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09-06-2016

03:39

Ne les oublions pas : Hamdy Ould Mouknass

Adrar-Info - « Les grands hommes sont plus grands que nature dans les souvenirs, ce que nous voyons en eux c’est à la fois le meilleur d’eux et le meilleur de nous »

Il y a des hommes qui ont marqué de leur sceau indélébile la vie de leur peuple et de leur nation. Ils sont des héros. Hamdi OuId Mouknass est l’un de ces patriotes qui a, de son vivant, tout donné à la nation mauritanienne pour la construire et la sortir des ornières de la dépendance. Hamdi était un homme d’une piété et d’une moralité légendaires.

Ceux qui l’ont côtoyé, l’opinion publique et la presse, le présentent comme un homme profondément pétri des valeurs de l’Islam et de la société mauritanienne. Courtois, généreux il était naturellement juste. Il aimait les choses simples et était trempé dans la Mauritanie profonde.

Les qualifications d’un homme modeste, discret, sobre, pieux et affable sont employées à son propos par ceux qui l’évoquent. Toujours souriant et prévenant, il était très accessible, pourvu d’une autorité morale qui dépasse les frontières de son pays. Hamdi Ould Mouknass forçait l’admiration et le respect.

Un homme au service de la nation mauritanienne

Entré au gouvernement de la République au milieu des années 60, Hamdi Ould Mouknass a contribué grandement à bâtir la Mauritanie contemporaine. C’est dans un contexte international particulièrement instable et hostile que Hamdi OuId Mouknass s’est vu confier, en 1968, le prestigieux poste de Ministre des Affaires Etrangères de la jeune et ambitieuse République Islamique de Mauritanie qui se devait d’accrocher ses galons d’Etat souverain et se faire une place au sein du concert des nations respectées.

Une décennie durant, il conduisit la diplomatie mauritanienne qu’il eut la dextérité rare, de façonner. Homme de consensus, le Ministre des Affaires Etrangères qu’il fut était sollicité et consulté par les plus grands de ce monde pour des décisions aux implications géopolitiques de grande importance particulièrement pour l’Afrique.

Les qualités de diplomate reconnu par la communauté internationale et l’Afrique lui ont valu d’être le recours-quasi unique en 1974 pour sauver l’élection du nouveau Secrétaire Général de l’OUA d’une impasse qui allait précipiter le continent dans d’insolubles contradictions. Mais, son pays et le Président Me Moctar Ould Daddah ne pouvaient laisser filer pareille opportunité.

Fidèle à ses convictions, Hamdi Ould Mouknass, surnommé « l’homme des situations difficiles » avait promu la diplomatie et le dialogue entre les peuples et les nations, initié des rencontres internationales desquelles se sont souvent constitués les socles d’une paix durable.

Cela a été le cas en 1969. En effet, son initiative de réunir à New York les ambassadeurs des pays islamiques accrédités auprès de l’ONU, après l’incendie de la mosquée El Qods, a conduit à une rencontre au sommet des souverains, Chefs d’Etat et de gouvernement.

Cette première conférence tenue à Rabat fut l’occasion pour le président de la République Me Mokhtar Ould Daddah de fouler pour la première fois le sol Chérifien. De cette rencontre était née l’idée de la Conférence islamique, haut lieu de dialogue entre les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Europe.

Un homme préoccupé par l’Unité nationale

Hamdi Ould Mouknass était un homme particulièrement préoccupé par la fragilité de la cohésion sociale. Sa conviction était qu’il fallait s’attaquer aux vraies questions sur lesquelles Il était partisan infatigable d’une Mauritanie profondément réconciliée avec elle-même et qui assume fièrement sa double appartenance arabe et africaine.

Hamdi Ould Mouknass a affirmé en 1997, dans les colonnes du magazine Jeune Afrique » » politiquement, je me situe là où j’ai toujours été à savoir loin de tout extrémisme, de tout fanatisme et profondément concerné par le devenir de mon pays, son unité, son indépendance et sa prospérité.

En tout état de cause, j’essayerai chaque fois que je peux, de là où je suis et de la manière qui sied d’être utile à la Mauritanie ». Au plan intérieur, le combat de Hamdi était traversé de part en part par le souci d’asseoir les bases d’une unité nationale durable.

C’est alors que le chantier de la construction nationale qu’il a érigé avec ses compagnons prenait forme au fur et à mesure à travers un parti politique, l’Union pour la Démocratie et le Progrés (UDP) que le 15 septembre 1999 le phare s’est éteint, la Mauritanie perdait un de ses plus illustres fils.

