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09-01-2016

21:15

Crise Arabie Saoudite-Iran : Pourquoi le monde musulman s’est solidarisé avec Ryad ?

APA - Il est évident que la colère manifestée par l’Iran suite à l’exécution de Nimr Baqer Al-Nimer samedi dernier pour des activités liées au terrorisme, et la mobilisation de la rue contre la représentation diplomatique de l’Arabie Saoudite, découleraient d’une conception iranienne que tous les Chiites du monde sont citoyens iraniens.

Une logique extrêmement dangereuse même pour tout pays abritant sur son sol une minorité chiite. Il va sans dire que tout Etat est dans l’obligation de s’incliner devant le principe sacro-saint de la non-ingérence dans les affaires intérieures de ses semblables.

En politique, la souveraineté est la puissance absolue et perpétuelle de toute forme d’organisation politique légitime. Son détenteur, l’Etat, n’est soumis à aucune autorité ni au plan interne ni au plan externe.

Une définition que le jurisconsulte et théoricien politique français, Jean Bodin avait corroboré, il y a déjà plus de trois siècles, en affirmant que « l’Etat souverain n’a véritablement d’ordre à recevoir, ni directement, ni indirectement de qui que ce soit. Il est donc indépendant et jouit d’une liberté de décision pleine et entière ».

Il est judicieux de la sagesse que l’Arabie Saoudite, rejette l’immixtion de l’Iran dans ses affaires internes et condamne vigoureusement l’attaque dont ont fait l’objet son ambassade à Téhéran et son consulat à Meschhad, en violation des accords de Genève qui consacrent la protection absolue des missions diplomatiques.

Certes, l’exécution de Nimr, après une analyse pondérée et non partisane des mobiles avancés par l’Arabie Saoudite, enlève tout argument aux prétentions iraniennes. C’est un acte qui relève, bel et bien, de la souveraineté de ce pays arabe.

Nimr n’était pas un simple érudit ou un intellectuel, exprimant des points de vue personnels, mais un activiste mobilisateur de la minorité chiite en Arabie Saoudite pour se soulever et créer un front rebelle et une base arrière pour l’idéologie iranienne à l’image de celle du Hezbollah au Liban, El Hachd Echaabi en Irak ou encore les Houthis au Yémen.

Il avait constitué le modèle conçu par l’Iran, à l’intérieur de l’Arabie Saoudite, pour consacrer ses ambitions qui menacent l’existence même du royaume.

Force est de constater que par l’exécution de ces 47 personnes, dont Nimr pour des activités liées au terrorisme, le régime saoudien voulait passer des messages politiques importants.

Primo le royaume est résolument décidé à s’attaquer aux tentatives de l’Iran d’interférer dans les affaires intérieurs des pays arabes. Secundo, il temps de dévoiler au grand jour les visées hégémoniques de l’Iran dans la région du Moyen-Orient notamment après l’accord conclu avec Washington sur son dossier nucléaire.

Deux raisons convaincantes que l’Arabie Saoudite veut légitimement défendre et faire valoir dans son bras de fer avec l’Iran. Pour y parvenir, le royaume compte énormément sur les pays épris de paix et pour lesquels la primauté de droit est une question sacrée et intangible.

Déjà plusieurs pays ont manifesté leur solidarité avec l’Arabie Saoudite en rompant leurs relations diplomatiques avec Téhéran. D’autres soutiens à Ryad sont attendus eu égard aux liens de coopération forts et solides que le Royaume entretient avec la majorité des pays du globe.

Pour rappel, Nimr Al-Nimr fait partie des 47 personnes exécutées en Arabie Saoudite samedi pour des activités liées au terrorisme, une situation qui a déclenché des protestations violentes en Iran avec la mise en feu de l’immeuble abritant l’ambassade d’Arabie saoudite à Téhéran.



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