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20-04-2016

18:44

Greenpeace prend part à la 21ème Session du Comité des pêches pour l’Atlantique Centre-Est

Mauriweb - Du 20 au 22 avril 2016, le Sénégal accueille la 21ème Session du Comité des pêches pour l’Atlantique Centre-Est (COPACE), organisée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

La rencontre, qui se tient à l’Hôtel Fleur de Lys Plateau, réunit entre autres, une centaine de participants venant de plus de vingt pays africains et évoluant dans le secteur de la pêche.

Greenpeace se réjouit de prendre part à cette rencontre. Une première depuis l’ouverture du bureau de Greenpeace en Afrique de l’Ouest, basé dans la capitale sénégalaise. Greenpeace est une organisation internationale de défense de l’environnement qui compte plus de 2,8 millions de sympathisants à travers le monde et des bureaux dans plus de 40 pays. Greenpeace est impliquée dans la gestion des pêches et la conservation marine depuis plus de 30 ans.

Lors de cette rencontre Greenpeace des questions existentielles se rapportant sur l’avenir de la gestion des pêches régionales en Afrique de l’Ouest du fait de l’absence « de gestion ou de supervision régionale efficace des pêches ouest-africaines ». Cette assertion est corroboré par l’inexistence de mécanisme de répartition des stockes en partage, encore moins de système de gestion des capacités de pêches ciblant ces stocks.

Par ailleurs, Greenpeace fait remarquer que les recommandations des scientifiques ne sont pas suivies d’effet du fait des blocages politiques. De plus, en termes de surpêche, l’évaluation des performances atteste que « le COPACE ne semble pas avoir accordé une grande attention à l’évaluation de la capacité de pêche dans la région» alors que «la surcapacité est l’un des principaux facteurs de surpêche et de pêche INN » note Greenpeace.

Enfin, une dernière recommandation porte sur la faiblesse de coordination entre les acteurs malgré la diversité des intervenants, les difficultés financières du COPACE, lui-même, et le déficit de transparence, quant à « rendre publics à temps tous les documents et rapports pertinents».

Ci-après la Communication de Greenpeace à la 21ème Session du Comité des pêches pour l’Atlantique Centre-Est (Avril 2016)

1. Introduction

Greenpeace se réjouit de prendre part à cette 21ème Session du Comité des pêches pour l’Atlantique Centre-Est (COPACE) organisée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) du 20 au 22 avril 2016 à Dakar. Une première depuis l’ouverture du bureau de Greenpeace en Afrique de l’Ouest, basé dans la capitale sénégalaise. Greenpeace est une organisation internationale de défense de l’environnement qui compte plus de 2,8 millions de sympathisants à travers le monde et des bureaux dans plus de 40 pays. Nous sommes activement impliqués dans la gestion des pêches et la conservation marine depuis plus de 30 ans.

Près de 20 ans se sont écoulés depuis la tenue, en 1998, de la 14ème Session du COPACE, qui a donné lieu à d’importantes discussions portant sur l’amélioration du fonctionnement du Comité. La Concertation technique sur l’avenir du COPACE, organisée en 2001, recommandait alors que le Comité soit transformé en Commission, créée aux termes de l’article XIV de la Constitution de la FAO [1]. Cette recommandation avait alors été adoptée mais retirée par la suite. Depuis lors, un certain nombre d’organes consultatifs régionaux et sous-régionaux sur les pêches ont été créés en Afrique de l’Ouest. Malheureusement, cela n’a pas encore permis la mise en place d’un cadre efficace et responsable pour la gestion régionale des pêches concernant les stocks partagés.

En tant qu’organisation de la société civile prônant une pêche durable, Greenpeace constate avec une grande préoccupation que les discussions sur la gestion des pêches régionales, qui ont commencé voici 20 ans, n’ont pas produit de résultat. La préservation des moyens de subsistance de millions de pêcheurs pour qui ces ressources sont vitales exigent que des progrès rapides soient accomplis en la matière. Selon Greenpeace, l’un des problèmes fondamentaux qui expliquent l’état déplorable de nombreux stocks de poissons en Afrique de l’Ouest est l’absence d’un organe de gestion efficace basé sur la coopération entre tous les États impliqués dans des activités de pêche dans la région, y compris les États pratiquant la pêche côtière et ceux pratiquant la pêche lointaine. Cet organe serait chargé d’assurer le respect des recommandations et conseils adoptés d’accord partie et demanderait des justifications en cas de non application de ces mesures.

