Cridem

Lancer l'impression
07-06-2016

14:33

Ne les oublions pas : El Melik hammam, un phénomène hors du commun [Vidéo]

Adrar-Info - 1954 l’Emir de l’Adrar, Ould el Jouneidi enseignant d’arabe, Hammam qui écrit et Mohamed Said à 11 ans En guise de commémoration du 52eme anniversaire de l’indépendance nationale a sa manière.

Brève présentation du Personnage:

Il y’à pratiquement trente trois ans disparaissait, en novembre 1979, Hammam Ould Mohamed El Mokhtar. Il était le fils d’un fonctionnaire de l’administration française, de la tribu des Ewlad el Bouliya du Trarza, qui servit à Atar entre 1909 et 1914 et qui y épousa pour un temps la mère d’El Melik : Ghaya mint Mohamed El Béchir Ould Soudani des Ewlad Bousbaa.

Hammam naîtra donc à Atar en 1912 et y grandit au sein de sa famille maternelle. Il apprit le coran et quelques rudiments du cursus traditionnel de l’éducation. La mémoire collective garde de l’enfant et de l’adolescent des innombrables anecdotes et aventures qui expliquent l’intelligence, l’originalité et la témérité de l’homme adulte désargenté et de l’homme mûr installé.

Très tôt il échoue dans deux expériences de boutiquier et s’exila au Sénégal où il fera tous les métiers : cuisinier, militant gaulliste, poète-provocateur, agent de maisons d’éditions de disques de musique maure etc. Et comme Voltaire, qui lui ressemble étrangement aussi pour le physique et l’instabilité des sentiments et des refuges, il se distingue par un changement fréquent de résidences; d’épouses et d’alliés !

A la veille de l’indépendance il s’installa, en bourgeois convenable, au Hodh, à Aïoun en particulier où il réussit un négoce florissant. Quelques courts séjours, entre 1960 et 1963, à Nouakchott, la capitale naissante, verront la constitution de sa troupe « El Jamhouriya el Kaykoutiya » qui parodiait les ministres qu’il n’apprécie pas.

Puis Hammam se lança, à partir de 1965, dans le commerce de produits importés d’Europe pour une clientèle féminine avant de devenir propriétaire épanoui de salles de cinémas à Nouakchott.

Mais Hammam est toujours demeuré d’abord un poète doué et prolixe qui animera avec certains amis, notamment les « Ançars » de Boutilimitt, des associations de versificateurs et sera ainsi de tous les joutes oratoires… de toutes les batailles à coups de « Gaf » et de « Tal’aa ». Il finira sa vie en véritable et généreux mécène mais conservera toujours le côté provocateur, batailleur et attachant et qui jamais n’accepta de quitter la scène…et cela jusqu’au dernier souffle. Allah yarhamou.

Nouakchott le 5 Moharem 1434et le 20 novembre 2012

Mohamed Saïd Ould Hamody
*******************

Hammam me demanda en 1977 d’enregistrer « ses aveux » « Atiravati » estimant qu’il confessait des crimes odieux. Après la traduction de sa « déposition » en français je lui ai adressé, de Washington, le manuscrit pour observations. Il ajouta des paragraphes ou il attaquait deux de mes amis et un proche de nous deux.

En raison de mes réticences, il décida d’imprimer d’autorité la version » tripotée « . Il obtint, néanmoins que je lui fasse une préface, en usant de son droit d’aînesse et des liens qu’il, avait avec mes parents. Et ainsi « Les rois détruisent toujours une cité s’ils y pénètrent … » Et hammam est un « Melik ».

Et voici cette préface qui présente donc « MEMOIRE D’UN HAMMAM » (ou la transcription fidèle de ses élucubrations) (Tome 1) par El Malik Hammam in l’édition 02/A le 31 mai1977 par Société Mauritanienne d’Impression Denebja (SMID) de Nouakchott citation :

« Mon premier réflexe aurait dû être le refus de signer la préface que ce Roi sans royaume du « Ghna » mauritanien contemporain me demandait avec insistance… Introduire ces quelques pages dont l’ambition est « d’aider à une meilleure compréhension » de Hammam est, à la fois, un honneur qu’il est difficile de refuser et une témérité qu’il serait imprudent d’oser !

Les hommes, en tous cas, ne sont pas seulement grands pour leurs hautes vertus morales, leur stature physique ou leur séduisant profil photogénique. Ils le sont aussi, sûrement, par l’empreinte qu’ils peuvent laisser après eux , bien après leur éphémère passage sur cette terre.

A ce titre la mémoire collective de notre peuple gardera, sans l’ombre d’un doute, le souvenir de ce poète singulier dont la, prodigieuse intelligence n’a d’égale que l’extrême naïveté…

Témoin inégal de son époque, Hammam symbolise une exceptionnelle ère de transition où se mêlent et s’enchevêtrent les événements les plus contradictoires , mais aussi les plus marquants et les plus fertiles de l’histoire récente de notre peuple.

Acteur et spectateur privilégiés de toute la vie politique , culturelle, économique et sociale de ce pays, il était là où l’événement se produisait, quant il n’en était pas un des provocateurs ! Son œuvre, qui sera consignée en 3 tomes à paraître ultérieurement, n’est pas seulement une anthologie brillante, riche en diversité et prolixe, elle constitue également un témoignage remarquable et irremplaçable de près d’un demi-siècle de mutations, de convulsions de la société mauritanienne…

C’est en cela que l’honneur est redoutable La témérité, elle, réside en la prétention de préfacer Hammam, d’introduire Hammam, bref de le présenter; a lors que de nous deux c’est lui qui est tout introduit…Mais n’est-il pas tentant pour un journaliste de chercher la célébrité en écrivant un grand article, en réussissant une interview à la limite de l’impossible, en couvrant un événement sensationnel ?

Et cet événement est bien sensationnel s’il en est ! Comme est sensationnel tout ce qui touche à Hammam… Et que dire donc de cette « Mémoire de Hammam » que l’auteur a préféré au titre ‘Mémoires de Hammam » ? Tout simplement parce qu’il se suffit de nous livrer ce « …dont il a pu se souvenir… »

Ce donc a préservé sa mémoire de la sénilité qui l’envahit ! Parce que aussi il ne s’agit pas de Hammam dans son intégralité, mais seulement d’une des facettes de sa multiforme personnalité…Que dire de cette « Mémoire de Hammam » entièrement inspiré , sinon « rédigée » par El melik lui-même, justifiant ainsi le choix du mot « transcription » ?

En tout état de cause on ne décrit pas Hammam, on n’écrit pas sur ou pour Hammam. On subit seulement un flot sans interruption et cohérent même dans son anarchie : un flot de révélations et de confidences entrecoupées de silences et de replis sur soi…

Et au delà de tout cela, et malgré les irritations et frustrations que les provocations délibérées de hammam occasionnent ; on se débarrasse du personnage avec un soupir de soulagement certes, mais avec, également, l’extraordinaire et indescriptible impression d’avoir rencontré une légende animée, vivante ! »

Nouakchott, Avril 1977

par Mohamed Saïd Ould Hamody Premier conseiller de l’ambassade de la RIM à Washington D C.







Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org