais oui c’est beau… mais la réalité est que vous allez faire trois ans et sortir avec vos licences.

Ceux qui en ont les moyens vont aller à l’étranger, une demie dizaine seulement sera retenue pour le master et pour le reste les études s’arrêtent (bienvenu au chômage). Ceux qui ont fait le master passeront plusieurs années à chercher un sujet de mémoire, découragés une partie rejoindra l’ENS.

Ceux qui, après 4 ans ou 5 ans, terminent verront leurs places de thèses volées pour des gens plus « costauds ». En tout cas le chômage est une affaire de l’enseignement supérieur, cet argent qu’on dépense doit atteindre ses objectifs, une solution urgente doit s’imposer.

« Quand l’éducation scientifique aura produit tous ses effets, la politique elle-même en sera transformée, comme l’industrie l’a déjà été si profondément » Marcelin Bartherlo.

Abdoul Ly
Écrivain
abdoulsambaly@yahoo.fr



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