Greenpeace espère que les gouvernements prenant part à la 21ème Session du Comité feront preuve de leadership et œuvreront au renforcement du COPACE. Nous espérons aussi qu’ils discuteront de façon ouverte des prochaines étapes nécessaires à la mise en place du cadre institutionnel et des ressources pour une gestion efficace de l’exploitation des stocks partagés dans la région.

2. Attentes et recommandations de Greenpeace

Greenpeace espère que les parties au COPACE arrivent à cette 21ème Session disposés à aborder, entre autres, les questions suivantes :

3.1. L’avenir de la gestion des pêches régionales en Afrique de l'Ouest

Malgré la prolifération des initiatives et organes en Afrique de l’Ouest, il n’existe pas encore de gestion ou de supervision régionale efficace des pêches ouest-africaines. Aucune mesure de gestion contraignante des pêches n’a été adoptée au niveau régional. Il n’existe aucun mécanisme de répartition des stocks partagés, ni de système de gestion -ô combien nécessaire- de la capacité de pêche des flottes ciblant ces stocks. La non-application des résolutions adoptées par le COPACE ne prête à aucune conséquence et il n’existe pas d’évaluation du niveau de leur application par les parties au COPACE.

Cette situation prévaut malgré le fait qu’environ deux tiers des 90 espèces et stocks évalués ou suivis par le COPACE sont partagés par au moins deux pays [2]⁠. Les stocks partagés sont d’une importance capitale pour cette région, tant du point de vue social que du point de vue économique. Il est donc impératif que les États investissent dans la gestion de ceux-ci. La faible participation des responsables des pêches à certaines sessions du Comité a été déplorée à de nombreuses reprises par le passé [4].

3.2. Évaluation de la mise en œuvre des recommandations

Le travail du COPACE pourrait énormément profiter d’une plus grande redevabilité. L’on a souligné que l’application par les décideurs des recommandations du Sous-comité scientifique est insuffisante et que « dans la plupart des cas, peu de mesures sont prises, voire pas de mesure du tout, afin de prendre en compte les recommandations au niveau exécutif ». En outre, comme le relève l’évaluation des performances du COPACE, celui-ci « doit adopter un mécanisme de suivi du niveau d’application par les États membres des mesures de gestion adoptées par le Comité »[2]⁠.

Un tel mécanisme engagerait les parties au COPACE à rendre compte de leur application des mesures recommandées par le Comité et, le cas échéant, à justifier leur non respect de ces recommandations. Le Comité pourrait alors, sur la base de ces informations, discuter de ce qui pourrait être fait pour améliorer la situation.

3.3. Capacité de pêche

La surcapacité est l’un des principaux facteurs de surpêche et de pêche INN. Trop peu a été fait au niveau mondial pour y remédier et malgré des décennies de mise en garde, la capacité de pêche ne cesse d'augmenter.Comme l’indique l’Évaluation des performances, « le COPACE ne semble pas avoir accordé une grande attention à l’évaluation de la capacité de pêche dans la région »[2]⁠. Cette situation contraste avec le fait que les conseils en matière de gestion fournis par le COPACE sont pour l’essentiel basés sur les contrôles de l’effort de pêche.

Le COPACE pourrait, par exemple, exhorter ses membres à collecter d’urgence toutes les données pertinentes pour la gestion de la capacité de pêche (qui n’est pas limitée au nombre de navires, au tonnage brut et/ou à la puissance) en commençant par les stocks partagés qui sont en surexploitation ou pour lesquels la surcapacité est une source de préoccupation. Cette évaluation lui permettrait d’améliorer ses conseils au sujet de ces stocks, ce qui faciliterait le travail déjà difficile du Sous-comité scientifique, et de suggérer des mesures pour améliorer la gestion desdits stocks.

3.4. Coordination, financement et transparence

Les organes qui s’occupent de pêche dans la région sont, entre autres, le COPACE, la COMHAFAT, la CSRP, le CPCO ou le COREP. Les projets de pêche en cours sont notamment le PRAO, EAF-Nansen, le GLCME ou le CCLME. Il faut ajouter à la liste les communautés économiques régionales (CEDEAO, UEMOA) qui jouent également un rôle dans des aspects tels que le financement des infrastructures et des installations de pêche. Cependant, la coordination est limitée ou inexistante dans la plupart des cas [3]⁠⁠.