Biographie de Hamdi Ould Mouknass :

Né en 1932 à Dakhlet Nouadhibou (ile de Tidra)
1941 – 1947 : Medersa et école primaire de Boutilimit
1948 – 1954 : Cours Normal de Boutilimit
1955 – 1956 : Secrétaire de son père, Chef général de Tribu
1956 – 1957 : Chef de Cabinet Ministre de la Fonction Publique
1957-1959: Lycée Michelet et Lycée Massenat à Nice
1960 – 1966 : Faculté de droit à la Sorbonne
1966- 1968 : Haut Commissaire à la jeunesse et au Sport
Du 05/07/1968 au 03/04/1970 : Ministre des Affaires Etrangères et de la coopération

Du 03/04/1970 au 13/04/1970 :Ministre de la Défense Du 13/04/1970 au 10/07/1978: Ministre des Affaires et de la coopération

Le 11/06/1993, il crée un parti du Centre, l’Union pour la Démocratie et le progrès [U.D.P) qu’il présida jusqu’à son décès le 15 septembre 1999.

Le 18/11/1997 au 15/09/1999, Ministre Conseiller à la Présidence de la République.

Diplôme obtenus

- Brevet Elémentaire à Boutilimit
- Baccalauréat au Lycée Massenat de Nice
- Licence et Doctorat en Droit public (Relations Internationale) à la Sorbonne (Paris)

Source : armee.mr/fr

Hommage à Hamdi Mouknass

Bonjour,


Effectivement Hamdi a été un grand chef de notre diplomatie et, surtout, qui l’a dirigé pour la plus longue période. Grosso modo de 1968 à 1978. Affirmatif, qu’après le coup d’etat de juillet 1978, il est rentré dès la réouverture de l’aéroport de Nouakchott pour se constituer prisonnier.J’ai appris après qu’il a ramené un chêque de khartoum, aide des Chinois.

Le Comité Militaire de Redressement National l’a autorisé d’aller à Paris soigner une maladie grave. Et à chaque fois il retournait. Mieux, à mon avis, son retour en juillet 1978 a crédibilisé le coup d’Etat en montrant quentre eux les mauritaniens se faisaient confiance à la dernière limite (depuis lors malheureusement beaucoup de sueurs et de sang ont coulé…). Bref, mais « père de la diplomatie« , ce titre est partagé avec d’autres pères, notamment:

Cheïkhna O. Mohamed Laghdaf qui l’a été à deux reprises et qui a fait profiter le pays, en 1978, de son expérience et de son carnet d’adresse; Wane Birane Mamadou le polyglotte brillant et mesuré qui à dirigé notre diplomatie de 1966 à la fin de 1967.

Et qui a été à l’origine de la coupure des relations en juin 1967 avec les USA et la grande Bretagne, parce que dit-il le 9 juin au Président, téléphoniquement à partir de Paris, « … parce que nous n’avons rien d’autre à offrir à nos frères… » (témoignage du chargé d’affaires et futur brillant ambassadeur Ahmed ould Mennaya) Birane a essayé de dépoussiérer le dossier « Aftout Sahli » avec les allemands. Les français ne l’ont pas pardonné. Enfin!

Et Sidi Mohamed Déyine a été un grand chef de la diplomatie, après avoir été un grand Moudir d’école et un grand ministre de l’intérieur. Il n’en reste pas moins que Hamdi était courtois, discret, élégant et habité par l’intéret national en raison de sa jalousie quant à la souveraineté.

Mais comme Paris, Bagdad ou Damas, ou Tombouctou, la Mauritanie n’a pas été faite en un jour. Ni la diplomatie encore moins le pays n’ont de pères. Et surtout la patrie qui est une mère et un père.

Après cette diatribe je dis Allah yarham esselev et je vous dis bonjour.

Mohamed Said Homody

Source : Adrar Info (Mauritanie)

Il y a 11 ans : Décès de Hamdi Ould Mouknass, ancien ministre des Affaires étrangères mauritanien.


Le 15 septembre 1999, 15 septembre 2010 jour pour jour, notre pays perd l’un de ses fils qui a su marquer de son empreinte la mémoire collective de notre nation la Mauritanie. Une journée symbolique de commémoration et de prières pour l’âme de feu Hamdi Ould Mouknass, père fondateur de la diplomatie mauritanienne. A l’occasion nous publions l’hommage rendu par son fidele ami, le grande journaliste tunisien Abdel Aziz Dahmani.

Adieu l’ami.On peut disserter longtemps sur les qualités humaines de Hamdi : la discrétion, la pudeur, l’exquise courtoisie, la tolérance, l’amitié fidèle, la dignité, la noblesse physique et mentale Mais l’homme politique, le négociateur, sait être tenace, ferme s’il sent ses droits, ceux de son pays, du monde arabe ou de l’Afrique bafoués.

