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02-12-2015

13:10

Contrepoint : Me Fatimata Mbaye, le respect d’une robe noire.

Dans un monde dérangé, démangé par son ordre disparu, Fatimata MBaye, règne en maître avec sa personnalité déjantée et ses idées qui décoiffent, plus d’une casquette. Nous venons de voir une femme envoyer dans les poubelles de l’histoire, le langage séducteur et imagé d’une présidence de la république, qui cache mal la pauvreté d’une démarche face à une dame chevillée sur ses principes.

Fatimata MBaye, est un Mandela en jupon. Elle a refusé un bout de métal pour sauvegarder son serment et a montré qu’elle ne saurait nullement cheminer avec ceux qui piétinent l’Etat de droit. Que vaut une médaille par rapport à ces nombreuses entraves de la dignité humaine dont son pays se targue d’être le leader ?

Après son geste inédit, que dire d’elle, qui n’est déjà était dit, écrit et quelque fois chanté ? L’avocate, sur une question primordiale, qui est celle de la coexistence des mauritaniens, aurait prononcé les mêmes mots que le sud-africain qui avait dit : « je suis contre la domination des blancs sur les noirs, je suis contre la domination des noirs sur les blancs ».

Maître MBaye, porte en elle ce que Camus appelait « l’intransigeance épuisante de la mesure ». Mandela était lui convaincu que, « les solutions contraignantes sont à la portée de tout le monde », il a recherché le plus difficile : Le dialogue et le consensus, il a inventé les « commissions vérités et réconciliation », qui inspireront beaucoup de pays africains sauf le nôtre.

C’est ainsi que Me MBaye, de par son sens de la mesure, sait que son pays s’est depuis longtemps détourné du chemin de la vérité.

Et l’autre drame mauritanien, c’est, ces politiques, ces analystes, ces chauvins, ces croyants sincères, et autres défenseurs des droits de l’homme, qui vocifèrent à longueur de journée à travers les médias, sans accepter d’engager le vrai combat contre des délinquants à col blanc qui ont pris en otage le pays.

Tous ont peur de mourir pour un idéal, pour le bonheur futur de leur descendance. Osez et agissez ! Etre libre ce n’est seulement briser ses chaines, c’est aussi refuser qu’elles asservissent d’autres.

Si Fatimata MBaye a décliné l’offre de la présidence de la république, c’est qu’elle n’a pas vu une lueur de paix, de justice pour la convaincre qu’au-delà les divergences profondes des mauritaniens, il y a la survie de la Mauritanie. Et l’histoire lui a donné raison face à la dictature militaire, avec l’interpellation du colonel Oumar Ould Beibacar.

On reproche à ce colonel retraité sa mansuétude face à ses anciens collègues, lui au moins aura cultivé le compromis, refusant de noyer désormais la vérité sous un flot de banalités. L’autocensure à travers son arrestation suite à des informations de première main, sur ces soldats des années 89,90, 91, comporte des trous béants.

C’est l’une des raisons de ne pas se soumettre de Me MBaye au jeu de la médaille du faux. Personne n’est libre sous une dictature, qu’on ne s’y trompe pas ; quant à l’avocate, elle au moins ne porte pas la toge du mensonge.

ADN

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