De même, l’on a souvent évoqué les difficultés de financement des activités du COPACE, ainsi que l’absence d’un système de financement régulier et obligatoire du Comité par ses propres membres. Les participants au COPACE devront penser à investir, à la fois financièrement et en ressources humaines (notamment en termes de capacité scientifique), dans un COPACE plus fort, en particulier au regard de l’importance économique t sociale de la pêche pour leurs populations.

La question de la transparence est aussi très importante, en particulier aux yeux des groupes de la société civile tels que les organisations de pêcheurs ou les ONG. Le COPACE doit non seulement travailler dans la transparence, mais aussi rendre publics à temps tous les documents et rapports pertinents. De la même façon, ses parties doivent s’engager à établir un environnement transparent dans leurs pays respectifs. Cela passe notamment par la publication des registres des navires opérant dans chaque pays, y compris tous les navires étrangers autorisés à pêcher, ainsi que les espèces qu’ils sont autorisés à pêcher ; la mise à disposition des modalités et conditions des accords de pêche publics et privés, y compris les accords d’affrètement, comme l’exigent déjà certaines ORGP telles que la CICTA ou la CTOI ; ou quelque chose d’aussi simple que veiller à la disponibilité et à l’accessibilité d’un répertoire à jour de toutes les lois nationales portant sur la pêche.

3. Activités récentes de Greenpeace en Afrique de l'Ouest

Le travail de Greenpeace en Afrique de l’Ouest vise l’adoption de politiques de pêche socialement équitables et écologiquement durables. Ce travail s’articule autour de trois domaines stratégiques : (1) la promotion des intérêts des pêcheurs artisanaux en Afrique de l'Ouest, particulièrement au regard des menaces que posent les activités de pêche industrielle étrangères et nationales non durables, (2) la documentation et la publication des pratiques de pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN), ainsi que des pratiques de surpêche et (3) la promotion de pratiques et de politiques de pêche durables pour le bien-être des communautés locales.

La campagne « Ma voix, Mon futur » a mis l’accent sur la conservation des petits pélagiques au Sénégal, qui subissent une pression excessive de la part des chalutiers industriels étrangers. En Afrique de l’Ouest, les petits pélagiques constituent l’une des principales ressources marines exploitées par les petits pêcheurs et la source de protéines animales la plus accessible aux populations ayant un faible pouvoir d’achat. Pourtant, certaines des plus grandes compagnies pélagiques du monde continuent de pêcher dans les eaux ouest-africaines par le biais de divers accords de pêche. Greenpeace œuvre à la promotion d’une gestion régionale des petites ressources pélagiques et pour l’octroi d’un accès préférentiel aux petits pêcheurs à faible impact, sur la base de critères sociaux et environnementaux. En 2012, suite à des preuves présentées par Greenpeace, le Président nouvellement élu, MackySall, a annulé 29 autorisations de pêche accordées à des chalutiers pélagiques étrangers par le gouvernement précédent.

En 2015, Greenpeace a mis au jour un vaste système de fraude portant sur le tonnage brut déclaré par des navires de pêche chinois appartenant ou liés dans de nombreux cas à des joint-ventures exerçant au Sénégal, en Guinée et en Guinée Bissau. Ce travail a permis d’alerter les autorités et le grand public sur une pratique désastreuse qui perdurait depuis plus de trente ans, avec des conséquences socioéconomiques, financières et environnementales néfastes pour les pays côtiers. Dans le cadre de cette campagne, Greenpeace a récemment organisé, conjointement avec la Commission sous-régionale des pêches (CSRP), un atelier sous-régional sur la mesure du tonnage brut des navires de pêche industriels. L’atelier a connu la participation de fonctionnaires chargés de l’inspection des pêches de cinq pays membres de la CSRP, à savoir la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau, la Mauritanie et le Sénégal.

Références

1. CECAF. Technical Consultation on the Future of the Fishery Committee for the Eastern Central Atlantic (CECAF).2001. (COPACE, Concertation technique sur l’avenir du Comité des pêches pour l’Atlantique Centre-Est (COPACE), 2001)

2. CECAF. CECAF Performance Review. 2012. (COPACE, Évaluation des performances du COPACE, 2012)

3. CECAF. Action on Recommendations of the Twentieth Session.2016. (COPACE, Application des recommandations de la Vingtième Session, 2016)

4. CECAF. Main outcomes of the Seventh Session of the Scientific Sub-Committee.2016. (COPACE, Principaux résultats de la Septième Session du Sous-comité scientifique, 2016)



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