Il a été le grand ministre des Affaires étrangères (1968-1978) de l’âge d’or de la Mauritanie et de Mokhtar Ould Daddah. Mais la guerre du Sahara imposée par l’Algérie via le Polisario a eu raison du « maillon faible » de ce conflit.

Hamdi Ould Mouknass nous a quitté, sans avertir, le 15 septembre, à Nouakchott, à l’âge de 63 ans. Ce jour-là, je me suis senti comme orphelin, alors que la radio venait d’annoncer que notre terre est dorénavant peuplée de six milliards de personnes. Il y a des jours comme ça!

Cette perte s’ajoute à celle qu’a connue le Maroc et le monde, le 23 juillet avec le décès du Roi Hassan II. Là aussi la terre a vacillé sous nos pieds Hamdi Ould Mouknass est allé à ses funérailles et malgré le petit réconfort d’y avoir rencontré tant d’amis parmi les grands de la terre, ce décès l’a profondément marqué. Il m’a téléphoné pour me faire part de sa grande peine. Mais Hamdi est un optimiste en ajoutant. « Abdelaziz tu verras, Mohammed VI fera aussi un grand Roi. Il a de qui tenir ».

Pudeur.

Le coup d’État du 10 juillet 1978 contre le régime de Ould Daddah le surprend alors qu’il se trouvait au sommet de l’OUA à Khartoum. Il décide de rentrer immédiatement à Nouakchott pour partager le sort de son Président et ministres, arrêtés par les soldats de la junte militaire.

Il est cueilli au bas de l’avion, mais avant de rejoindre la caserne où sont parqués ses collègues, il remet aux nouvelles autorités un chèque de 10 millions de dollars que lui avait remis quelques jours auparavant Cheikh Zeid des Émirats pour aider à la reconstruction d’un pays en guerre imposée.

Libéré en 1979, puis en 1980 après une vive campagne de ses amis, apprenant qu’il était gravement malade, Hamdi a connu depuis sept ou huit arrestations, plus au moins longues. L’une d’elles en 1993 pour avoir favorisé une visite privée au Maroc de Mokhtar Ould Daddah.

Rayonnement.

Mais ces dernières années, il y a quelques divergences de vue entre les deux hommes qui s’estiment beaucoup et se sont souvent rencontrés à Nice. Le différend portait sur la légitimité du pouvoir en place et Hamdi après avoir créé son propre parti, l’UDP (l’Union pour la Démocratie et le Progrès) en juin 1993, a rejoint en 1997 la majorité présidentielle de Maouyia Ould Sidi Ahmed Taya.

Il avait l’espoir de faire bouger le système de l’intérieur au niveau de la démocratisation, moralisation et pour une meilleure entente entre les composantes ethniques du pays. À l’extérieur, les portes de nombreux chefs d’État lui sont restés constamment ouvertes et de tous temps, au pouvoir ou dans l’opposition, il est resté le réconciliateur, le médiateur, pour atténuer conflits et litiges.

Entre autre cause, Hamdi, s’est beaucoup usé pour atténuer les souffrances des Irakiens et des Libyens suite aux inhumains embargos imposés par les puissances occidentales. Hamdi est surtout un homme de cœur et l’ami des grands, souffrant beaucoup pour les petites gens, simples et sans défense.

L’un des premiers hommes qui a été touché par la grâce et le rayonnement de Hamdi, a été certainement Michel Pinder. Directeur d’un lycée (Michelet) de Nice, là où Hamdi s’est inscrit en 1956 pour préparer le bac. 23 ans plus tard en 1979, Pinder s’est mobilisé et a mis « tout » en jeu pour sauver son ancien élève dont la vie était en jeu au fin fond du désert mauritanien du côté du Bounded.

Pinder a appris que Hamdi est atteint d’un double foyer du cancer au nez et au pied et il mobilise tous les amis de Hamdi pour l’arracher à l’oubli et peut être à la mort. Sauvetage réussi grâce à une belle chaîne de l’amitié. Mais Hamdi était pauvre et l’Hôpital Américain qui l’a soigné coûtait cher. Pinder était là Ce directeur d’école m’a un jour expliqué:

« c’est Hamdi Ould Mouknass qui m’a fait découvrir la grande noblesse de l’âme, les qualités humaines du monde arabe et musulman. Cet élève qui n’élève jamais la voix a subjugué l’ensemble de mon école, professeurs et camarades de classe à une époque où d’autres jeunes sont appelés pour aller se battre en Algérie« Hamdi durant une vie exemplaire a toujours concilié l’humilité avec l’intelligence et le respect de soi avec le bien d’autrui.

Adieu l’ami.

MHI numéro 387
Source : Abdel Aziz Dahmani via Facebook





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