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Contrepoint |dépénalisation du délit de presse, pour ou contre ?
Depuis quelques jours un débat passionnant agite le paysage médiatique du pays. Ce débat est relatif à l’interpellation de deux confrères, le directeur site Mauriweb et le webmaster de Cridem. Le premier pour avoir « servi » au conditionnel, une information et pour le second, de l’avoir relayé.
Leur cas n’est pas sans soulever le débat sur la dépénalisation des délits de presse, permettant à tous d’exprimer leurs idées et opinions sur la question. Et si la dépénalisation était impropre et inappropriée, juridiquement parlant ? Si l’on se situe dans le cadre, qu’une faute professionnelle imputable à un journaliste ne puisse plus le conduire en prison.
Tant mieux pour les journalistes, si une législation pourra concourir à les rendre davantage plus professionnels et plus rigoureux dans l’objectivité, plutôt qu’à les incliner à faire les choses dans un laxisme coupable qui partirait de l’idée qu’ils peuvent faire n’importe quoi, en sachant pouvoir compter sur une impunité totale.
Une telle tendance serait désastreuse. Elle n’est pas malheureusement à exclure totalement. Nous pensons que c’est la raison pour laquelle certains confrères attachés à la dépénalisation expliquent que celle-ci est une bonne chose, à condition toutefois que les journalistes méritent une telle faveur, en justifiant la volonté du législateur par une pratique exempte de reproches.
C’est une illusion de croire que par la seule dépénalisation, on peut arriver à inculquer aux journalistes la vertu et les compétences nécessaires qui mériteraient qu’ils soient attraits devant le juge. Les citoyens, qui qu’ils soient, n’ont pas à mériter ou non une législation. Sinon, on parlerait de faveurs.
N’a-t-on pas le sentiment que la dépénalisation, dans sa mise en pratique crée nécessairement auprès des autres citoyens, que les journalistes sont une caste de privilégiés ? Qui par leur lobbying et pression, obligent les autorités à les soustraire de l’application de la loi pénale alors que celle-ci doit concerner chaque membre de la communauté.
Nous devons être les premiers par principe, à ne pas apparaitre comme une corporation singulière et privilégiée. Ce n’est pas une opposition de principe relativement à la peine privative de libertés pour les journalistes qui nous habite. Il s’agit dans notre démarche de convaincre que nous n’avons aucun intérêt à demander des faveurs face aux autres citoyens.
Nous ne serons pas conséquents avec nous-mêmes, quand nous dénonçons les faveurs que s’octroie si facilement l’autorité politique, et en même temps lui demander de nous réserver des faveurs particulières pour ce qui concerne l’application des lois. L’intégrité du principe constitutionnel prévoit l’égalité de tous les citoyens devant la loi, et le journaliste est un citoyen.
ADN
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