Cridem

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20-09-2016

16:45

Carnet de route | Transport, réussir sa fraude [PhotoReportage]

La veille de l’Aïd El fitr est toujours une aubaine pour les transporteurs qui font flamber les prix du voyage. Sous le prétexte qu’ils reviennent en général vides, les chauffeurs de taxis et de mini bus n’hésitent pas à taxer fort le prix du voyage et celui des bagages. Même le plus petit sac, casque son prix de transport.

Ce mécanisme de la double rente, n’est pas sans se faire, sous l’œil de policiers qui ne font que meubler ce décor. Aucune attention n’est prise pour la surcharge des bagages et celle des passagers, concentrés comme des sardines en boite dans les véhicules qui prennent trop de bagages, pourvu que ça paye.

On parlemente, on charge, on quémande une baisse tarifaire pour être du départ. Si à l’allée, on a doublé la mise, le même procédé fût maintenu par certains chauffeurs au retour après la fête.

C’est le cas de certains transporteurs dans le Trarza et le Brakna, face à des voyageurs entre le marteau et l’enclume pour rentrer. Les chauffeurs venus passer la fête en famille, ne se sont pas privés à jouer les prolongations.

C’était aux passagers de faire les conciliabules dans les cages routières, face à des conducteurs en conclave autour de leurs verres de thé. A Lexeiba II, le jour de la fête, comme au Sénégal voisin, il a plu des cordes pendant des heures. Personne n’a pu se rendre à la prière, car sortir de chez soi était simplement impensable. Une soixantaine de millimètres cubes d’eaux que les populations ont recueillies dans leurs concessions.

Tous les véhicules, pour être sauvés de la vase, se sont tous retrouvés sur les hauteurs de la route goudronnée, car marcher dans les rues de Lexeiba relevait du parcours du combattant. Les séquelles du passage de ce cyclone sont encore visibles.

Quant aux hommes de tenues, ils se sont frottés les mains, financièrement s’entend, avec les transporteurs même s’ils sont en règle, ils laissent toujours quelques billets de banque entre les mains de ces requins de la route, parfois loin des regards indiscrets.

A Tiambène, nous dûmes prier à quatorze heures avec les villageois, suite à un différent de 200 UM, entre notre chauffeur et un gendarme. A ce poste, « le passage » est de 300 UM pour l’homme à la casquette verte. La fête de tabaski aidant, il aurait réclamé 500, au transporteur, qui refuse.

Il stoppe le véhicule et le mène son conducteur au loin dans leurs locaux pour lui faire part de son indiscrétion. Les choses ayant tiré en longueur, des passagers ayant voulu s’approcher, furent apostrophés par un gendarme sur les nerfs. Finalement c’est l’un d’eux qui remit au chauffeur, le manque de la prime de tabaski pour un homme de tenue, fonctionnaire de son Etat et promu à une belle retraite.

Sur les routes, au niveau des frontières, policiers et gendarmes en toute liberté de conscience, sont simplement aux sources du profit. Ils sont loin d’une dynamique qui qui s’attaque aux problèmes sociaux du transport en Mauritanie, ils ne cherchent qu’à se remplir les poches. Tant au niveau des transporteurs que des forces de l’ordre, c’est qu’on pourrait appeler, réussir sa fraude.

ADN

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