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29-08-2016

11:33

Pour une nouvelle Chambre de commerce citoyenne

Startup.leaders - A quasiment un mois de la fin d’une seconde mandature laborieuse, le secteur privé mauritanien est à nouveau dans l’expectative au moment où l’Union Nationale du Patronat Mauritanien (UNPM) défraie la chronique.

Contrairement à cette dernière, la Chambre de commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Mauritanie (CCIAM) est une institution publique subventionnée par l’Etat, et qui y a donc un droit de regard. Toutefois, la puissance publique a longtemps lâché du lest à cette institution consulaire où l’énorme monolithe de l’improvisation et du laxisme fiscal a prospéré.

En effet, il a fallu attendre un contrôle de l’Inspection Générale de l’Etat (IGE) pour découvrir l’ampleur d’un mode de gestion à l’alchimie secrète. C’est d’ailleurs suite à ce contrôle de l’IGE que l’Etat a pris en main la gestion de la taxe sur le tonnage dont le recouvrement était assuré auparavant par la Chambre de commerce pour son propre compte, et ce, avec beaucoup de volatilité.

L’ITS et la CNAM ?

A la Chambre de commerce, tout le personnel paie l’Impôt sur les traitements et salaires (ITS) sauf certains hauts responsables. Comment est-ce possible ? Et pourtant c’est la dure réalité à laquelle ont été confrontés les limiers de l’IGE. Il faut dire que ce genre de situation ne peut exister que dans une institution où le responsable administratif et financier est complice ou peu regardant sur les textes réglementaires. Finalement, contre mauvaise fortune, les personnes incriminées ont fait bon cœur puisqu’ils ont commencé à payer l’ITS à partir seulement de février 2016.

Dans ce cadre, les autorités compétentes en la matière ont été magnanimes car à aucun moment le remboursement du manque à gagner pour le trésor public n’a été exigé comme le veut la coutume dans un Etat de droit. Notre Expert dans le domaine s’est amusé à chiffrer la perte sèche pour le trésor public depuis seulement 2006, soit une décennie : quatre vingt huit millions d’ouguiyas (88 000 000 UM). Une coquette somme qui aurait du servir à financer des écoles ou des centres de santé à l’intérieur du pays plutôt qu’à la construction de résidences à Dakar ou ailleurs...

La Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) n’a pas échappé à l’esprit calculateur qui règne dans cette institution qui a bénéficié de plus d’une décennie de prospérité et d’impunité si bien que ses responsables se croyaient tout simplement au-dessus de la loi. Ainsi pendant de quelques années, les salaires des travailleurs de la Chambre de commerce affiliés à la CNAM ont été purement et simplement déclarés tout en étant sous estimés afin de minimiser les cotisations de la CCIAM. Il a fallut tout l’instinct et toute l’intelligence d’un cadre chargé du recouvrement à la CNAM pour découvrir le pot aux roses.

Ainsi, en comparant les virements des salaires du personnel de la Chambre de commerce dans les banques et les salaires proprement déclarés par la CCIAM, la différence apparaît au grand jour. C’était au temps de l’ancien Directeur de la CNAM, actuel Gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie, et qui n’avait pas hésité à imposer à la CCIAM un redressement de plusieurs millions.

Les prêts exceptionnels : le dernier pot aux roses !

Depuis quelques années, la Chambre de commerce accorde à ses employés des prêts remboursables en un exercice budgétaire. Tous les agents de la CCIAM qui contractaient ce genre de prêts étaient obligés de se saigner les quatre veines pour rembourser leurs emprunts en une année.

Seul bémol, et pas des moindres, cette règle ne semble pas applicable à un certain responsable de la CCIAM et Cie. En effet, aujourd’hui, une vingtaine de millions d’ouguiyas apparaît sous forme de prêts dits exceptionnels dont une douzaine serait imputable audit responsable. Autant dire que le non respect des échéances de ces prêts ne peut s’expliquer que par la complaisance notoire du responsable administratif et financier de la CCIAM qui aurait d’ailleurs bénéficié des mêmes avantages. « Celui qui nous trompe n’est pas des nôtres » est pourtant un hadith de notre Prophète (PSL) qui figure en bonne place dans l’Agenda Ramadan de la Chambre de commerce !

Il est important de souligner, à la décharge du Président de la CCIAM, qu’il n’est probablement pas au courant des pratiques ésotériques de ses subordonnés. D’ailleurs, si ce dernier pot aux roses a échappé à la sagacité des limiers de l’IGE c’est tout simplement parce que nous soupçonnons l’existence d’une comptabilité souterraine au sein de la Chambre de commerce, dont la mise en lumière pourrait révéler des dossiers encore plus scabreux.

En tout état de cause, les autorités compétentes de ce pays ont été assez flexibles sur nombre d’anomalies au niveau de la Chambre de commerce, et c’est tout à fait à leur honneur car éduquer vaut mieux que sanctionner. Cependant, si certains responsables rechignent à rembourser les prêts qu’ils ont contractés ; alors, il ne restera plus à la Chambre de commerce qu’à se transformer en une œuvre de bienfaisance. Et tant pis pour l’argent du contribuable !

Pour tous ces motifs, les Startup leaders souhaitent vivement que le prochain Bureau Exécutif soit beaucoup plus engagé dans la gestion de cette institution publique qu’est la Chambre de commerce. Un Bureau Exécutif dont la première motivation sera la mobilisation des investissements pour la promotion du secteur privé mauritanien. Un Bureau Exécutif citoyen, des rangs duquel sortira un Président rompu aux affaires et qui sera épaulé par un Secrétaire Général qualifié et intellectuellement honnête.

Les Startup leaders félicitent le Gouvernement et l’IGE pour le travail abattu ces dernières années au service de l’Etat et des citoyens. Nous encourageons vivement l’IGE à suivre les routes balisées par notre équipe et par d’autres acteurs de la société civile pour plus de transparence dans la gestion des deniers publics.

Nous continuerons de faire de la justice sociale et du patriotisme notre crédo. « Ils complotèrent. Mais Allah a fait échouer leur complot, et Allah est le meilleur en stratagèmes », Verset 30, Sourate Al-Anfâl (le butin).





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