Cridem

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22-11-2015

09:11

Libre Expression : Sidi Mohamed Boubacar : Quand une mère meurt, l'univers tout entier perd ses couleurs.

Mohamed Hanefi - Comme des étoiles surprises par l'intrusion trop brusque d'un matin clair, nos mamans se sont éteintes l'une après l'autre. Elles sont parties vers le royaume de l'éternité, laissant derrière elles ce qu'elles ont pu produire de mieux, pour que le meilleur survive.

Souvent dans les constellations célestes, dans ces caravanes interminables de nuages, qui sillonnent le ciel et dessinent toutes les silhouettes des êtres, je crois déceler ces âmes furtives qui scrutent le résultat fantastique de leur passage ici bas.

"L'essentiel est invisible." A dit Saint-Exupéry.

La main du très Haut n'a rien laissé au hasard. Les bonnes gens se perpétuent à travers leur descendance. Et quelle que soit l'interprétation que l'on puisse faire, les grandes œuvres sont accomplies par de grands hommes.

Puis ces époques et leurs peuples disparurent, comme des rêves insistants, qui restent après le réveil. Les pages suivantes seront tournées inévitablement. C'est ainsi que se feuillette l'histoire.

Parmi ces multitudes, aux paumes blanches et au cœur pur. Ces femmes de générosité de vertu et de piété, l'image d'une sainte. Une noble femme qui a accompagné les premiers moments de notre indépendance, aux coté de l'un des premiers mauritaniens qui "tombaient" du ciel, pour signer notre fierté sur la terre, le parachutiste Boubacar Ould Boussalif.

Fatimetou Mint Bakr Mbarek, notre maman, notre tante, mais surtout une donatrice généreuse. Une combattante courageuse, qui n'a pas quitté ce monde avant de laisser ses traces.

Elle a laissé à la Mauritanie, l'un de ses fils les plus discrètement performant et le plus fermement engagé pour les causes nationales et la propreté de l'action. Pour les autres Sidi Mohamed ould Boubacar. Et pour nous Ahmed Louleid…une très longue histoire. Que je ne conterai pas ici.

Je dirai simplement, que cet homme symbolise notre satisfaction sacrée de ne jamais avoir trahi ce pays, ni lui prendre ce qui ne nous appartient pas. Les mots : intègre, juste, patriote, discret dans les services rendus, ont été si fréquemment utilisés et réutilisés, par tous et pour tous, que je les laisserais volontiers, pour ceux qui cherchent dans ce monde les hauteurs, ou les apparences. Nous ne baignons pas dans ces lieux communs ou souvent on fait avaler au lecteur, l'appât, la ligne et l'hameçon avec.

Dans ma vie je n'avais jamais parlé de ce cadre, qui pourtant est fils de ma tante doublé d'un ami intime. Mais le devoir de témoignage, me pousse à dire ces mots que j'essayerai de rendre brefs et dénués de toute flatterie. Je sais que quand un arbre tombe dans un désert sans êtres doués d'ouïe, parler de bruit est une chose inutile et une assertion difficile à prouver ou à commenter.

Nous sommes tous des branches de cette meute d'enfants, qui pour la première fois, a rempli les rues de Nouakchott, naissante de ses cris de ses gambades folles dans tous les sens.

Je pense à beaucoup de frères et d'amis que le destin a distribués dans les méandres de la vie nationale, et qui tous, me sont aujourd'hui un objet de fierté et de sentiment d'honneur.

Sidi Moctar Cheiguer, notre ami et frère Mohamed Meguett, notre très cher ami, son excellence Hamadi Meimou, notre regretté frère Hamzatta Amar (Au Paradis inchallah), nos frères les enfants de feu Dadou Kane, nos amis adorés les enfants de feu Gandega Samba et de notre mère à tous, sa respectable épouse Mariem Sall.

Le fils de ma tante et ami intime Yeslem Ould Cheikh Ould El Weli, (qu'Allah le loge dans le Firdaous supérieur). Et m'a dit un ami, son excellence, notre président actuel Mohamed Ould Abd Aziz. Je ne me suis pas souvenu de lui, ni dans le quartier de la médina "R" ni dans les groupes rivaux de la médina "3" Ce qui ne diminue en rien le respect que je lui porte .Et bien d'autres encore.

Des souvenirs diffus et insistants que je ne peux complètement ignorer aujourd'hui. La vie d'un monde inséré dans ma mémoire, comme dans l'histoire du pays, et qui jette ses jalons sur les tableaux de notre tableau d'aujourd'hui.

Ahmed Louleid, ou Sidi Mohamed, comme vous voulez a été dès son jeune âge, un garçon, qui jouissait d'un caractère si singulier et si différent de nous, ses camarades, que j'ai gardé une phrase de feu le capitaine Soueidatt Ould Weddad, qui nous a lancé, un jour de sa jeep militaire : "Heh! Les affreux, faites comme votre ami. Il a un livre dans la main."

Ahmed ne mentait jamais, ne participait jamais à nos mauvaises actions. Ces petites misères auxquelles s'adonnent, avec un malin plaisir tous les garnements de la terre.

Louleid a donc été élevé selon les enseignements rigoureux d'un père issu de l'une des plus nobles tribus de la Mauritanie et qui n'acceptaient pas les basses choses ou les petitesses du nouveau monde. Et une mère douce et généreuse, qui distillait paisiblement, mais surement les abc de la vertu dans ces cœurs puérils qui l'entourait. Un seul regard de reproche de cette femme, qui pourtant ne se fâchait que rarement, fouettait nos jeunes consciences plus douloureusement que la pire des cravaches.

Il s'en est le plus inspiré et en a le plus profité.

Plus tard, quand je lui rendis visite dans les différents services de l'état qu'il a occupé, je ne pu m'empêcher d'admirer sa fidélité a ces principes qui nous avaient été soigneusement inculqués par des personnes qui ne sont plus de ce monde.

Directeur du budget, ministre des finances, premiers ministres, ambassadeur en Egypte, représentant du pays à l'ONU, Ahmed était resté Ahmed. Ses passages sont clairs, comme la voie lactée, par une nuit de ciel étoilé.

Il a accompli une mission, dans laquelle beaucoup d'autres ont lamentablement échoué : un fils du pays, qui n'a pas trahi les attentes de sa nation. Et aujourd'hui, de la façon, la plus tristement banale, je lis dans l'un des sites électroniques, que je lis le moins: "Essirage", qu'il est allé à la retraite…Comme tout le monde fera.

Pourtant le pays pouvait dans l'un de ces interminables tête-à-tête, qui infestent nos télévisions nationales, applaudir, ne serait-ce que par un mot, les grandes vertus d'un grand patriote, qui a tout donné à son peuple et qui est sorti de ces lourdes responsabilités, les mains blanches, comme le terrain du jugement, le jour de la rétribution.

Ceci peut au minimum servir d'exemple à nos futures générations.

Les peuples et les gouvernements sont piètres et dérisoires, quand en voyant, ils ne voient pas et en attendant, ils n'entendent ni ne comprennent. Quand celui qui a le mieux fait, est égal à celui qui a le mieux détruit, attendez la fin des temps.

Un mot dédié aux âmes nobles et fidèles est la meilleure leçon qu'on peut laisser comme enseignement à la postérité.

Mohamed Hanefi. Koweït.



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