Cridem

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06-06-2016

21:15

Droit de réponse du CNC aux stagiaires Techniciens supérieurs en cardiologie

CNC - Dans un message posté le 04 juin 2016 à 22H30 dans le site Cridem sous le titre « Sit-in des stagiaires Techniciens supérieurs en cardiologie », les élèves Techniciens Supérieurs de Santé en cardiologie dénoncent ce qu’ils appellent une « impasse dans les négociations entre eux, la directrice de l’école nationale de santé publique (ENSP) et le directeur du centre national de cardiologie ».

Ils décrivent une situation contraire à la réalité des choses et qu’il importe de resituer dans son véritable contexte, afin de donner à l’opinion publique la véritable version des faits. En fait de quoi s’agit-il ?

«En 2012, l’état Mauritanien a bénéficié d’un complément de financement de la Banque Islamique de Développement, pour la construction d’un établissement hospitalier de cent lits, avec trois volets essentiels : construction, équipement et formation du personnel.

Dans le souci de disposer d’un personnel qualifié et compétent pour le fonctionnement optimal du futur Centre de Cardiologie, des démarches ont été menées auprès de la Direction de l’Ecole Nationale de Santé Publique de Nouakchott, pour le recrutement et la formation de Techniciens Supérieurs de Santé en Cardiologie.

Ces démarches ont abouti au recrutement d’une promotion au cours de la rentrée scolaire 2014-2015 pour laquelle toutes les dispositions ont été prises à notre niveau pour que leur formation se déroule dans les meilleures conditions possibles, afin d’obtenir des professionnels compétents, capables d’assurer l’encadrement du personnel soignant et de servir de croix de transmission entre les médecins cardiologues et le reste du personnel du Centre, en vue d’une meilleure prise en charge des malades.

C’est dans ce cadre, qu’un programme de formation a été élaboré à leur intention et des points focaux désignés au niveau de chaque service pour leur encadrement. Des rencontres régulières sont organisées avec leurs encadreurs et les responsables de leur formation au niveau du CNC, afin de nous rendre compte des difficultés rencontrées et prendre les mesures correctives nécessaires ; car il fallait tout mettre en œuvre, afin de disposer de cadres opérationnels, capables d’assurer la gestion et la supervision des soins infirmiers, avant l’ouverture prochaine de notre nouveau centre.

La première année s’est, comme ils le disent, déroulée dans de bonnes conditions et les premiers responsables de l’école ont été les premiers à reconnaitre la qualité de l’encadrement qui leur a été fait et qui transparaissait dans les présentations pédagogiques que l’école avait organisées, où ils émergeaient nettement du lot, par rapport à leurs promotionnaires des autres spécialités.

Qu’elle ne fut cependant notre surprise, dès l’entame de la deuxième année, alors qu’un référentiel de compétences avait été élaboré à leur intention, des objectifs de stage élaborés et une répartition sur les différents terrains de stage faite, afin de leur permettre d’acquérir les connaissances et les compétences requises au niveau des différents services, de les voir refuser catégoriquement d’effectuer les stages de soins, tant qu’il ne leur sera pas permis d’effectuer des échographies cardiaques et la prise en charge de cas très urgents, tels que l’infarctus du myocarde, autant d’actes non seulement réservés à des médecins, mais à des spécialistes aguerris. Les tentatives d’explication n’y feront rien, tant ils s’obstinaient sur leur position et ne voulaient rien entendre d’autre.

Devant une telle situation, deux solutions s’offraient à nous :

- Accepter de faire une formation au rabais de professionnels inaptes et incompétents, qui feront courir à la population des risques énormes par la réalisation de techniques qui ne sont pas les leurs,

- Arrêter la formation pour les redéployer dans d’autres spécialités à moindre risques pour la population, où ils pourront achever leur formation et obtenir leurs diplômes sans préjudice.

C’est ce qui nous a amené à nous adresser à nos supérieurs, pour leur poser le problème et attendre qu’une solution soit trouvée.

Tels sont les faits, tels qu’ils se sont déroulés et l’étape où ils se trouvent.

Aussi, il convient de souligner qu’à notre niveau, nous n’avons aucun problème, ni de confusion de rôles, ni de délimitation de compétences. Nous demeurons en outre convaincus que tous les travailleurs de la santé forment une équipe, au sein de laquelle chacun a un rôle important à jouer, sans quoi, le travail ne peut marcher.

Ceci est valable pour le garçon de salle qui doit assurer l’hygiène et la salubrité des locaux, l’électricien, le plombier, le médecin, l’infirmier. Bref tout le monde où chacun doit apporter sa contribution à la construction de l’édifice, le malade étant le centre de convergence de toutes les actions. Car, comme le dit Virginia Henderson, « Lorsque l’infirmier usurpe le rôle du médecin, il délègue ses fonctions propres et primordiales à un personnel moins bien qualifié.

L’infirmier peut être tenté d’assumer le rôle du médecin ; en cédant à cette tentation, il délègue son rôle propre à une personne qui est moins bien préparée à le jouer. La société désire un service (la fonction propre de l’infirmier) et compte sur ce service qu’aucun autre travailleur ne peut donner à sa place, ni aussi bien préparer à le jouer »
. Il en est ainsi pour tous les autres professionnels de santé.

Aussi, vouloir comparer la cardiologie à d’autres spécialités comme la psychiatrie ou à la pédiatrie, c’est faire fausse route, car les spécialités ne sont pas les mêmes et les réalités très différentes. Tout comme nous pensons qu’il ne doit pas y avoir de dualité entre professionnels, mais plutôt complémentarité, dans l’intérêt des bénéficiaires de soins, qui constituent notre raison d’être.

J’espère très sincèrement que cette agitation, qui n’aurait pas dû exister, puisse prendre fin au plus tôt, en garantissant aux TSS qui refusent d’effectuer leur stage en cardiologie, la possibilité de terminer leur formation dans d’autres disciplines, dans le respect bien compris de la délimitation des responsabilités et des tâches de chaque catégorie. Car ce qu’il faut, c’est que le malade, loin de servir d’excuse à une fragmentation excessive des différentes professions qui le touchent, devienne plutôt le centre d’intérêt vers lequel devront converger toutes les actions menées, car lui seul constitue notre raison d’être et justifie notre présence dans les structures de santé.

Pr Ahmed Eba Elwelaty



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