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18-02-2016

22:00

«Salafistes», les réalisateurs continuent à lutter contre la «censure»

RFI - L'audience de référé en urgence est fixée au mercredi 17 février. La société éditrice du documentaire « Salafistes » a déposé deux requêtes auprès du Tribunal administratif de Paris contre la décision du ministère de la Culture d'interdire le film aux mineurs de moins de 18 ans.

Selon eux, il s’agit d’« un acte de censure inédit », selon un communiqué de ses avocats. La société Margo Cinéma, dirigée par François Margolin, co-réalisateur du film, a déposé vendredi 12 février une requête en référé suspension et l'autre en annulation.

Salafistes, film controversé sur l'islam radical de François Margolin et du journaliste mauritanien Lemine Ould Salem, a été interdit aux mineurs le 27 janvier par la ministre de la Culture Fleur Pellerin en raison de l'« extrême violence » de certaines scènes diffusées sans commentaires.

« Cette interdiction a eu pour conséquences d'une part de rendre impossible la diffusion de ce film à la télévision, et notamment par les deux chaînes qui l'avaient financé, et d'autre part, a contraint à l'annulation de l'ensemble des projections organisées par des enseignants, des municipalités, des associations qui souhaitaient, à partir de ce film, sensibiliser les plus jeunes aux thèmes qui y sont abordés », indiquent les avocats Patrick Klugman et Ivan Terel.

« En cela, l'interdiction aux mineurs de moins de 18 ans du film (...) constitue un acte de censure inédit, puisqu’appliquée pour la première fois depuis la guerre d'Algérie à un long-métrage documentaire, dans le contexte d'un état d'urgence toujours en vigueur », plaident les avocats.

L'interdiction constitue selon eux « une atteinte manifestement disproportionnée à la liberté d'expression et au droit d'information inhérents à toute société démocratique ».

Le film, qui entendait montrer les jihadistes « tels qu'ils sont », donne la parole à des responsables d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et à des autorités religieuses salafistes. Il est entrecoupé d'images de propagande et de vidéos jihadistes, sans voix off, ni commentaires. Tourné au Mali, en Irak, Algérie, Tunisie et Mauritanie, il montre de façon très crue l'application de la charia au quotidien.

Il est extrêmement rare que l'interdiction aux moins de 18 ans, réservée habituellement aux films jugés trop violents ou trop pornographiques, touche un documentaire.



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