Cridem

Lancer l'impression
13-07-2016

19:10

Le film "Salafistes" ne sera pas interdit aux moins de 18 ans

Le Point - La décision de justice, rendue mercredi, a été qualifiée d'"immense victoire" par le coréalisateur du documentaire controversé, François Margolin.

La justice a annulé l'interdiction aux moins de 18 ans du documentaire controversé Salafistes, voulue par la ministre de la Culture Fleur Pellerin, une décision qualifiée de « victoire » par le coauteur du film, François Margolin.

« La décision du 27 janvier 2016 par laquelle la ministre de la Culture et de la Communication [Fleur Pellerin à l'époque, NDLR] a délivré un visa d'exploitation au film documentaire Salafistes est annulée », en tant que « ce visa d'exploitation est assorti d'une interdiction aux mineurs de 18 ans », indique le tribunal administratif de Paris dans une décision rendue mardi.

L'interdiction aux moins de 18 ans du film avait été suspendue en février par le tribunal administratif, qui avait abaissé provisoirement l'âge d'interdiction à 16 ans en attendant ce jugement sur le fond.

Tourné au Mali, en Irak, Algérie, Tunisie et Mauritanie, Salafistes, qui entend montrer les djihadistes « tels qu'ils sont » selon ses auteurs, donne la parole à des responsables d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et à des autorités religieuses salafistes. Le documentaire est entrecoupé d'images de propagande et de vidéos djihadistes, sans voix off, ni commentaires, et montre de façon très crue l'application de la charia au quotidien.

« Dénonciation des exactions commises »

À sa sortie fin janvier, seules quatre salles avaient projeté le film, contre les 25 prévues avant son interdiction aux mineurs. « Il ressort des pièces du dossier et notamment du visionnage du film Salafistes que celui-ci présente, selon les termes mêmes de l'avertissement dont est assortie la décision attaquée, des propos et des images extrêmement violents et intolérants susceptibles de heurter le public », indique la décision. « Toutefois, lesdites scènes, par leur portée et la façon dont elles sont introduites dans le documentaire, participent à la dénonciation des exactions commises contre les populations », ajoute-t-elle.

Pour le tribunal, ce film « permet au public, du fait même de sa conception d'ensemble et du réalisme de certaines scènes, de réfléchir et de prendre le recul nécessaire face à la violence des images ou des propos qui ont pu y être présentés ». En conséquence, « contrairement à ce que soutient la ministre de la Culture et de la Communication, ledit documentaire ne peut être regardé comme véhiculant une propagande en faveur de l'intégrisme religieux ou incitant, même indirectement, des adolescents à s'identifier à des mouvements prônant l'action terroriste », dit-il encore. Pour le tribunal, la ministre, en interdisant le film aux mineurs, a donc « entaché sa décision d'une illégalité ».

« Un film essentiel »

Coréalisateur du film avec le journaliste mauritanien Lemine Ould Salem, le Français François Margolin a accueilli cette décision comme une « immense victoire pour les auteurs de ce film, en même temps que pour les libertés d'expression, de création et d'information ». « Elle vient sanctionner une décision totalement injuste, prise dans le contexte de l'état d'urgence », ajoute sa société Margo Cinéma dans un communiqué.

« Nous espérons qu'elle permettra au film Salafistes de retrouver la place qui est la sienne et qu'il aurait dû toujours avoir : celle d'un film essentiel qui a suscité plus d'une centaine de projections-débats à travers le monde », dit-il encore. Dans son communiqué, Margo Cinéma dit aussi « espérer » que la chaîne France 3, coproductrice du film, « le diffusera prochainement à une heure de grande écoute ».

Source AFP



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org